- Auteur Philippe Dejardin
- Temps de lecture 9 min
Nice Jazz Summer Sessions, un festival de Jazz comme dans son salon
En remplacement de son traditionnel Nice Jazz Festival annulé par la pandémie, la ville de Nice a prévu des Nice Jazz Summer Sessions. Cinq concerts dans un confort jamais vu pour un festival de jazz, avec Liz McComb, André Ceccarelli, Nice Jazz Orchestra, les frères Belmondo et Richard Galliano.
Nice Jazz Summer Sessions, un festival de jazz avec des artistes insolites, le public confortablement installé, la musique au plus intime des émotions.
Comme la très grand majorité de ses homologues, le Nice Jazz Festival a été obligé d’annuler son édition 2020 pour les raisons sanitaires que nous connaissons. Le programme de substitution concocté par Frédérica Randrianome - Karsenty, seule pour cette fois aux commandes du navire municipal de jazz, avait ravivé la passion des fans. L’incertitude planait sur l’organisation de chaque soirée et l’accueil du public dans ce Théâtre de Verdure dont la jauge tourne autour de deux mille personnes… Le respect des règles sanitaires imposait de trouver un dispositif adapté pour satisfaire le public qui avait réservé avant la pandémie et celui qui attendait les consignes pour venir écouter du jazz en vrai.
En ouverture du Nice Jazz Summer Sessions, la reine du gospel, Liz McComb !
Pour ouvrir ce festival si particulier, la programmatrice avait fait le pari d’associer la reine du gospel, Liz McComb avec le Philharmonique de Nice. Sa conduite n’avait pas été confiée à György G-Rath, le directeur musical, comme annoncé, mais à Frédéric Deloche. Dès les premières mesures, nous avons bien senti la complicité entre le chef et la diva, la joie d’offrir au public le fruit des répétitions à huit clos. L’occasion était trop belle de pouvoir écouter et voir la reine du gospel pour son seul concert de l’été en France et à Nice! Pour nous qui avions fait le déplacement, respecté tous les gestes barrières et la distanciation, ce concert fut une magnifique ouverture. À signaler que Liz McComb fut l’un de deux artistes internationaux à se produire dans ce programme très majoritairement hexagonal, voire régional. Une belle occasion pour rappeler que notre région est le berceau ou la terre d’adoption depuis des « lustres » pour des musiciens et musiciennes de niveau international! Paradoxalement, peu sont programmé(e)s dans leur région…
Le retour du niçois André Ceccarelli
L’artiste suivant, tous les groupes du monde se l’arrachent quelque soit la génération, l’espace des loges du Théâtre de Verdure porte son nom, c’est un enfant de Nice, il possède « All access » sur le site… Vous avez deviné? C’est André dit « Dédé » Ceccarelli, le batteur. Il était tout heureux, tel un gamin de … 74 ans de retrouver une vrai scène avec un vrai public et ses potes – autres maîtres dans leur discipline comme Sylvain Luc (guitare) et Thomas Bramerie (contrebasse). « Je n’ai pas joué en public depuis le mois de mars et ça fait vraiment plaisir de vous retrouver et de nous retrouver sur une scène » on a bien senti qu’il était très ému notre Dédé. Même s’ils n’avaient pas joué ensemble depuis plusieurs mois comme nous l’a confirmé Thomas, ce fut somptueux. Ils ont lâché les notes, poussé leur instrument au maxi, ravi le public conscient de vivre un grand moment.
Un duo vocal étonnant avec le Nice Jazz Orchestra
Pour la troisième soirée, place au Nice Jazz Orchestra qui regroupe les meilleurs solistes de la région. Un ensemble qui avait fait salle comble en février au Théâtre Francis Gag de Nice où il avait présenté ce spectacle «Funny 60’s» avec ce duo vocal étonnant, Marjorie Martinez - « pensionnaire et Walter Ricci, un napolitain encore très peu connu en dehors de l’Italie. Le thème était de revisiter les tubes des années 60 à la sauce jazzy. Objectif totalement réussi, le couple a fait grimpé les vocalises au sommet à la fois de la technique mais également de l’émotion. Ce fut la stupéfaction pour le public de découvrir cet italien qui scatte comme personne dans toutes les nuances pour toujours retomber à la bonne note ! Sans parler de sa présence sur scène et de son interaction avec la foule… La réussite était déjà bien présente mais ce fut encore plus extraordinaire quand les deux stars de soirées précédentes, Liz McComb & André Ceccarelli se sont glissées sur scène pour le dernier morceau « What a Wonderful World » . Pas certain que ce soit actuellement le cas mais cela nous a fait du bien de l’entendre.
