Publié le 27/10/2024

Le chant de la terre : Orchestre national Avignon-Provence, Kévin Amiel et Antoinette Dennefeld pour servir Gustav Mahler

Le Chant de la Terre de Mahler, a été interprété par l’Orchestre National Avignon Provence le vendredi 25 octobre, sous la direction de sa cheffe titulaire Débora Waldman. Une œuvre rarement jouée à Avignon, mise en valeur par les prestations exceptionnelles du ténor Kévin Amiel et de la mezzo-soprano Antoinette Dennefeld.

Le chant de la terre - Orchestre national Avignon-Provence - Kevin Amiel - Antoinette Dennefeld

Kévin Amiel, Débora Waldman, Antoinette Dennefeld, et l’Orchestre national Avignon-Provence. Le Chant de la Terre (Mahler) Vendredi 25 octobre 2024 – Opéra Grand Avignon – © Jacques Jarmasson

Le Chant de la Terre (Das Lied von der Erde) de Gustav Malher (1908).

Vendredi 25 octobre, cette rarement interprétée a résonné dans les murs de l'Opéra Grand Avignon, avec l'Orchestre national Avignon-Provence, le ténor Kévin Amiel et la mezzo-soprano Antoinette Dennefeld, sous la direction musicale de Débora Waldman.

Pour débuter ce concert, l’Adagio et Fugue en ut mineur de Mozart a été joué avec finesse et élégance par l’orchestre Avignonnais, Débora Waldman ayant su, comme à son habitude tirer le meilleur parti du talent de ses merveilleux musiciens.

Le Chant de la Terre (Das Lied von der Erde) - Gustav Malher

Orchestre national Avignon-Provence - Kévin Amiel - Antoinette Dennefeld

La musique et la nature comme sources de réconfort et d’apaisement de l’âme

C’est ainsi que l’on pourrait résumer le grand voyage du Chant de la Terre, une œuvre inclassable, créée en 1908, peut-être l'une des plus belles symphonie de Gustav Mahler par sa singularité, située quelque part entre la musique symphonique et lyrique. En sélectionnant six poèmes chinois qui l’ont accompagné dans une période particulièrement difficile de sa vie, le compositeur dessine un récit initiatique qui nous mène de la douleur et de l’ivresse d’une chanson à boire à des épisodes explorant les thématiques de la beauté, de la solitude, de la jeunesse pour s’achever sur un émouvant adieu à la vie et au printemps qui revient toujours.

Orchestre national Avignon-Provence - Kévin Amiel - Antoinette Dennefeld - ©Jacques Jarmasson

Les poèmes retenus par Mahler dans le recueil de poèmes adaptés du chinois par Hans Bethge, sont centrés sur la terre, sur la nature et sur la solitude de l’homme au sein de ces éléments. Des thèmes dans lesquels la musique de Mahler avait toujours baigné. Les 6 mouvements sont confiés alternativement au ténor dans les numéros 1, 3 et 5, et à l’alto dans les numéros 2, 4 et 6. Les deux voix, magnifiées comme jamais grâce aux interprétations sans faille de Kévin Amiel et Antoinette Dennefeld, procurèrent une intense émotion au public de l’opéra, visiblement séduit (à juste titre) par les interprétations des deux solistes.

Une grande émotion tout au long de la soirée ! 

La première pièce de l’œuvre, Chanson à boire de la douleur de la terre chante l’ivresse comme le meilleur remède aux mots humains. Le jeune ténor, qui fut en 2007 l’invité de Raymond Duffaut à Avignon dans le cadre des « Tremplins jeunes talents », sous une gaieté un peu forcée mais appropriée, a su faire transparaître le désespoir, dans les paroles : sombre est la vie, sombre est la mort. Puissance vocale avec aisance et brio était au rendez-vous.  

Après Le Solitaire en automneDe la jeunesse, De la beauté, et L’ivrogne au printemps, c’est L’adieu en ut mineur, qui vient clore ce remarquable rendez-vous musical. L’émotion, particulièrement en fin de prestation d’Antoinette Dennefeld, fut portée à son comble. La musique se dissout dans le silence, comme le solitaire au sein de la nature, sur les paroles  La terre aimée refleurit au printemps et verdit à nouveau !  Partout et pour toujours les horizons bleuissent et s’illuminent, sans fin … pour l’éternité. 

