- Auteur Léa-Sarah Perez
- Temps de lecture 7 min
Les pianos de Gainsbourg – André Manoukian au Grand Théâtre de Provence
Ce mercredi 27 novembre, le Grand Théâtre de Provence a accueilli André Manoukian, pour “Les pianos de Gainsbourg”, un concert inédit retraçant la période “bleue” de Serge Gainsbourg.
André Manoukian ©Yann Orhan
Pour les 30 ans de la mort de Serge Gainsbourg (le 2 mars 1991), André Manoukian nous invite avec son spectacle "Les pianos de Gainsbourg" à retracer la première période « bleue » du compositeur, fortement influencée par le jazz. André Manoukian au piano, accompagné de son quintet de chanteuses aux voix sublimes et ses musiciens, nous invite lors de son concert au Grand Théâtre de Provence, à réinterpréter les chansons les plus jazzy de Gainsbourg.
Les pianos de Gainsbourg - André Manoukian
Serge Gainsbourg, icône de la chanson française.
Serge Gainsbourg commence son parcours musical à l’âge de 20 ans, lors de son service militaire où il apprend la guitare. Plus tard, il se met au piano et joue dans de nombreux piano-bars et cabarets (Madame Arthur, tenu par son père et Milord d’Arsouille). Rapidement, il sort son premier opus Du chant à la une ! (1958) et enchaîne concerts et albums. Son succès arrive en collaborant avec les chanteuses Françoise Hardy (Laisse tomber les filles)et France Gall (Poupée de cire, poupée de son). À travers son immense carrière, Serge Gainsbourg révolutionne la musique française en intégrant divers genres musicaux dans ses compositions (jazz, reggae, classique, hip-hop, funk et électro) et travaille avec de nombreux artistes (e.g. Vanessa Paradis, I Threes…).
Un Gainsbourg aux couleurs du jazz
La mise-en-scène, constituée de quatre spots, des instruments (piano, contrebasse, batterie) et d’un lustre, nous plonge directement dans l’atmosphère d’un piano-bar. André Manoukian et ses musiciens rentrent en scène, ouvrant le concert au programme structuré tel un « tiramisu » (cf André Manoukian) : morceau instrumental, échange avec le public, morceau chanté, etc. Cette musique de « fusion » nous transporte dans l’univers jazzy de Gainsbourg, nous faisant redécouvrir les plus grands titres du compositeur par une nouvelle approche.
Deborah Leclerq
Deborah Leclerq, à la voix sensuelle et suave, interprète le premier morceau chanté, captivant le public dès son arrivée avec sa reprise de Je suis venu de dire que je m’en vais. Véritable révélation de la soirée, Leclerq continue son triomphe avec L’eau à la bouche, flirtant avec le public, affirmant son incroyable musicalité.
Nesrine Belmokh
Après une pause instrumentale et de nouveaux partages chaleureux et comiques avec le public, Manoukian invite Nesrine Belmokh, à la voix et charisme puissants. Fortement influencées par ses origines, nous pouvons entendre ses inspirations de la musique arabe par les quarts de tons joués au violoncelle, ajoutant une touche originale à l’interprétation de Black Trombone. Virtuose et intense, Belmokh met en lumière ses talents de chanteuse par le scat et sa capacité à s’adapter avec aise aux thèmes des morceaux de Gainsbourg. Tantôt humoristique (Le poinçonneur des Lilas), tantôt au bord du désespoir, Nesrine Belmokh nous charme avec son énergie contagieuse.
Pierre-Alain Tocanier et Gilles Coquard
Elaeudanla Teïtéïa, notre prochain morceau instrumental, est revisité aux goûts jazzy et percussifs (notamment avec la technique de pincer les cordes du piano tout en jouant). Manoukian étincelle dans son solo par sa virtuosité à couper le souffle, nous laissant bouche-bée. Les talents de Pierre-Alain Tocanier et Gilles Coquard ne passent pas inaperçus : leur technique fine et leur sensibilité nous donne envie d’en entendre plus.
Élodie Frégé
Élodie Frégé rentre en scène, nous bousculant avec sa voix puissante et chaleureuse, elle nous invite dans un univers de cabaret. Interprétant Ces petits riens, La chanson de Prévert, et Ce mortel ennui, Frégé est époustouflante, brillant à travers ses vocalises agiles et ses capacités de danseuse.
Awa Ly
Après une dernière performance instrumentale, c’est Awa Ly qui nous charme avec ses reprises de Baby Alone in Babylone et Couleur Café. Seule, sans micro, la chanteuse se livre au public, délivrant une voix riche et singulière aux inspirations de musique traditionnelle africaine. Emporté par une atmosphère de convivialité et de partage, un véritable dialogue se créer entre l’audience et les musiciens.
