- Auteur Danielle Dufour-Verna
- Temps de lecture 6 min
Une 3e édition tourbillonnante de “Faites de la Fraternité” au Théâtre Toursky
Troisième élan de "Faites de la Fraternité" au Théâtre Toursky.
Les 25 et 26 mai 2018, alors que son Directeur, Richard Martin, s’apprêtait à partir pour faire l’ouverture, le 29 mai, du grand festival ‘RADUGA’ (Rainbow) de Saint-Pétersbourg, le Théâtre Toursky a présenté une nouvelle « Faites » avec, au programme, nombre de manifestations et de moments de convivialité.
Nous avons pu vivre ainsi deux journées rythmées par des concerts, des expositions, des débats, des expositions, des animations et des rencontres. Le tout en poésie et en fraternité.
A vos âmes Citoyens ! L’Humanité crie au secours ! Faites de la Fraternité au Théâtre Toursky !
Le temps fort de cette fête, c’est l’allumage des feux par Richard Martin « Liberté, Egalité, Fraternité » au fronton du théâtre, plus qu’un symbole, une invitation à vivre ensemble, et faire revivre ces mots qui se videraient peu à peu de leurs sens si n’existaient, de par le monde, des femmes et des hommes à l’image de ceux rassemblés ici.
Moment magique, suspendu hors du temps, la voix suave de Christina Rosmini s’élève, et magnifie ‘Le temps des Cerises’ qui revient planer sur l’assistance, puis, un ancien chant des mondine –cueilleuse de riz du nord de l’Italie (voir le film Rizo Amaro), adopté par les partisans italiens « Bella Ciao », un chant de lutte, de résistance, mais surtout un chant d’amour, repris en chœur par la foule. Une immense artiste, une voix rare, un grand moment d’émotion.
Ouverte à tous, cette 3e édition a de nouveau empli les terrasses et les salles du théâtre. Un public nombreux fait de mixité sociale, culturelle et religieuse, a investi les lieux et s’y est senti chez lui. Dans l’air, flottait un parfum, de joie, d’union, de partage.
Sur les terrasses, l’association ACEDOF, dont le but est d’accompagner les jeunes dans leur éducation en France et aux Comores, ainsi que la lutte contre l’analphabétisme et la promotion de la langue française, ont concocté des plats comoriens et nous ont conviés à un spectacle de théâtre autour du rite du mariage comorien.
Une table ronde sur le thème « Communautés et fraternité » a retenu l’attention de spectateurs nombreux dans la salle Léo Ferré. Puis, grâce Jo Ross, Poète et fondateur de l’Université du Citoyen, une lecture de poèmes, pur moment de communication fraternelle et de paix.
Un florilège de chants brésiliens proposés par la chorale marseillaise « O Canto da Cidade » a enflammé l’atmosphère, un concert d’exotisme pour une traversée inoubliable de l’Atlantique. L’amour ne pouvait manquer à cette fête. Pour le savourer dans tous ses états, le groupe Loco Voco a offert un concert ‘Allez l’Amour’ original, moment de détente et de bonheur.
Le 7e art a également dit oui à la fraternité avec projection du documentaire « Etre adolescent à Marseille, d’ici et d’ailleurs, d’hier et d’aujourd’hui » réalisé par les élèves du Lycée Saint-Charles à Marseille. Philémon Garcia Mahe a accueilli la douceur du soir avec la lecture de ses récits bouleversants de fraternité ‘Matin Brun’ ‘Buffet de la gare’ et ‘Le Douanier’.
Le Flamenco proposé par l’association ‘Horizontes Del Sur’ a enflammé les spectateurs, transportés au cœur de Séville, avant qu’un dîner andalou préparé par l’association réjouisse nos papilles. Le tout rehaussé d’animations flamencos, de danses et musiques arabo-andalouses.
Sur les terrasses, jusque tard dans la nuit, le Toursky a chanté et dansé : scène ouverte avec Jo Corbeau et ses amis Jam Deblues, Lusitanien d’Aubagne Elvas, Mirsa, Freetz Merguez et T.T.T. & friends. Mention spéciale pour Freetz Baraka, un groupe, né en même temps que la fille du leader du groupe il y a trois ans, qui se produisait pour la toute première fois. Adoubé par le fraternel Jo Corbeau, ce premier concert sur les terrasses du Toursky est un immense succès. Un album est en route avec ces musiciens au son jazzy, blues et même reggae… A suivre.
Les "Kesav Tchave" donnent le LA du Théâtre Toursky !
Nous avons vécu le moment fort de ‘Faites de la Fraternité’ avec les "Kesav Tchave". Sur la scène du Toursky, ils ont littéralement conquis les spectateurs avec un concert de chants et de danses traditionnels tsiganes proposés par une trentaine de jeunes musiciens venus de Slovaquie pour que chante la fraternité.
«Késaj» est le nom dune fée tsigane qui dit que pour recevoir de l'amour, il faut d'abord savoir en donner, et «Tchavé» signifie en langue romani : enfants. Avec cela, tout est dit. Le reste passe par les chants et danses tsiganes de ces jeunes qui expriment une foi inébranlable dans la vie.
Le groupe, fondé en l´an 2000, est encadré par une association rom qui réunit à travers des activités artistiques des jeunes des colonies tsiganes de la région des Tatras, en Slovaquie orientale. La réalité quotidienne de ces Roms est de plus en plus précaire. Késaj Tchavé est un miracle. Un miracle tsigane qui prouve qu'une réussite est possible. Mais à chaque spectacle ce n'est qu'une bataille gagnée dans le combat pour la vie. Se battre contre tout le monde, contre les siens, contre les autres, contre tous ceux, qui ne conçoivent pas que la vie tsigane peut être exempte de fatalité… »
Ivan et Helena Akimov vont au-devant de cette population qui a souvent une perception négative de sa propre identité ethnique. Une perception positive de leur appartenance doit passer par une valorisation de leur culture et de l'identité tsigane, c'est à dire par l’apprentissage informel de codes sociaux qui permettent aux jeunes de communiquer avec leur communauté mais aussi de s’orienter dans la société majoritaire.
Tous les jours, une trentaine d’enfants répètent dans un local. Des anciens danseurs sont devenus encadrants et professeurs. Ils participent ainsi à l’élaboration des chorégraphies mais également au respect de celles-ci et au dynamisme du groupe.
Le travail de l'association en Slovaquie ne s'arrête cependant pas aux répétitions. Il comprend aussi un contact permanent avec leurs parents, d'autant plus que le projet a aussi ses dimensions internationales et européennes et que les responsables doivent convaincre les parents de leur confier leurs enfants. Ivan Akimov a ainsi un rôle important de médiateur. Seul membre de l’association non-Rom, il a réussi à établir une relation de confiance avec les parents et enfants, relation qu’il faut entretenir au quotidien pour conserver un travail efficace.
En Slovaquie, le festival Akaname illustre la volonté d’Ivan Akimov et des Kesaj Tchave d’aller au-devant d’un maximum de Roms de plusieurs bidonvilles de la région de Kezmarok.
Saluons Ivan et Helena Akimov qui conjuguent au quotidien, avec ces enfants, culture, force et amour.
‘FAITES DE LA FRATERNITE’, deux jours de joie emplis d’espoir à ne rater sous aucun prétexte l’an prochain pour une quatrième édition qui s’annonce… flamboyante !
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