Séquence émotion en ce Nice Jazz Summer Sessions avec les frères Belmondo
Après le NJO qui fait partie des Grands Ensembles français, retour à une formation plus réduite avec un quintet, celui des frères Belmondo, les varois. Stéphane (trompette) et Lionel (saxophone) étaient accompagnés par Tony Rabeson (batterie) Sylvain Romano (contrebasse) et Laurent Fickelson (piano & claviers). Stéphane Belmondo a rappelé plusieurs fois tout le plaisir qu’ils avaient de retrouver la scène après tant de mois à l’arrêt (ils avaient des tournées internationales prévues…) Mais ils nous ont donné tant de joie avec une grosse séquence émotion lorsqu’ils ont joué un morceau dédié à leur père Yvan (décédé en décembre 2019). Les frères vouaient une admiration indescriptible à celui qui les a guidé, inspiré mais surtout quelqu’un pour lequel ils avaient un immense respect.
Laurent Fickelson, le pianiste, avait la redoutable responsabilité de remplacer Eric Legnini et il s’est remarquablement intégré, il faut mentionner qu’il est un compagnon de route de longue date des deux hyérois.
Richard Galliano fête ses 50 ans de carrière et ses 70 ans sur scène !
Pour le concert de fin, le Nice Jazz Festival 2020 avait donné « carte blanche » à celui qui – le premier- a sorti l’accordéon de son carcan rétrograde, à savoir le cannois Richard Galliano. Un beau cadeau pour fêter ses 50 ans de carrière! Défi relevé pour ce musicien aux multiples facettes avec une nouvelle formation « Deep South Quartet ». Pour rester dans la couleur locale il avait demandé à ses copains François Arnaud (violon électrique ) très certainement le plus expressif et Jean-Luc Dana ( percussions), capable de percuter sur n’importe quoi et n’importe où, le tout en mesures. Naturellement, son fils Jean-Christophe était à la batterie.
De son côté, Richard nous a fait le cadeau de la première présentation de son nouvel instrument, l’accordhammond ou le combinaison inédite d’un accordéon acoustique avec un générateur d’orgue hammond pour le jazz. Un mélange qui lui permet de disposer du son de chaque instrument séparé ou des deux. Et là comme il le dit lui même « J’ai une Ferrari dans les mains ». Nous avons pu vérifier que la comparaison était bien réelle avec un tel pilote! Un sacré conducteur de musique qui fêtait aussi ses 70 ans en se plongeant avec délice dans le monde musical des années 70…
Pour son rappel, il a choisi de le faire seul sur scène, avec son mélodica, pour rendre hommage à un autre grand musicien azuréen, le niçois Marc Peillon, contrebassiste-compositeur, directeur artistique de nombreux festivals et qui avait beaucoup fait pour les musiciens de la région et pour les autres également.
Coup de chapeau à Frédérica Randrianome - Karsenty et toute l’équipe qui ont su monter quelque chose d’unique, de novateur dans sa disposition de grand salon avec la difficulté de la modifier chaque soir en fonction des réservations, tout respectant les mesures de distanciation.
Une installation tellement performante qu’elle a été conservée pour l’enregistrement de l’émission « Les Stars chantent le jazz», animée par André Manoukian & China Moses diffusée le vendredi 21 sur France 3 et en « prime time »!!
Ne boudez pas votre plaisir, ce n’est pas si souvent qu’il y a un peu de jazz sur les chaînes gratuites et en début de soirée!
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