- Auteur Léa-Sarah Perez
- Temps de lecture 7 min
Gil Shaham, NDR Radiophilharmonie, Stanislav Kochanovsky au Grand Théâtre de Provence, un concert mémorable
Un concert mémorable ce samedi 15 mars au Grand Théâtre de Provence : le NDR Radiophilharmonie de Hanovre, l’éminent violoniste israëlo – américain Gil Shaham, sous la direction musicale du chef d’orchestre russe Stanislav Kochanovsky, nous ont offert un moment musical des plus intenses autour de la musique de Brahms et Tchaïkovsky.

Gil Shaham – Stanislav Kochanovsky -NDR Philharmonie Orchester – ¢Marie-Céline
Ce samedi 15 mars 2025, le NDR Radiophilharmonie, sous la direction musicale de Stanislav Kochanovsky, s’est produit à Aix-en-Provence, offrant un concert autour des répertoires de Brahms avec en invité, le violoniste Gil Shaham, et Tchaïkovsky, invitant le public du Grand Théâtre de Provence, à un moment musical intense et inoubliable.
Concert Brahms et Tchaïkovsky au Grand Théâtre de Provence
Notre soirée s’ouvre sur le Concerto pour violon en ré majeur, op. 77 de Johannes Brahms. Le premier mouvement, Allegro non troppo, nous plonge dans une atmosphère empreinte de douceur et de sérénité. Après une longue introduction orchestrale aux sonorités dramatiques et passionnées, Gil Shaham fait son apparition. Véritable virtuose, il nous offre un jeu poignant et délicat, aux nuances subtiles. Son talent éclate particulièrement dans le grand solo de ce premier mouvement, où il enchaîne avec aisance et fluidité un jeu de questions-réponses.

Le deuxième mouvement, Adagio, introduit par les flûtes traversières, le hautbois et les clarinettes, nous invite à la méditation dans une ambiance pastorale. L’entrée de Gil Shaham révèle un jeu d’une grande sensibilité, empreint de romantisme et de mélancolie, qui nous berce et nous envoûte.
Le concerto s’achève avec le troisième mouvement, au tempo vif et entraînant. Ce final, à la fois joueur et triomphant, conclut brillamment l’œuvre.
Après un court entracte, la soirée se poursuit avec la Suite orchestrale n°3, op. 55 de Piotr Ilitch Tchaïkovsky. Œuvre pour orchestre seul, le premier mouvement Élégie, nous charme, invitant notre esprit à se plonger dans la mélancolie et la majesté des cordes. Le thème, aux sonorités rappelant l’Asie, nous offre une expérience à la fois puissante et lumineuse.
Le solo du cor anglais, à la sonorité riche et chaude, annonce la conclusion de ce premier mouvement, tout en douceur.
Valse mélancolique, le deuxième mouvement de cette œuvre, riche en couleurs et en sonorités, est empreint de mystère. Son thème principal, éclatant et nostalgique, nous transporte dans un voyage à travers nos souvenirs.
Le troisième mouvement, Scherzo, plus joueur et vif, nous introduit aisément au quatrième et final mouvement, Tema con variazioni. À la fois léger et virtuose, ce final nous foudroie par sa passion et intensité. Cette sensation est renforcée par les moments inspirés par la musique militaire, interprétés par les cymbales, cuivres et timbales. Le final, éclatant, nous transcende, nous laissant bouche-bées.
L’Orchestre radiophilharmonique de la NDR dirigé Stanislav Kochanovsky nous éblouit à chaque note, nous transportant dans un tourbillon d’émotions. Le génie de Gil Shaham, dont le jeu fin et sensible suspend le temps, fait raisonner la musique avec une élégance et délicatesse incomparables. Une soirée mémorable, laissant un souvenir impérissable.

Gil Shaham, NDR Radiophilharmonie Orchester, Stanislav Kochanovsky au Grand Théâtre de Provence
Stanislav Kochanovsky, chef d'orchestre
Stanislav Kochanovsky débute son parcours musical à la Glinka Choir School de Saint-Pétersbourg avant d'étudier au Conservatoire Rimsky-Korsakov, où il se forme à la direction de chœur, d’opéra et d’orchestre, ainsi qu’à l’orgue. Après l'obtention de son diplôme, il intègre le Théâtre Mikhailovsky en tant que chef d’orchestre.
En 2017, il se produit au Festival de Verbier avec l’Académie du festival, dirigeant Eugène Onéguine.
Les deux années suivantes, il interprète Rigoletto et Die Zauberflöte. Tout au long de sa carrière, il collabore avec de nombreux orchestres prestigieux, notamment le Royal Concertgebouw Orchestra, le City of Birmingham Symphony Orchestra et l’Orchestre philharmonique d’Israël.

