- Auteur Léa-Sarah Perez
- Temps de lecture 6 min
Un Requiem de Verdi tout en harmonie au Grand Théâtre de Provence
Un moment de grâce, ce soir du 13 novembre au Grand Théâtre de Provence, lors d’un Requiem de Verdi laissant le public dans un bain de frissons, interprété par Le Cercle de l’Harmonie, sous la direction musicale de Jérémie Rhorer.
Concert du 13 novembre 2024 – Grand Théâtre de Provence © Marie-Céline
Ce mercredi 13 novembre 2024, le public du Grand Théâtre de Provence a pu assister à une version époustouflante du Requiem de Verdi, interprétée par Le Cercle de l'Harmonie, sous la direction musicale de Jérémie Rhorer.
Pour magnifier l'une des plus belles œuvres de Guiseppe Verdi composée en 1873, l'ensemble musical s'est entouré du chœur de jeunes chanteurs de l'académie Audi (Jugendchorakademie), accompagné des solistes Axelle Fanyo, Ivan Magrì, Agnieszka Rehlis et Alexander Tsymbalyuk.
Le Requiem de Verdi - Grand Théâtre de Provence
Qui est Le Cercle de L’Harmonie et son chef d’orchestre, Jérémie Rhorer ?
Jérémie Rhorer débute sa carrière musicale enfant, en travaillant à la maîtrise de Radio France, où il étudie avec Colin Davies et Lorin Maazel, parmi tant d’autres.
Très vite, il décide de se diriger vers la direction musicale et se forme auprès d’Emil Tchakarov, puis poursuit son chemin aux côtés de Thierry Escaich en composition.
Le Cercle de l’Harmonie, créé en 2005 par Jérémie Rhorer, est une association ayant pour but de mettre en avant les répertoires romantique et classique sur des instruments d’époque. Cet intérêt à interpréter sur des instruments dits « anciens » prendra vie après avoir entendu les interprétations de Marc Minkowski et William Christie, qui ouvrira Rhorer à une vision de la musique plus nuancée et « colorée ».
C’est un an plus tard, après sa création, que Le Cercle de l’Harmonie goûte au succès avec la performance d’Idoménée de Wolfgang Amadeus Mozart, qui fit sensation.
L’orchestre continue ses exploits, avec notamment, le Requiem de Verdi, donné au Grand Théâtre de Provence, une maison bien connue pour l'ensemble, lieu de résidence depuis 2017 pour leurs créations.
Zoom sur l’Audi Jugendchorakademie, chœur
L’Audi Jugendchorakademie, créé en 2007 par la compagnie Audi AG (constructeur automobile allemand, sponsor des festivals de Bayreuth et Salzburg) en tant que projet culturel, est un chœur composé de 80 jeunes chanteurs, se produisant dans le monde entier (Carnegie Hall, Philharmonie de Berlin, Symphony Orchestra of Tokyo…). Sous la direction artistique de Martin Steidler, le chœur a travaillé de nombreuses fois avec les chefs d’orchestre Kent Nagano et Jérémie Rhorer (Festival de Pâques d’Aix-en-Provence, Festival de Lausanne…).
Une distribution internationale
Axelle Fanyo, soprano
Axelle Fanyo débute son parcours musical par le violon. C’est après une licence de musicologie à la Sorbonne que la chanteuse décide de se consacrer au chant, et de rentrer au CNSMDP de Paris (où elle sera diplômée quelques années plus tard).
Durant les premières années de sa carrière, elle gagne de nombreux concours (dont l’International Lied Duo Competition à Enschede) et travaille avec de grands artistes (Renée Fleming, Esa-Pekka Salonen…). Aujourd’hui, la soprano française continue sur sa lancée en se produisant au Théâtre de Nîmes en 2025 dans le rôle-titre de l’opéra Tosca de Puccini.
Ivan Magrì, ténor
C’est auprès de Domenica Monti qu’Ivan Magrì étudie le chant. Très vite, il entre dans le Conservatoire Giuseppe Verdi à Milan où il travaille avec Giovanna Canetti et Wilma Borelli. Participant à de nombreux concours, le ténor italien gagne notamment les compétitions internationales de Riccardo Zandonai et Francesco Maria Martini. Magrì se produit internationalement (Royal Opera House, Sydney Opera House, Puccini Opera Festival), interprétant les plus grands rôles (e.g. Rodolfo, La Bohème, Puccini et Edgardo, Lucia di Lammermoor, Bari and Oslo).
Agnieszka Rehlis, mezzo-soprano
Agnieszka Rehlis apprend le chant au Karol Lipiński Academy of Music et remporte le premier prix au concours Franciszka Platówna à Wrocław. La mezzo-soprano polonaise débute sa carrière en interprétant le rôle de Jadwiga dans Le Manoir hanté de Moniuszko pour ensuite jouer dans Nabucco, La Traviata, Rigoletto… Se produisant dans le monde entier, elle a notamment participé au Festival Pablo Casals de Prades (Marseille et Nuremberg) avec de nombreux orchestres (Orchestre Philharmonique de Chine, BBC Symphony Orchestra…).
Alexander Tsymbalyuk, basse
Né en Ukraine, Alexander Tsymbalyuk étudie au Conservatoire d’Odessa auprès de Ludmila Ivanova, Vasiliy Navrotskiy et Paata Burchuladze. En 2007, l'artiste lyrique ukrainien débute sa carrière avec la troupe du Staatsoper de Hambourg et rapidement, il se produit internationalement (Lyric Opera of Chicago, Opéra national de Paris) interprétant divers rôles dont Timur dans Turandot et Bartolo dans Les Noces de Figaro.
Un Requiem de Verdi à couper le souffle
Les lumières se tamisent, les musiciens et chanteurs rentrent en scène, accompagnés de leur chef d’orchestre. Les premières notes pianissimo nous immergent avec douceur et légèreté dans le monde du Requiem de Verdi, le chœur fait son entrée. S’ensuivent notes aériennes et gracieuses, exécutées avec précision et virtuosité, annonçant l’arrivée des solistes. Très vite, un quatuor se forme, créant un dialogue entre les chanteurs, s’exprimant en contre-chant. Axelle Fanyo, l’étoile de la soirée à la voix puissante et agile, fait briller avec précision les différentes couleurs et nuances présentes dans le morceau. Le deuxième mouvement, Dies irae & Tuba mirum, star du Requiem, est une explosion de sons, nous faisant vibrer à chaque note : les sonorités sont riches, brillantes et triomphantes. C’est lors du troisième mouvement que la voix, inquiétante et lugubre d’Alexander Tsymbalyuk atteint son apothéose, au travers d’un chant langoureux et lent, aux sonorités rondes et puissantes. L’un des moments le plus fort de la soirée, fut le court duo entre Agnieszka Rehlis (mezzo-soprano) et Ivan Magrì (ténor), aux inspirations dramatiques et poignantes. Rejoints par Alexander Tsymbalyuk puis par Axelle Fanyo : la soprano brille de nouveau, incarnant chaque note avec une expressivité fine et tendre.
L’audience, en haleine, regarde avec vivacité le dernier mouvement du chef d’orchestre, submergée par une expérience inouïe, pour un final, nous laissant bouche-bée.
Par cette interprétation du Requiem de Verdi, Le Cercle de l’Harmonie dirigé par Jérémie Rhorer, est une révélation, à déguster sans modération !