- Auteur Jacques Jarmasson
- Temps de lecture 6 min
Shani Diluka et l’Orchestre national Avignon-Provence, le destin d’une émotion musicale
Apothéose, émotion musicale, et technicité époustouflante … Tel était le destin de ce concert du 22 novembre 2024, avec l’orchestre national Avignon-Provence et la pianiste Shani Diluka, accompagnés par les étudiants de l’Institut d’Enseignement Supérieur de la Musique d’Aix en Provence. Au programme, le concerto pour piano n° 23 de Mozart, “Meditàcija” de Lūcija Garūta et la 5ème de Tchaïkovski.
Vendredi 22 novembre, 20h, l’Opéra Grand Avignon a accueilli pour sa saison symphonique 2024-2025 l’Orchestre national Avignon-Provence, pour un concert hors normes. Sous la direction de sa cheffe titulaire Débora Waldman l'ONAP et la pianiste Shani Diluka, ont offert au public Avignonnais une soirée mémorable, au cours de laquelle, technicité et émotion musicale ont été les maîtres-mots.
Au programme, l’hétérogénéité absolue avec Mozart, Lūcija Garūta et Tchaïkovski. Rien que ça !
Cerise sur le gâteau, la participation active et remarquée des étudiants de l’IESM d’Aix-en-Provence.
Une démarche à présent presque habituelle, à vocation pédagogique qui permet à la fois à ces étudiants qui se destinent à la carrière de musicien professionnel de s’immerger au sein de la prestigieuse formation, mais aussi de respecter l’instrumentation voulue par Tchaïkovski dans sa Symphonie no 5 qui clôtura d’une fort belle façon ce concert exceptionnel.
La pianiste Shani Diluka interprète le concerto pour piano n° 23 de Wolfgang Amadeus Mozart
Pour débuter la soirée, le Concerto pour piano n° 23 de Mozart. L’initiative très pertinente d’inverser le programme (l’œuvre pianistique devait initialement être interprétée en fin de programme), a été très bien accueillie par le public, littéralement sous le charme du jeu de Shani Diluka.
La soliste a fait montre de sa technique impeccable et sa grande sensibilité musicale. L’étendue de ses nuances, allant du fortissimo aux impressionnants pianissimi, ont apporté une nouvelle vie à cette grande œuvre classique. Clarté et expressivité ont captivé le public, et le dialogue entre le piano et l'orchestre était particulièrement réussi, soulignant l'interaction subtile qui caractérise ce concerto. L’ovation appuyée du public était plus que méritée et après trois rappels, Shani Diluka a interprété en bis la danse rituelle du feu de l’Amour Sorcier de Manuel de Falla. Là encore, dans une dimension musicale tellement différente, la concertiste a rivalisé de virtuosité.
Méditation en début de deuxième partie du concert avec "Meditàcija" de Lūcija Garūta
En deuxième partie, c’est une pièce nettement moins connue du grand public, "Meditàcija" de Lūcija Garūta qui était offerte par l’ONAP. Lūcija Garūta est née à Riga en 1902. De 1919 à 1925 elle étudia à l'Académie de musique de Lettonie. Composée au départ pour son instrument, le piano, sa Méditation (1934) prend un tour davantage épique et époustouflant. Décidément, les programmations de Débora Waldman permettent à chacune des prestations de l’ONAP une découverte des plus captivantes.
L’apothéose avec la 5ème de Tchaïkovski
La soirée s'est conclue avec la Symphonie n° 5" de Tchaïkovski, une œuvre monumentale qui nécessite non seulement une grande maîtrise technique mais aussi une interprétation émotionnelle profonde. Sous la direction de Débora Waldman, l'orchestre a su créer une atmosphère à la fois grandiose et tragique.
Les crescendos puissants, comme les moments à la douceur extrême ont été particulièrement saisissants.
Le concert de ce 22 novembre 2024 restera dans les mémoires, grâce à l’immense talent de la pianiste Shani Diluka et aux musiciens de l’Orchestre National Avignon Provence, renforcés pour l’occasion par des étudiants de l’Institut d’Enseignement Supérieur de la Musique d’Aix en Provence.
Pour mieux connaître la pianiste Shani Diluka
Interprète « hors norme » (Figaro) douée d’une « virtuosité ailée » (Classica), Shani Diluka dresse un pont entre Orient et Occident. Née à Monaco de parents sri-lankais, elle est remarquée à l’âge de six ans par un programme mis en place par la Princesse Grace de Monaco pour détecter les talents exceptionnels en musique et intégrer l’Académie Prince Rainier III de la Principauté. Elle intègre plus tard le CNSMD de Paris dont elle sort avec un premier prix à l’unanimité.
Soliste invitée de très nombreux orchestres parmi les plus prestigieux, son parcours se nourrit de collaborations avec les solistes Natalie Dessay, Karine Deshayes, Michel Portal, avec les compositeurs W. Rhim, K. Beffa ou B. Montovani dont elle a créé Cinq pièces en hommage à Paul Klee, mais aussi avec de grands noms du cinéma tels que Sophie Marceau, Gérard Depardieu, Hippolyte Girardot ou encore Charles Berling. Passionnée de musique de chambre, Shani est aussi la partenaire régulière d’ensembles de renom tels que les quatuors Ébène, Ysaÿe, Prazak, Modigliani, Belcea.
La transmission étant une de ses préoccupations majeures, elle publie plusieurs livre-disques destinés au jeune public aux éditions Didier Jeunesse-Hachette, La Dolce Vita ou avec Radio Classique. On la retrouve aussi aux Victoires de la Musique ou invitée de la Boite à Musique de Zygel.
Ses enregistrements solo recueillent de multiples récompenses (Choc de la musique, RTL d’Or, Choix d’Arte, de Mezzo, Vogue Japon, 5 Diapasons, Gramophone, Fanfare USA, Diapason, Musikzen, Arena Award Japon...) dont autant de projets originaux comme « Road 66 » (disque officiel de la Folle journée), le disque « Symphonie des Oiseaux » et l’Intégrale Beethoven des pièces pour violoncelle et piano avec Valentin Erben du quatuor Alban Berg, qui reçoivent tous un très beau succès critique.
Shani Diluka sort en 2019 le Concerto Wq23 de Carl Philipp Emmanuel Bach avec l’Orchestre de Chambre de Paris dirigé par Ben Glassberg. Ce projet de disque sur piano historique et piano moderne, en collaboration avec la Fondation Royaumont, est consacré à la relation filiale entre C.P.E. Bach et Mozart, et reçoit un accueil unanime consacré par 4FFFF deTélérama.
En parallèle, Shani Diluka poursuit son travail d’écriture auprès des Ateliers Gallimard et avec l’édition de son premier recueil de poésie aux Editions Art3 qui fut choisi dans la liste des prix de l’Académie Française.
En 2020, Shani Diluka a préparé un programme « Cosmos » sur les liens entre Beethoven et la musique indienne dont le mysticisme a historiquement inspiré le compositeur viennois. Ce projet accueilli par les plus grandes salles a été suivi d'un enregistrement inédit pour l’année Beethoven. La pianiste a égalemenent signé un contrat exclusif en tant qu’artiste Warner Classics monde, devenant la première artiste d’Asie du Sud Est rejoignant ce label de légende comptant la Callas, Barenboim, Rostropovitch ou Karajan et un documentaire lui a été consacrée par le grand réalisateur Mark Kidel.