Gil Shaham, violoniste
Gil Shaham commence l’apprentissage du violon à l’âge de sept ans à l’Académie de musique Rubin, dans la classe de Samuel Bernstein. À seulement dix ans, il fait ses débuts en tant que concertiste aux côtés de l’Orchestre philharmonique d’Israël. Un an plus tard, il est admis dans la prestigieuse école Juilliard.
En 1989, il se fait connaître du grand public en remplaçant Itzhak Perlman au pied levé.
Depuis cette même année, il joue sur un Stradivarius, surnommé la Comtesse de Polignac.
NDR Radiophilharmonie, orchestre philharmonique de Hanovre
L’Orchestre radiophilharmonique de la NDR est créé en 1945 et donne son premier concert la même année avec le violoniste Yehudi Menuhin. Au fil des décennies, l’orchestre enregistre de nombreux albums, notamment sous les labels Deutsche Grammophon et EMI. Depuis 2005, Alan Gilbert dirige l’orchestre pour la majorité des concerts, aux côtés de chefs invités tels que Moshe Atzmon, Christoph Eschenbach et Thomas Hengelbrock.
Stanislav Kochanovsky et la NDR Radiophilharmonie : un nouvel album éclatant aux couleurs de Tchaïkovsky, Rimsky-Korsakov et Tcherepnine
Un opus transcendant sous la baguette du maestro Stanislav Kochanovsky
Prélude de La Princesse lointaine, Op. 4 de Nikolaï Tcherepnine
L'album s'ouvre tout en délicatesse avec le Prélude de La Princesse lointaine, Op. 4 de Nikolaï Tcherepnine. Le premier thème, joué au violoncelle puis repris par l'orchestre, nous plonge dans un paysage pastoral, empreint de mélancolie et de poésie. Initialement écrite pour la pièce de théâtre d'Edmond Rostand, cette nouvelle version du prélude offre une interprétation riche en émotions. Le point culminant de l'œuvre, à la fois passionné et tourmenté, introduit un second thème qui nous entraîne dans le voyage de Jaufré Rudel, personnage principal de la pièce. La conclusion de La Princesse lointaine, reprenant le premier thème, revient à la délicatesse trouvée dans l'introduction, clôturant en douceur une œuvre poignante.
Ouverture de Capriccio Espagnol, Op.34 de Nikolaï Rimsky-Korsakov
L'ouverture de Capriccio Espagnol, Op.34 de Nikolaï Rimsky-Korsakov, au tempo vif et soutenu, nous transporte dans la majesté de la danse. Le deuxième mouvement, Variazioni, Andante con moto, s'ouvre avec douceur et sérénité. Le thème principal, joué dans un premier temps par les cors, est repris tout au long de la pièce par l'intégralité de l'orchestre, les cordes, et quelques solos, dont celui du cor anglais. Aux sonorités grandioses, ce mouvement se conclut par un solo de flûte traversière, jouant des gammes chromatiques ascendantes et descendantes. Le troisième mouvement reprend le thème majestueux de l'ouverture, mais change de tonalité et incorpore une instrumentation différente. Scena e canto gitano, le quatrième mouvement de cette œuvre orchestrale, se découpe en plusieurs solos : les cors et les trompettes, accompagnés par les percussions dans un premier temps, puis le premier violon (jouant notamment des doubles cordes), une flûte traversière, une clarinette et enfin une harpe. Toutes ces parties de solistes reprennent le thème joué par les cors et les trompettes, avec leurs propres variations. Une danse endiablée s'enchaîne, concluant ce quatrième mouvement. Fandango asturiano, le cinquième et dernier mouvement de cette œuvre, est composé d'une danse des Asturies, comportant l'élément traditionnel des castagnettes. Son rythme est d'ailleurs repris plusieurs fois par l'orchestre, créant une forme de question-réponse. Frénétique et euphorique, Capriccio Espagnol, Op.34 se termine avec la reprise du thème de l'ouverture, offrant un final resplendissant.
Orchestral Suite No.3 de Pyotr Ilyich Tchaïkovsky
La dernière œuvre de cet album, Orchestral Suite No.3 de Pyotr Ilyich Tchaïkovsky, poignante et transcendante, clôture à merveille un opus brillant et nous offre un aperçu du concert.