Ce final fut l’occasion pour la soliste de faire montre de sa sensibilité artistique  sans égal et de son immense talent, grâce auquel, en ce vendredi 25 octobre 2024, le ravissement pouvait se lire dans les yeux de l’assistance, fidèle à l’Orchestre national Avignon-Provence.   

Direction musicale, Débora Waldman                                                                                                                Ténor, Kévin Amiel                                                                                                                                                   Mezzo-soprano, Antoinette Dennefeld                                                                                                                   Wolfgang Amadeus Mozart, Adagio et fugue en ut mineur, pour cordes                                                          Gustav Mahler, Le chant de la terre (Arrangement Glen Cortese)

Kévin Amiel - ©Jacques Jarmasson

Kevin Amiel, ténor (Biographie)

Nominé aux Victoires de la Musique Classique 2020 dans la catégorie Révélation Artiste Lyrique, lauréat de nombreux concours de chant (Voix Nouvelles 2018, Vienne 2019, Opéra de Marseille, Marmande, Béziers, Salzbourg...), révélation classique de l’ADAMI en 2011 et de l’AROP (Paris) en 2013, a également été membre de l’Atelier Lyrique de l’Opéra National de Paris entre 2011 et 2014, faisant à cette période ses débuts sur la grande scène, dans La Gioconda, La Traviata, Ariane à Naxos et Alceste.

Sa carrière l’a déjà vu interpréter les rôles d’Alfredo dans La Traviata au Théâtre du Capitole de Toulouse et à l’Opéra national de Bordeaux, Nemorino dans L’Elisir d’Amore au Théâtre du Capitole de Toulouse, Rodolphe dans une adaptation française de La Bohème de Puccini de Marc-Olivier Dupin à l’Opéra Comique, le rôle-titre des Contes d’Hoffmann, version adaptée de l’œuvre pour l’Opéra de Dijon, Nadir dans Les Pêcheurs de perles au Teatro Regio de Turin et à l’Opéra de Saint-Etienne, Fenton dans Falstaff à l’Opéra national de Bordeaux, Lenski dans Eugène Onégin à l’Opéra de Massy, Gonzalve dans L’Heure Espagnole avec l’Orchestre national du Capitole de Toulouse. Il a également chanté dans Les Sept dernières paroles du Christ de Théodor Dubois à l’Opéra de Limoges et donné des concerts avec l’Orchestre national de Lyon, les Musiciens du Louvre, le Cercle de l’Harmonie et l’Orchestre national de Cannes.

Kevin Amiel - Débora Waldman - © Jacques Jarmasson

Il s’est également produit à l’Opéra de Rouen, à l’Opéra de Muscat à Oman, à l’Opéra d’Avignon, à l’Opéra de Marseille, à l’Opéra national de Montpellier, à l’Opéra de Toulon.

En 2021/2022, il chante le Conte di Almaviva dans Il Barbiere di Siviglia à l’Opéra national du Capitole, dans Mozart I Salieri de Rimski-Korsakov à l’Opéra de Toulon, Fernando dans Goyescas de Granados à l’Opéra de Limoges, Nicias dans Thais à l’Opéra de Tours, Nemorino dans L’Elisir d’Amore à l’Opéra national de Bordeaux, Das Lied von der Erde de Mahler au Festival Saint-Denis. En juin 2022, il chante dans l’émission Musiques en fête aux Chorégies d’Orange et à La Folle soirée de l’Opéra Radio Classique.

En 2022/23 il chante dans Hommage à Maria Callas à Paris, dans Lucia di Lammermoor à Tours, dans Das Lied von der Erde et Falstaff à l’Opéra de Lille.

En 2023/2024, il chante à nouveau Fenton dans Falstaff à l’Opéra du Luxembourg et de Caen, dans Les Dialogues de Carmélites à l’Opéra de Massy et Les Pêcheurs de Perles à Saint-Étienne.
À Montpellier, il chante dans Carmina Burana et fait ses débuts dans le rôle titre dans Roméo et Juliette de Gounod à l’Opéra de Hong-Kong et dans divers concerts et récitals.

Il a travaillé entre autres avec des chefs d'orchestre tels que Michel Plasson, Marc Minkowski, Louis Langrais, Frederic Chaslin, Daniel Oren, Roberto Abbado, Pierre Bleuse, Dan Ettinger, Maxime Pascal, Benjamin Levy, Michele Spotti, Jérémie Rhorer, Antonello Allemandi, Sesto Quatrini, Luciano Acocella, etc…

Antoinette Dennefeld - Débora Waldman ©Jacques Jarmasson

Antoinette Dennefeld, mezzo-soprano (Biographie)

Née à Strasbourg, Antoinette Dennefeld entame très jeune une formation artistique variée qui lui donne rapidement le goût de la scène et du spectacle vivant.