Cette ambiance de partage est retrouvée dans La Javanaise, interprétée par l’intégrité des musiciens et chanteurs, clôturant un concert mémorable, nous réunissant par le pouvoir de la musique.
L’équipe "Pianos de Gainsbourg"
André Manoukian
André Manoukian découvre la musique en apprenant le piano et le violon dans son enfance, et part étudier au Berklee College of Music en 1977 où il tombe amoureux du jazz. Quelques années plus tard, il forme le groupe de jazz Horn Stuff et écrit pour Michel Petrucciani, Charles Aznavour, Natacha Atlas, Janet Jackson et bien plus.
En 2003, il se fait connaître du grand public en participant à l’émission Nouvelle Star et continue à travailler avec des grands artistes de jazz dont Malia et Ibrahim Maalouf.
Quelques années plus tard, il fonde son propre label Va Savoir et collabore souvent avec le prestigieux label de jazz Blue Note. Mais Manoukian n’est pas seulement musicien, arrangeur et compositeur : il est également écrivain (e.g. Sur les routes du jazz, 2022, La vie secrète des chansons françaises, 2016) et chroniqueur (Les Routes de la musique, France Inter). Parmi ses nombreux albums, son plus récent, Anouch (2022), inspiré par la musique arménienne et le jazz, rend ainsi hommage à sa famille.
Pierre-Alain Tocanier
Percussionniste et batteur, Pierre-Alain Tocanier étudie à l’université de Toulouse en musicologie et ethnomusicologie, et remporte le premier prix de batterie à l’École Dante Agostini. Plus tard, il entre au conservatoire régional de Perpignan où il obtient son DEM (Diplôme d’Études Musicales). À travers sa carrière, il travaille auprès de Lambert Wilson, Agathe Iracema (chanteuse brésilienne) et le Laurent Coulondre Trio.
Gilles Coquard
Gilles Coquard entre dans l’univers de la musique très jeune, et apprend à jouer de plusieurs instruments (saxophone, accordéon, basse et contrebasse). En 1984, il fonde le groupe STOMP et enregistre ses premiers albums un an après. De 1988 à 1992 il part en tournée avec Liane Foly. Coquard a également enseigné dans de nombreuses écoles, notamment au CMDL (Centre des Musiques Didier Lockwood) et au IMFP (Institut Musical de Formation Professionnelle).
Élodie Frégé
La chanteuse Élodie Frégé s’intéresse à l’art avec la danse à l’âge de 5 ans et apprend la guitare à 8 ans. À 16 ans, elle obtient son brevet de guitare classique et chante au festival Nuits du Vieux Château (Nièvre). Plusieurs années plus tard, elle participe à l’émission Star Academy et sort son premier album Élodie Frégé en 2004.
Frégé collabore avec Pascal Obispo sur Quand j’entends la musique en 2013 et un an plus tard, elle enregistre Il pleut, rendant hommage au chanteur Renaud.
Nesrine Belmokh
Dans son enfance, Nesrine Belmokh pratique la mandoline et se plonge dans la musique arabo-andalouse et nord-africaine. Plus tard, elle étudie le violoncelle à Marseille, Lyon et Genève et rentre dans l’orchestre de l’Opéra de Valence. Durant sa carrière, elle travaille avec Placido Domingo, Daniel Barenboim et le Cirque du Soleil. En 2018, elle sort l’album Ahlam (« rêve » en arabe) aux côtés de David Gadea et Matthieu Saglio, incluant ses propres compositions et 3 ans plus tard, elle sort son premier opus solo Nesrine.
Awa Ly
Awa Ly découvre le jazz grâce à Elie Chemali et en 1998, elle rencontre Jean-Claude Félix-Tchicaya, qui l’engage en tant que choriste. En 2009, elle sort son premier album Modulated et commence, en parallèle, une carrière d’actrice. Five and a Feather, son deuxième opus sort 7 ans plus tard, invitant Faada Freddy, Ballaké Sissoko et Guo Gan. En 2024, elle part en tournée avec Arthur H pour l’album Un autre rendez-vous (2022) et elle annonce son cinquième opus pour l’année 2025.
Déborah Leclerq
Désirant devenir comédienne, Déborah Leclerq étudie à l’école Claude-Mathieu, mais elle décide de se tourner vers la musique pendant la pandémie du Covid-19 et poste des vidéos sur les réseaux sociaux. Rapidement, André Manoukian la découvre et ils commencent à collaborer et elle sort son premier EP SOLIDE en 2023.