- Auteur Danielle Dufour-Verna
- Temps de lecture 5 min
Le Fossé, un spectacle profond ! Création du Théâtre du Balcon
‘Le Fossé’ – de Jean-Baptiste Barbuscia est une pièce qui laissera des traces. Nouvelle création à voir au Théâtre du Balcon à Avignon du 8 au 16 avril 2023. Mise en scène par Serge Barbuscia, avec Xavier Coppet, Alice Faure, Fabrice Lebert, Maïssane Maroqui et Laurent Montel.
Les 8, 9, 11, 12, 14, 15 et 16 avril prochains, le Théâtre du Balcon à Avignon présente une pièce à marquer d’une pierre blanche, ‘Le Fossé’ écrite par Jean-Baptiste Barbuscia, mise en scène par Serge Barbuscia et magnifiquement interprétée par cinq excellents comédiens : Xavier Coppet, Alice Faure, Fabrice Lebert, Maïssane Maroqui et Laurent Montel.
Le Fossé, Théâtre du Balcon - Avignon
De Jean-Baptiste Barbuscia, mise en scène Serge Barbuscia
Coup de maître pour une première pièce
« Tout n’est pas noir dans ‘Le Fossé’ »
Entre absurde et dérision, entre fable et réflexion, ‘Le Fossé’, premier texte porté à la scène par Jean-Baptiste Barbuscia est un texte puissant, une sorte de réponse à Godot. « On nous répète sans fin que c’est sûrement la fin du monde, mais elle n’est pas encore palpable et on a l’impression de construire encore des choses sur des fondations qui ne tiennent plus. ». Mais tout n’est pas noir dans ‘Le Fossé’. Jean-Baptiste Barbuscia réussit la gageure de parler des sujets les plus violents, les plus brûlants, avec humour, avec le sourire, avec amour même puisque, de toute façon, c’est la seule réponse qu’on puisse donner au monde.
« Après avoir remué toute la terre et pollué les derniers ruisseaux, après avoir coupé le dernier conifère et tué les derniers oiseaux, brise-glace, vois ton funeste résultat ! Non, vraiment, l’argent ne se mange pas ! »
Presque une tirade de Racine ! C’est dire à quel point l’auteur s’amuse et amuse le public ! Peut-être parce que la vérité peut se grimer de tragédie ou de rire, le rire animal, comme aime à le dire Serge Barbuscia, le metteur en scène. Ce rire qui vient de la profondeur de l’être. Ce rire qui n’est pas forcément le rire parce qu’on rit de quelque chose mais qui est le rire parce qu’on ne sait plus exprimer autrement notre désespoir. Le rire au paroxysme du désespoir.
Le fossé c’est aussi de l’espoir ! Il faut trouver du sens pour savoir comment exister. Il faut creuser ce fossé, c’est une question de vie ou de mort. Celui qui creuse ne creuse pas, et pourtant il creuse.
Un questionnement permanent, celui de l’ambivalence
« N’allez pas croire ce qu’on vous dit, l’homme n’a jamais accéléré grand-chose, il subit ! Il est subtil, il est habile, il est intelligent parfois mais il subit. »
La pièce vient exprimer quelque chose comme cela sur des fondements de nos existences : que doit-on faire aujourd’hui, à quel acte est-on contraint ? Quelle est la certitude ou en tous cas, quel est le choix qui peut nous permettre d’avancer? C’est l’ambivalence, être là, ne pas y être, être homme, être femme, être humain, ne pas l’être, de jouer, de ne pas jouer, un perpétuel questionnement.
A la manière des clowns, onirisme et espoir
Jean-Baptiste Barbuscia démontre avec ses personnages la difficulté de la communication entre les êtres humains ; la recherche sans fin de la réalité dans un monde où tout est incertain et où la frontière entre rêve et réalité est de plus en plus instable. C’est le miroir de notre société dématérialisée. Aujourd’hui, nous utilisons des monnaies numériques, des livres numériques, des réalités virtuelles. Jean-Baptiste Barbuscia nous immerge dans le simulacre d’un présent. Pierre creuse une fosse. Pour qui, pour quoi ?
Le Fossé, c’est, à la manière des clowns, l’entrée et la sortie précipitée de scène de Mousse, ce sont des évènements en apparence dépourvus de sens, des dialogues absurdes, serrés, intenses, surréalistes souvent, des actions répétitives et dénuées de sens, des intrigues irréalistes, voire impossibles, une chèvre qui parle, un jeu décousu, pas de fil conducteur, précisément peut-être parce que l’homme moderne a perdu le sens de l’existence. Le Fossé, c’est également des jeux de mots, de l’humour, car il nous permet de participer à la douleur du monde en adoptant la stratégie du détachement.
Avec ‘la chèvre’, rebelle et ‘ressuscitée’, la pièce donne des clés, un espoir de relever la tête, jusqu’au bout. Avec la chèvre, l’onirisme s’installe, onirisme, poésie, force et résistance. Cette chèvre est un lion.
Un moment de grand plaisir, de partage
C’est aussi une fable formidable où l’amusement prend une grande place. Si, comme il est souhaitable, la réflexion prolonge le parcours des spectateurs, c’est aussi un moment de grand plaisir, de partage.
Le Théâtre du Balcon est l’une des cinq scènes fondatrices des « Scènes d’Avignon » regroupant des théâtres permanents conventionnés par la ville d’Avignon. Fondé en 1983 par la Cie Serge Barbuscia le Théâtre du Balcon s’est affirmé comme un lieu permanent et emblématique de la scène théâtrale avignonnaise.
Informations pratiques, réservations, billetterie "Le Fossé" Théâtre du Balcon Avignon
Samedi 8 Avril – 20h
Dimanche 9 Avril – 16h
Mardi 11 Avril – 20h
Mercredi 12 Avril – 20h
Vendredi 14 Avril – 20h
Samedi 15 Avril – 20h
Dimanche 16 Avril – 16h
Mise en scène : Serge Barbuscia
Assisté par Alice Faure
Composition musicale : Eric Craviatto
Costumes : Christian Burle
Création lumière : Sébastien Lebert
Distribution : Xavier Coppet, Alice Faure, Fabrice Lebert, Maïssane Maroqui, Laurent Montel
Soutiens : Théâtre de Saint-Malo, Théâtre Toursky
Théâtre du Balcon
38 rue Guillaume Puy 84000 Avignon
www.theatredubalcon.org tél 04 90 85 00 80