- Auteur Victor Ducrest
- Temps de lecture 5 min
Vaison Danses : Marius Petipa, une conférence sur “le père de la danse classique”
Marius Petipa, un chorégraphe incontournable et pourtant méconnu. Au Festival Vaison Danses, conférence sur Marius Petipa et le ballet académique en introduction au premier spectacle du théâtre antique « Don Quichotte » créé par Petipa et revisité par Eric Vu An, chorégraphe et directeur du ballet Nice-Méditerranée.
Conférence sur Marius Petipa et le ballet académique, en introduction au Festival Vaison Danses le 11 juillet - Théâtre des 2 Mondes
« Marius Petipa (1818-1910), le père de la danse classique »
En ouverture du festival Vaison-Danses, et introduction au premier spectacle du théâtre antique « Don Quichotte » créé par Petipa et revisité par Eric Vu An, chorégraphe et directeur du ballet Nice-Méditerranée.
par le conférencier Antoine Abou .
Marius Petipa, un chorégraphe incontournable et pourtant méconnu
Petipa, comme le soulignait le maître de conférences dans son préambule, est un Marseillais qui est resté si longtemps en Russie – pendant 63 ans ! – qu’on a eu le temps en France de l’oublier jusqu’à ce que Rudolf Noureev le mette à l’honneur à l’Opéra de Paris en montant dans les années 60 La Bayadère (en 1961), Le Lac des cygnes (en 1964), Don Quichotte (en 1966), La Belle au Bois Dormant (en 1966), et Raymonda (en 1964 et 1983), des ballets qui ont fait la gloire de Petipa à Saint Pétersbourg et qui restent les sommets du répertoire classique en France et dans toutes les maisons d’opéras du monde. « Petipa est le socle de notre histoire de la danse, de notre héritage, et pourtant on ne le connaît pas », rappelle de son côté le chorégraphe contemporain Thierry Malandain, directeur du Ballet Biarritz.
Une famille d’artistes
La famille Petipa, qui a un nom prédestiné, forme une véritable dynastie d’artistes et particulièrement de danseurs et de comédiens. Son père, Jean-Antoine fut danseur, maître de ballet et professeur à l'École impériale de Danse de Saint Pétersbourg. Victorine, sa mère fut une tragédienne reconnue à son époque. Son frère aîné Lucien sera premier danseur, puis maître de ballet et chorégraphe à l'Opéra de Paris. Son plus jeune frère fut danseur et chanteur, et Victorine sa soeur fut danseuse et cantatrice à l’opéra de Paris. Ses deux femmes furent des ballerines russes. Quant à ses sept enfants, ils furent tous danseurs ou comédiens !
Marius Petipa, le plus russe des Français
Marius arrive en Russie en 1847, alors qu’il a 29 ans, pour faire un remplacement au sein des ballets impériaux, comme premier danseur. Il va y rester comme maître de ballet jusqu’à sa mort en 1910. Il doit diriger une troupe de 250 danseurs. En parallèle, il prend la tête de l’École impériale de danse qui compte 80 élèves.
54 créations, 17 reprises et 35 divertissements pour opéra, tel est le fruit de son imposante carrière pétersbourgeoise qui a consacré les ballets russes comme une référence internationale.
Le ballet classique porté à sa perfection
Petipa n’est pas l’inventeur du ballet classique qui trouve son origine dans le ballet de cour français du 17e siècle. Mais il l’a porté à sa plus haute perfection en en faisant d’abord un divertissement à très grand spectacle. C’est lui qui développe ce type de grand ballet qui occupe toute une soirée en racontant une histoire sur plusieurs actes, sur plusieurs heures (parfois 4 heures) et qui n’est plus seulement un intermède entre deux scènes de théâtre ou d’opéra. C’est lui qui rassemble une foule de danseurs, parfois tout le corps de ballet, et un grand nombre d’interprètes, en réservant aux meilleurs artistes les « pas de deux » et ce qu’on appelle en danse les « variations » c’est-à-dire les solos, en accordant aux hommes un rôle qui n’est plus seulement un emploi de porteur et de faire valoir des danseuses. C’est lui aussi qui attache autant d’importance à la pantomime qu’à la danse, et qui emprunte aux danses traditionnelles dans ce qu’on appelle les « danses de caractère ». C’est lui enfin qui a posé les fondements de l’école de ballet classique, en formant plusieurs générations de danseurs exceptionnels, jusqu’à Anna Pavlova, considérée comme l’une des meilleures danseuses classiques de tous les temps, et Agrippina Vaganova, qui a donné son nom à l’Académie du ballet russe de Saint-Pétersbourg.
L’après Petipa
Diffusée hors de Russie après sa mort, son œuvre constitue toujours une part importante du répertoire de toute compagnie classique. Pour terminer sa conférence, après avoir analysé plusieurs versions de « Don Quichotte », Antoine Abou, a évoqué les diverses reprises des chorégraphies de Petitpa et notamment l’hommage que Maurice Béjart lui a rendu avec son « Casse-noisette » : « Marius Petipa, un nom qui fascinait mon adolescence. Je l’imaginais descendre à petits pas la Canebière. Alors à 20 ans j’ai quitté Marseille. Je suis parti pour Londres travailler avec Nicolas Sergueiev, le dernier collaborateur vivant de Marius Petipa. Et là j’ai appris tout son répertoire ». Pour lui, "l'art de la danse est un grand fleuve qui doit s’écouler sans en oublier la source".
Des sources, la danse en a sûrement de multiples et, à cet égard, essayer de les retrouver, nous permet de penser notre présent et donc notre avenir …
Prochains rendez-vous du festival à découvrir sur le site de Vaison-Danses
jusqu’au 27 juillet –