- Auteur Victor Ducrest
- Temps de lecture 4 min
Vaison Danses – Une nuit des étoiles avec les Italiens de l’Opéra de Paris
Ludmilia Pagliero et Jack Gasztowtt – Unfolding ©AA
Pour son avant-dernier spectacle, le festival Vaison-Danses a choisi d'inviter Les Italiens de l'Opéra de Paris. C'était un groupe très attendu et il n'a pas déçu les 2 500 spectateurs qui se sont installés sur les gradins du théâtre antique de Vaison-la Romaine. Ces danseurs italiens, dont beaucoup ont été formés à la Scala de Milan, se sont rassemblés en 2018 à l’initiative de l'un des leurs. Le premier danseur de l'Opéra de Paris, Alessio Carbone qui souhaitait réunir une petite troupe en marge de la vénérable institution pour s'adresser à un autre public tout en montrant leur excellence sur le terrain de la danse classique comme sur celui de la contemporaine et de la création chorégraphique.
Les Italiens de l’Opéra de Paris
Avec ces danseurs, qui ont en commun leur jeunesse, leur dynamisme et le plus haut niveau technique et artistique, Alessio Carbone nous a conviés à une véritable histoire de la danse savante devant un public très diversifié, un public qui aime la danse et plus généralement les arts du corps qui ne manquent pas d'âme. Au programme, des échantillons de grands ballets classiques traditionnels que l'on vient voir et revoir pour renouveler ses émotions et admirer les performances virtuoses des solistes à travers leur multiples fouettés, leurs manèges de sauts, leurs portés audacieux et – pour les femmes - leurs pointes affûtées.
Un répertoire des plus célèbres chorégraphes
C'est ainsi qu’ont été mises à l'honneur les chorégraphies du grand Marius Petipa, « le tsar du ballet », celles de l'incontournable Rudolf Noureev, du néoclassique Roland Petit qui a séduit nos parents ou grands-parents, de Maurice Béjart surnommé le Dieu de la danse.
Un peu à part, on a vu Les Bourgeois, une pantomime De Ben Van Cauwenbergh sur une musique de Jacques Brel superbement interprété par Giorgio Fournès, quadrille de l'opéra. Pour compléter ce panorama, le public a eu droit à deux créations du chorégraphe Simone Valastro, ancien sujet de l'Opéra de Paris, diplômé de l'école de danse de la Scala de Milan : Appointed Rounds, et Unfolding, une création mondiale.
Ludmila Pagliero et Bleuenn Battistoni, danseuses étoiles du ballet de l'Opéra de Paris
Vaison-la-Romaine a eu la chance d'accueillir de merveilleux danseurs dont deux étoiles : Ludmila Pagliero et Bleuenn Battistoni récemment nommée à la suite d'une représentation de La fille mal gardée. Elles ont brillé aussi bien dans le classique en donnant la méditation de Thaïs et Don Quichotte, que dans le contemporain sur les chorégraphies de Simone Valastro. On a passé 1 heure 40 d’un spectacle réjouissant partagé en onze pièces sans entracte et dont seules les lumières commandaient les transitions sous un ciel lui aussi rempli d’étoiles.
En fin de soirée, Pierre-François Heuclin, le directeur artistique du festival de Vaison-Danses a organisé un « bord de régie » auquel a participé Laura Cappelle, journaliste et chercheuse universitaire qui vient de sortir un livre sur la création de ballet au 21e siècle. C’est un moment privilégié qui permet aux spectateurs de tous âges, - la benjamine, passionnée de danse, a neuf ans ! – de poser toutes leurs questions aux acteurs du spectacle.
C’est donc une traversée de tout le répertoire du 20e siècle que nous avons accomplie avec Les Italiens de l’Opéra de Paris, une traversée de tout ce que les danseurs de l’Opéra savent faire aujourd’hui jusqu’à la création. C’est aussi un nouveau regard sur les rapports entre le classique et le contemporain, montrant que le classique peut être interprété de façon moderne sur le plan de la technique, des lumières, de la dramaturgie, et que l’on peut s’inscrire dans la modernité sans effacer le bagage technique des danseurs.