Mozart, Pierre Génisson et l’Orchestre national Avignon Provence, le public retient son souffle

Le vendredi 7 mars 2025 restera gravé dans les mémoires comme un moment d’exception à l’Opéra Grand Avignon. L’Orchestre national Avignon Provence, sous la direction de Debora Waldman, a offert une soirée dédiée à la musique de Wolfgang Amadeus Mozart avec le célèbre clarinettiste français, Pierre Génisson. Dans la salle comble de la maison d'opéra du Grand Avignon, ce programme de musique symphonique entièrement consacré au génie du compositeur viennois, alliait virtuosité et sensibilité.

Le concert s’est ouvert sur l’Ouverture de Don Giovanni, pièce dramatique et envoûtante qui a immédiatement plongé l’auditoire dans l’univers contrasté de Mozart. Dès les premières mesures, l’ONAP a donné le ton : une interprétation à la fois limpide et ardente, servie par une direction inspirée qui savait à la perfection doser énergie et délicatesse. Debora Waldman a su en exprimer toute la puissance, installant une tension tragique qui résonnera tout au long de la soirée.

Puis vint l’entrée de Pierre Génisson, tel un funambule sur le fil de la musique de Mozart, déployant une sonorité d’une pureté cristalline, avec des pianissimi poussés à l’extrême. Son jeu, d’une fluidité enchanteresse, semblait faire chanter sa clarinette avec une aisance surnaturelle, tantôt caressant les phrases avec une douceur ineffable, tantôt les embrasant d’un feu intérieur irrésistible.

Des extraits de "Mozart 1791", le dernier album de Pierre Génisson

Pierre Génisson, Wolfgang Amadeus Mozart et l’ONAP, un état de grâce

Dans le Concerto pour clarinette en la majeur (1791), Pierre Génisson a déployé tout son art. Avec une sonorité chaude et expressive, il a su captiver le public, particulièrement dans l’Adagio, célèbre pour son apparition dans le film Out of Africa. Chaque note semblait suspendue dans l’air, entre mélancolie et apesanteur. Le Concerto pour clarinette de Mozart, sommet d’élégance et de mélancolie lumineuse, a trouvé en Génisson un interprète bouleversant dans sa meilleure version. Son legato infini et sa maîtrise des nuances ont fait vibrer l’âme de chaque spectateur. Le célèbre et non moins sublime du deuxième mouvement, suspendu hors du temps, a laissé l’Opéra en apnée, le public retenant son souffle, transporté dans une sphère d’émotion pure. Lorsque le dernier mouvement a éclaté avec sa vitalité bondissante, la complicité entre le soliste et l’orchestre s’est révélée absolue, chaque dialogue étant animé d’une intelligence musicale hors norme.

La deuxième partie du concert a permis d’explorer un autre aspect du génie mozartien avec la Symphonie n°35 Haffner. Cette œuvre brillante et pétillante a mis en valeur la dynamique et la précision de l’orchestre, sous la baguette inspirée de Debora Waldman.

Enfin, Pierre Génisson est revenu sur scène pour une incursion lyrique originale. À travers des transcriptions pour clarinette et orchestre des airs Una donna a quindici anni et Come scoglio extraits de Così fan tutte (1790), le clarinettiste virtuose a fait chanter son instrument avec une fluidité étonnante, rappelant les inflexions de la voix humaine.

L'Opéra Grand Avignon en apnée

À l’issue de cette performance magistrale, une ovation prolongée a déferlé sur la salle, traduisant l’enthousiasme et l’admiration unanime du public, heureux de réentendre le fameux adagio du concerto au deuxième rappel. Ce soir-là, à Avignon, Mozart a résonné avec une intensité et une grâce incomparables, portées par un clarinettiste au sommet de son art. Une soirée inoubliable, qui rappelle combien la musique, dans sa perfection, peut toucher au divin.

Cette soirée a été une célébration éclatante de l’art mozartien, induite par l’élégance des musiciens de l’Orchestre national Avignon Provence et l’inspiration de Pierre Génisson. Une nouvelle preuve que, plus de deux siècles après sa disparition, la musique du maître de Vienne continue de vibrer et d’émouvoir avec la même intensité.

Où écouter les enregistrements de Mozart par Pierre Génisson ?

1791 : Mozart n’a plus que quelques mois à vivre ; son génie créatif foisonne et nous offre certaines de ses compositions parmi les plus célèbres.

Avec la complicité de Debora Waldman à la baguette de l’Orchestre National Avignon Provence, Pierre Génisson et ses clarinettes nous invitent à un saut dans le temps pour une rare mise en miroir de l’un des ultimes chefs-d’œuvre du compositeur ( le magistral Concerto pour Clarinette K.622 ) et de ses derniers opéras ( La Clémence de Titus et Così fan tutte ).
Un enchantement, sublimé dans la carrière des Taillades ( à la remarquable acoustique ) par la voix riche, chaleureuse et expressive de la grande mezzo-soprano Karine Deshayes notamment dans le célèbre dialogue avec la clarinette du « Parto-Parto de la Clémence de Titus ».
On ne peut qu’être séduits par les arrangements de ces "grands airs du répertoire" sous la signature de Bruno Fontaine qui remplace la voix humaine par la musicalité si expressive de la clarinette - ou dialogue avec elle - permettant ainsi aux mélodies intemporelles de Mozart de briller dans un contexte instrumental nouveau, tout à la fois puissant et doux :
« La clarinette serait-elle un instrument aux sonorités mystiques, qui apaisent l’âme à l’approche du passage vers l’au-delà ? Elle est, et restera à jamais, indissociable du testament musical de Mozart. » ( Pierre Génisson )
Achevée presque cinq ans auparavant, et donc comme en écho, nous aurons également le privilège d’écouter l’élégante symphonie « Haffner » nous distiller son charme viennois.
Pierre Génisson se réjouit « …en tant qu’interprète, de servir et d’incarner humblement (la) musique (de Mozart) en devenant ainsi le messager d’un discours universel de paix et d’amour »