- Auteur Jacques Jarmasson
- Temps de lecture 5 min
Un bouleversant “Samson et Dalila” à l’Opéra Grand Avignon
Samson et Dalila clôture la saison 2022-2023 de l’Opéra Grand Avignon. Une mise en scène bouleversante, une distribution étincelante, un spectacle dont on ne sort pas indemne.
Vu Samson et Dalila à l'Opéra Grand Avignon, le 11 juin 2023.
Pour le dernier opéra de sa saison 2022 / 2023 de l’Opéra Grand Avignon, la grande maison du lyrique de la Cité Papale avait choisi Samson et Dalila de Camille Saint-Saëns, programmé les vendredi 9 et dimanche 11 juin.
Sous la direction musicale du merveilleux Nicolas Krüger et la mise en scène de Paco Azorin, ce spectacle lyrique grand format a généré auprès du public Avignonnais une émotion bouleversante qui, c’est certain, laissera un souvenir indélébile dans les mémoires des spectateurs, très positif pour l’immense majorité, même si certains spectateurs ont pu être choqués par des images difficilement supportables. Le public était pourtant prévenu par l’annonce « Certaines scènes du spectacle peuvent heurter la sensibilité des spectateurs et des plus jeunes ».
"Samson et Dalila" à l'Opéra Grand Avignon
L’émotion non stop !
Dès son entrée dans la salle, le public est invité à prendre connaissance de témoignages poignants sur les thèmes de l’Amour et de la guerre, ainsi que sur leur toute nouvelle expérience d’artiste.
Nous ne nous étalons pas ici sur l’historique de l’œuvre, mais plutôt sur l’émotion engendrée par la mise en scène de Paco Azorin. Lors des saluts des deux représentations, quelques huées ont eu grand peine à être perçues, face à une véritable ovation du public. Nous n’avons pas à juger des ressentis des uns ou des autres, et nous nous contenterons de souligner l’excellence des interprétations, des grands rôles comme des chœurs d’Avignon dirigés par Aurore Marchand rejoints par ceux de Toulon dirigés par Christophe Bernollin, de l’Orchestre National Avignon-Provence qui, une fois de plus, dirigé par l’excellent chef Nicolas Krüger a donné le meilleur de lui-même. Les costumes (contemporains) d’Ana Garay, les lumières de Pedro Yague, ne sont pas non plus étrangers à la réussite de ce spectacle-événement. La participation du Ballet de l’Opéra Grand Avignon fut tout aussi remarquée.
Un opéra citoyen
Autre élément particulièrement touchant, le Peuple d’Israël et Philistins étaient joués par des personnes en situation de handicap, les adhérents et résidents de l’Association des Paralysés de France (Avignon), le Groupe d’Entraide Mutuelle Mine de Rien (Avignon), le Centre de Réhabilitation Psychosocial (Montfavet), et le Foyer Saint-Pierre (Arles) ou encore par des amateurs-théâtre et des enfants du Grand Avignon. Une soixantaine de figurants de tous horizons : personnes à mobilité réduite, enfants, amateurs et passionnés de théâtre du territoire du Grand Avignon ont ainsi pu fouler les planches de l'Opéra Grand Avignon pour deux représentations, aux côtés d’immenses artistes. Un grand bravo à eux ! Et si insuffler le Vivre ensemble faisait aussi partie des missions de l’opéra ?
Amour, trahison et haines entre les peuples
Amour et trahison sur fond de terribles tragédies évoquées via les vidéos de Pedro Chamizo projetées en noir et blanc en arrière plan, viennent renforcer cette oppressante émotion utilisant le symbole des guerres et conflits de tous les temps. Sur scène, tout au long des trois actes, la présence d’une journaliste grande reporter de guerre nous rappelle le contexte contemporain.
Une distribution tout simplement époustouflante !
Certes, la distribution des rôles titres était à la hauteur avec un excellent Marc Laho (Samson) et une sublime Dalila incarnée par Marie Gautrot, mais on peut dire que c’est l’ensemble des interprètes qui a assuré une interprétation sans faille. Nicolas Cavallier (Grand Prêtre), Jacques-Greg Belobo (Le Vieillard Hébreu), Eric Martin-Bonnet (Abimélech), Cyril Héritier (Messager Philistin), ont fait honneur à la richesse de la partition de Saint-Saëns, tout comme Julien Desplantes (Premier philistin), Jean-François Baron (Deuxième Philistin), dans leur rôle respectif ou encore Charlotte Adrien dans le rôle de la journaliste.
Longuement ovationné par un public très majoritairement conquis, ce Samson et Dalila « avignonnais » n’est pas prêt d’être oublié par les spectateurs.
Samson et Dalila l’histoire d'un opéra en 3 actes
L’acte I débute avec le peuple hébreu qui implore Dieu de le libérer du joug des Philistins. Samson pousse les Hébreux à se soulever, et provoque la colère du Grand Prêtre de Dagon. Au cours de la fête qui célèbre la prise de pouvoir des Hébreux, Dalila apparaît, charmant Samson.
Dans l’acte II, le Grand Prêtre persuade Dalila de séduire Samson et de lui soustraire le secret de sa force. Samson, conscient du rôle qu’il joue pour le peuple hébreu, se méfie : il résiste d’abord mais finit par confier à Dalila que sa force réside dans sa chevelure. Dalila profite de son sommeil pour lui couper les cheveux et le livrer aux Philistins.
L’acte III montre un Samson aveugle, réduit à l’esclavage quand, au temple, les Philistins célèbrent leur victoire dans une grande bacchanale. Samson y est amené. Humilié, il implore Dieu de lui rendre quelques instants sa force. Dieu répond à son appel : Samson s’appuie sur les colonnes du temple qui s'effondrent sur lui et l’ensemble des Philistins.