- Auteur Jacques Jarmasson
- Temps de lecture 3 min
Opéra Grand Avignon : Les caprices de Madame Butterfly
L’opéra “Madama Butterfly” transposé en 1945.
L’opéra Grand Avignon rénové et un début de saison lyrique époustouflant avec la production de Peter Grimes, laissaient augurer un « Madame Butterfly » du plus haut niveau, grâce notamment à l’excellence de sa distribution et à la mise en scène (et les lumières) du célèbre Daniel Benoin, nommé en 2013 directeur du tout nouveau théâtre d’Antibes, Anthéa. (Si l’œuvre a été créé le 17 février 1904 à la Scala de Milan, le metteur en scène, à la carrière fulgurante, a transposé ici l’histoire de « Madama Butterfly » dans le Japon post apocalyptique de 1945, une démarche pourtant très controversée par nombre de spectateurs et critiques …).
Vu à l'Opéra Grand Avignon, Madame Butterfly (Puccini) , le Mardi 16 novembre, spectacle opéra de la saison 2021-2022.
Madama Butterfly, Opéra Grand Avignon
Le rôle titre remplacé dans les tout derniers jours de répétitions
Hélas, c’était sans compter sur le fait que les artistes, aussi talentueux soient-ils, peuvent subir les affres d’une santé défaillante. Ce fut le cas pour la soprano Noriko Urata, qui ne put assurer le rôle titre uniquement dans le premier acte de la 3ème représentation du célèbre « Puccini » le 16 novembre, et ce, au prix d’un effort qu’il convient ici de saluer, mais dont les spectateurs ce soir-là se seraient bien passés.
Merci à Héloïse Koempgen, qui sublime Madame Butterfly
Fort heureusement, ce soir-là, la mer s’est calmée dès le début du 2ème acte avec le retour en scène de la soprano Héloïse Koempgen. L’œuvre reprit alors son sens et l’émotion positive fut recouvrée. La baguette de Samuel Jean, aux commandes de l’Orchestre National Avignon-Provence, fit preuve une fois de plus d’une précision chirurgicale face à ses anciens camarades de route même si, notamment dans le premier acte, pour les raisons évoquées ci-dessus, les fortissimo étaient pour le moins surdosés.
Un salut émouvant pour "Butterfly"
Finalement, le mardi soir, un des instants les plus émouvants fut le salut final, où, sous les applaudissements nourris du public, l’ensemble des solistes affichèrent leur empathie et leur soutien à la malheureuse Noriko Urata. Ils rendirent hommage, très légitimement, à leur consœur Héloïse Koempgen pour sa performance qui a démontré une parfaite maîtrise malgré la prise tardive du rôle. Un bel exemple d’humilité, de solidarité et de tolérance.
Il convient de citer la totalité des solistes de ce spectacle, Madama Butterfly à l'Opéra Grand Avignon :
Marion Lebègue, excellente dans le rôle de Suzuki, le ténor Avi Klemberg pour B.F. Pinkerton, Christian Federici sublime Sharpless, mais aussi Pierre-Antoine Chaumien (Goro), Matthieu Justine (Il Principe Yamadori / Il Commissario Imperiale), Pascale Sicaud-Beauchesnais (Kate Pinkerton) Jean-Marie Delpas (Lo Zio Bonzo), Virgile Frannais, (Yakuside) sans oublier la prestation du Chœur de l’Opéra Grand Avignon placé sous la houlette de sa chef Aurore Marchand. Bravo à tous, le défi était d'envergure !
Trois soirées qui laissent pourtant un goût amer aux nombreux amateurs de l'œuvre Puccinienne.