- Auteur Danielle Dufour-Verna
- Temps de lecture 3 min
Dernière des Noces de Figaro à l’Opéra de Marseille
Vu pour vous : Le Nozze de Figaro (Les Noces de Figaro) à l'Opéra de Marseille - Dernière du 3 avril 2019.
Le Nozze de Figaro : revenons sur son Histoire
Œuvre aussi riche que virtuose, à l'allégresse aussi contagieuse que porteuse d'une dimension politique subversive pour l'époque, Le Nozze di Figaro (Les noces de Figaro) est un opéra buffa en 4 actes dont le livret, tiré de la pièce "La folle journée ou le mariage de Figaro" de Beaumarchais, est le fruit de la première collaboration entre Mozart et Lorenzo Da Ponte. La pièce de Beaumarchais, achevée en 1778, est interdite en France pendant plusieurs années, pour son caractère révolutionnaire, par Louis XVI (qui revint sur sa décision par la suite).
Le Nozze di Figaro, écrit pour l'essentiel en moins de deux mois (1785), sera créé à Vienne en 1786 et connaîtra un succès mitigé. C'est lors des représentations à Prague que viendra la reconnaissance et sa conséquence : la commande de Don Giovanni. Mozart est séduit par l’intrigue qui se rattache à l’univers de la « Commedia dell’arte » où abondent rebondissements, jeux de scène et déguisements pour atteindre la plus grande efficacité scénique. Les personnages illustrent différentes conditions sociales dont la confrontation captive un large public.
Les Noces de Figaro à l'Opéra de Marseille : une mise en scène hardie
Enfin, le moteur principal de l’intrigue est l’amour dans la déclinaison complète de ces multiples manifestations à travers les différents âges de la vie.
C’est peut-être également de cet univers de la commedia dell’arte dont se sont inspirés, avec une absolue connivence, Vincent Broussard pour la mise en scène et les costumes et Vincent Lemaire pour les décors : on navigue entre le Ruzzante, Feydeau et Fellini avec un clin d’œil à la géométrie, à l’astronomie et à Léonard de Vinci : personnages, situations burlesques, pitreries, masques. C’est le regard –ici appliqué littéralement- d’une société bien-pensante représenté de manière baroque par des femmes en habit 18e se promenant sur la coursive ou l’intrusion, pendant le déroulement de l’action, de ces mêmes dames raffinées évoluant silencieusement et lentement pour bien marquer la coupure entre le réel de l’action et la finalité de la pièce, regard posé sur la nature humaine.
Avec sa représentation en 3D -trois pans coupés surmontés d’un couloir/promenade invisible- Vincent Lemaire imprime à l’œuvre une modernité absolue. Si la société est observée par le haut, les personnages continuent à exister après leur sortie de scène, la liaison avec le cinéma peut se faire. L’apport, à certains moments, d’un léger voile sur l’avant-scène et sur lequel sont projetés des images que l’on peut assimiler par moment à du Fragonard –j’ai pensé à ‘Les hasards heureux de l’escarpolette- amplifie cette impression de 3D tout en donnant une profondeur au champ et un mystère à l’ensemble. Compliment à la mise en lumières.
L’orchestre avec Marc Shanahan à la direction, très applaudi, est juste, sans emphase ni rythmes trop marqués et module la ferveur des musiciens en fonction de l’ardeur des chanteurs. C’est propre mais l’ensemble manque peut-être d’envergure – un peu trop en retrait- en regard du chef-d’œuvre de Mozart. Mention bien pour le chœur, presque essentiellement composé de voix féminines. La dispersion des chanteurs ne casse pas l’homogénéité de l’ensemble.