- Auteur Isabelle de Montfumat
- Temps de lecture 7 min
L’Opéra fait son grand retour au Théâtre de Nîmes avec l’incontournable « Tosca» de Giacomo Puccini
Pour le plus grand plaisir des amoureux de l’art lyrique, le Théâtre de Nîmes programmait Tosca les 15 et 16 mars derniers. L’un des plus beaux chefs-d’œuvre de Puccini, adapté en version d’1 h 30, mettait à l’honneur la jeune génération dans la mise en scène, la direction musicale et l’interprétation.

Tosca -Puccini – Théâtre de Nîmes ©Sandy Korzekwa
Ces 15 et 16 mars derniers, dans le cadre de la saison 2024-2025 du théâtre de Nîmes, l’Opéra a fait son grand retour pour le plaisir des mélomanes, avec l’incontournable «Tosca» de Giacomo Puccini, l’œuvre la plus connue du répertoire classique. Une production spécialement conçue pour la scène nîmoise, d'une durée d'1H30 sans entracte.
Une Tosca spécialement adaptée au Théâtre de Nîmes
Au Théâtre de Nîmes, le choix fut fait de présenter un opéra adapté aux petites scènes. C’est donc dans une version resserrée que Florent Siaud signe l’une de ses meilleures mises en scène consacrée à Tosca, de l’incomparable Giacomo Puccini.
Passionné par les écritures théâtrales des XXème et XXIème siècle, il renoue ainsi avec une tension dramatique éclatante. La scénographie réalisée par Romain Fabre nous livre un décor d’un rouge flamboyant et d’un esthétisme épuré mettant en valeur la force théâtrale de ce Tosca.
La représentation fut jouée par le Théâtre Impérial – Opéra de Compiègne, avec un orchestre composé de quinze musiciens, sous la direction musicale d’Alexandra Cravero. Ici, les trois protagonistes de l’intrigue de Puccini révèlent quelques découvertes notamment avec la soprano Marie-Laure Garnier qui assure le rôle en titre pour Tosca, Joël Montéro, le ténor mexicain pour Mario et surtout l’impressionnant Christian Helmer, baryton qui offre une force incomparable à Scarpia.

Un peu d’histoire : la partition de Tosca de Giacomo Puccini
Giacomo Puccini
Issu d'une famille dans laquelle cinq générations de musiciens d’église et organistes se sont succédées, Giacomo Puccini, compositeur italien (1858-1924) est considéré comme l’un des plus grands compositeurs de la fin du XIXème et du début du XXème.
Portant le même prénom que son arrière-arrière-grand-père, organiste et compositeur de musique sacrée du XVIIIe siècle, Giacomo Puccini composera des œuvres de jeunesse en abordant la dimension sacrée comme ses ancêtres, avec l’incomparable Messa di Gloria. Peu considéré à ses débuts pour ses œuvres sacrées, Giacomo Puccini décide très jeune, d'écrire des œuvres d'opéra. Toutefois, la qualité musicale, l’élan et la fraîcheur de cette œuvre de jeunesse amènent le compositeur à citer sa Messe dans ses opéras ultérieurs.
Manon Lescaut, La Bohème, Madame Butterfly, Tosca et Turandot illustrent à eux seuls, des œuvres musicales à part entière, qui lui assureront une popularité toujours grandissante.
Tosca, une partition des plus emblématiques du répertoire vériste
Représentée en 1900 pour la première fois à Rome, Tosca n'a cessé depuis lors de connaître les faveurs du public. Le ton héroïque, le cadre historique et l'invention musicale avec plus de soixante thèmes originaux ont largement contribué à son succès.
Avec Tosca, l'œuvre de Puccini est séduisante. Marquée par la ferveur patriotique, l'histoire relate un drame amoureux, une intrigue aux multiples rebondissements, sans être pour autant propulsée sur le terrain idéologique, comme le sont les opéras de Verdi. Le contraste entre La Bohème et Tosca est tel que Puccini essuie un cinglant revers. Heureusement, lorsque le chef d’orchestre Arturo Toscanini reprend l'ouvrage, le succès est au rendez-vous.
Devenu aujourd’hui un incontournable pour les plus grands chanteurs d’opéra, Tosca est élevé aux rangs des hauts chefs-d'œuvre de la musique vériste du XIXe siècle, pour sa richesse mélodique et sa splendeur orchestrale. Servis par les plus grands interprètes, de Maria Calas, en passant par Luciano Pavarotti, José Carréras... sa riche discographie témoigne de l'immense popularité dont il jouit dans le monde entier.

La Tosca, un moment jubilatoire pour les amateurs d’Opéra
Tosca reste un moment jubilatoire pour les amateurs d’opéras.
Les jeunes talents à l'honneur au Théâtre de Nîmes
Sans rivaliser avec l’œuvre originale, cette version plus concise présentée au Théâtre de Nîmes, réalisée en trois actes, proposée par Florent Siaud révèle toute l’audace de l’œuvre de Giacomo Puccini, et met à l’honneur une jeune génération de chambristes qui a su « embraser » le public nîmois. En effet, il souligne de manière éclatante la jeunesse des personnages, tout en mettant en lumière leurs contradictions, leurs dilemmes que les déchirent intérieurement.
Les motifs musicaux traversent l'œuvre à la manière de leitmotivs qui servent à caractériser les personnages et les situations. L’approche choisie par Florent Siaud, bien qu'assez classique, donne tous les attributs de Tosca en soulignant le caractère héroïque des personnages, le cadre historique, l'invention mélodique orchestrales et surtout pour les élans lyriques irrésistibles qu'offrent cette partition de Giacomo Puccini.
Les quelques accessoires de décor sont judicieusement reliés au drame, à l'instar de ce billard français dont le tapis rouge offre un joli monochrome avec le reste de la composition. Scarpia y mène la partie selon son bon vouloir, les trois boules de billard devenant une métaphore des trois protagonistes de ce drame.
Pour les airs les plus célèbres, Florent Siaud fait le choix de positionner les personnages de Scarpia, Tosca, Mario puis ,seuls sur scène, sans décor, devant un rideau tiré, comme pour sacraliser et intensifier la voix des jeunes interprètes.
Christian Helmer, baryton
Ainsi, Christian Helmer, le baryton dans le rôle Scarpia nous emporte par son interprétation brillante avec sa tessiture imposante, d’une singularité grave et stupéfiante, donnent ainsi une intensité remarquable à l’œuvre de Puccini, au point de tenir le rôle fondateur de cette représentation.

©Sandy Korzekwa
Joel Montero, ténor et Marie-Laure Garnier, soprano
Le ténor mexicain Joël Montero, dans le rôle Mario, nous offre une prestation un peu retenue exceptée dans l’air tant attendu E Lucevan Le Stelle, tandis que Marie-Laure Garnier, soprano guyannaise, révélation des Victoires de la musique classique 2021, nous livre une Tosca forte, d'une voix ample portée tout au long de la partition. L’émotion s’empare de nous, lorsqu’elle se lance dans un chant plus nuancé, interprétant d'une prière émouvante, Tosca cherchant du réconfort.
Un public tombé sous le charme
Avec une salle comble qui s’est laissée emporter à quelques applaudissements en pleine envolée lyrique, une écoute retenue du public et une émotion palpable, tombant sous le charme de ces plus beaux airs de l’opéra classique.
Les trois interprètes de Tosca ont su nous faire vibrer, offrant ainsi, au plus grand nombre, la possibilité d’écouter et de découvrir de belles partitions qu’offrent l’Opéra… Un pari gagné pour le Théâtre de Nîmes qui ne demande qu'a être renouvelé.