- Auteur Léa-Sarah Perez
- Temps de lecture 4 min
L’Orchestre Symphonique national de Chine au Grand Théâtre de Provence
Le 12 octobre 2024, le Grand Théâtre de Provence a accueilli l’Orchestre Symphonique national de Chine, sous la direction de Tan Dun. Un programme entre musique occidentale et asiatique pour un concert exceptionnel.
Pour clôturer sa rentrée musicale en apothéose, le Grand Théâtre de Provence accueillait ce samedi 12 octobre 2024, l'Orchestre Symphonique national de Chine, le plus grand et célèbre orchestre chinois, sous la direction musicale de Tan Dun, chef d'orchestre de renommée internationale, et compositeur notamment multi-récompensé pour création de sa musique de film, Tigre et Dragon, du réalisateur Ang Lee. (2000)
Au programme de ce concert exceptionnel, les œuvres interprétées par les musiciens de l'Orchestre Symphonique national de Chine, nous transportent au cœur d'un répertoire de musique romantique, impressionniste, contemporaine et traditionnelle chinoise.
Un court résumé de l’histoire de l'Orchestre Symphonique national de Chine (CNSO - China National Symphonic Orchestra)
L’Orchestre Symphonique national de Chine, fondé en 1956 (anciennement sous le nom de Central Philharmonic Society), est le premier orchestre ayant introduit la musique savante occidentale au public chinois avec la Symphonie n°9 de Beethoven.
Il s'agit du plus grand orchestre chinois, avec une présence nationale et internationale remarquable. Premier orchestre chinois à disposer d'une équipe de compositeurs professionnels, le CNSO a créé plus de partitions chinoises originales que tout autre orchestre en Chine. Le CNSO est également un ambassadeur culturel dévoué, car il a activé les dialogues interculturels et promu l'amitié entre la Chine et le monde par le biais de la musique au cours de ses nombreuses tournées internationales.
Un programme reflétant la musique occidentale et asiatique
Boléro de Maurice Ravel
Le concert s’est ouvert avec le fameux Boléro de Maurice Ravel, originalement composé pour un ballet (chorégraphié par Bronislava Nijinska, danseuse russe) en 1928. La pièce, structurée par la répétition d’un même thème, commence pianissimo, puis petit à petit, monte en crescendo, se terminant par une explosion de sonorités. Ces caractéristiques ont été interprétées avec finesse par l’Orchestre Symphonique National de Chine, nous faisant voyager entre douceur, suspense et grandiose.
Symphonie concertante pour violon et alto - Mozart
La Symphonie concertante pour violon, alto et orchestre en mi bémol majeur composée par Mozart, seconde œuvre jouée de la soirée. Invitant les solistes Liya Petrova (violon) et Lise Berthaud (alto), un véritable dialogue s’est créé entre orchestre et solistes, rentrant en symbiose. Les séquences de duos (non accompagnées par l’orchestre), ont été l’apogée de cette interprétation, remplie de musicalité et de sensibilité.
Secret Language of Wind and Birds - Tan Dun
Secret Language of Wind and Birds fut le point culminant de notre concert. Composée par le chef d’orchestre Tan Dun, cette pièce musicale représentant la nature, inspire par la musique traditionnelle chinoise, l’impressionnisme et la musique contemporaine. Afin d’incarner le vent, Tan Dun s’est dirigé vers des techniques instrumentales pour reproduire un son concret du vent, en choisissant les cordes et les flûtes (avec beaucoup de dissonance tout au long de l’œuvre). Mais nous avons également une approche plus contemporaine, que l’on pourrait caractériser « d’atypique » avec l’utilisation de pierres en guise de percussions, de claquements de doigts et de chuchotements. Cet aspect contemporain est retrouvé dans la représentation des oiseaux, par la manipulation de téléphones, d’appeaux (utilisés en chasse pour attirer les oiseaux), de sifflements, et de cris (évoquant ceux des arts martiaux).
L’oiseau de feu de Stravinsky
Notre soirée s’est conclue avec une interprétation de L’oiseau de feu (basé sur un conte russe du même nom), composé par Stravinsky, qui fut au départ (tout comme le Boléro de Ravel), écrit pour ballet. Transportés dans le monde du conte, nous rencontrons l’oiseau de feu, nous l’entendons dialoguer avec Ivan (l’un des personnages principaux), nous voyons les princesses et le château de Kachtcheï… La majesté et la délicatesse présentes dans l’œuvre ont été soulignées avec une grande subtilité par la direction de Tan Dun.
Par ce programme mélangeant Occident et Asie, l’Orchestre Symphonique national de Chine nous a offert une expérience riche en sonorités, interprétations et nous a fait vibrer. Une performance éblouissante, nous inspirant à en entendre davantage.