En 2006, elle entre à la Haute Ecole de Musique de Lausanne , où elle suit les master-classes de Christa Ludwig, Dale Duesing et Luisa Castellani, et participe activement à l’Atelier Lyrique. Au cours de ses études elle bénéficie des bourses de la Fondation Mosetti et du Cercle Romand Richard Wagner.

En 2011, elle obtient un Master Spécialisé Soliste avec les Félicitations du Jury. Ses excellents résultats lui valent l’obtention du Prix Max Jost, du Prix de la Chambre Vaudoise des Amis de l’OSR ainsi que du Prix Paderewski. La même année, elle est lauréate de la Bourse de la Fondation Leenaards, et emporte le Grand Prix et le Prix de l’Office Franco-Québécois pour la Jeunesse au Concours International de Chant de Marmande ainsi que le Troisième Prix (ex-aequo, seuls prix décernés) et le Prix du Public au Concours International de Chant de Genève.

Antoinette Dennefeld a fait ses débuts à l’Opéra de Lausanne où elle a été notamment die zweite Dame dans Die Zauberflöte, the second witch dans Dido and Aeneas, Zulma dans L’Italiana in Algeri, Stéphano dans Roméo et Juliette de Gounod ou encore Fanny Elssler dans L’Aiglon de Honegger / Ibert. À l’Opéra de Marseille, elle a chanté les rôles de Charmion (Cléopâtre de Massenet) et de Jean (Le Portrait de Manon de Massenet).

Antoinette Dennefeld - ©Jacques Jarmasson

Elle a interprété Dorabella (Cosi fan Tutte) à Tenerife, Oreste (La Belle Hélène) à Avignon, Annio (La Clemenza di Tito) à Montpellier, Louise (Les Mousquetaires au Couvent de Louis Varney) et Brigitte (Le Domino Noir de Auber) à l’Opéra Comique ou encore Rosina (Il Barbiere di Siviglia) Florence. À l’Opéra national de Lyon, elle a été la Chatte et l’Ecureuil (L’Enfant et les Sortilèges) ainsi que Isolier (Le Comte Ory) et Cunégonde (Le Roi Carotte) dans deux nouvelles productions signées Laurent Pelly.

Récemment, on a pu l’entendre à l’Opéra national de Paris dans Traviata, Cavalleria Rusticana, Carmen, La Clemenza di Tito ou encore Yvonne, princesse de Bourgogne, au Festival d’Aix-en-Provence et à l’Opéra national de Lyon dans Falstaff.

Elle a aussi fait des prises de rôles remarqués comme Charlotte (Werther) à Tenerife, Donna Elvira (Don Giovanni) à l’Opéra de Lyon, Cherubino (Le Nozze di Figaro) à l’Opéra de Marseille, Carmen à l’Opéra de Dijon puis à l’Opéra national du Rhin, Concepción (L’Heure Espagnole) avec Opera Lombardia et Le Prince (Cendrillon) à l’Opéra national de Lorraine, à Moscou et à l’Opéra national de Paris, Charlotte (Werther) à Marseille et Le Songe d’une nuit d’été (Hermia) à l’Opéra de Lille.

Très attachée au répertoire de la mélodie et du Lied, elle forme depuis 2009 le Duo Almage avec le pianiste Lucas Buclin.
En 2012, ils ont enregistré des mélodies de Poulenc, Aboulker et Britten et des Lieder de Strauss et Wolf pour le Prix Jeune Talent de la Société Vaudoise des Amis de l’OSR.

En concert elle a chanté récemment Lakmé avec l’Orchestre de la Radio Bavaroise, Shéhérazade avec l’Orchestre Régional Bayonne Côte Basque, Maître Péronilla d’Offenbach avec l’Orchestre national de France, dans des programmes Mozart et Berlioz avec l’Orchestre de chambre de Paris.

Parmi ses projets, citons La Périchole (rôle titre) au Théâtre des Champs-Elysées, à l’Opéra de Dijon et à l’Opéra de Toulon, Pelléas et Mélisande (Mélisande) avec l’Orchestre national de France, Shéhérazade avec le Nürnberger Symphoniker, Idomeneo (Idamante) à l’Opéra de Nancy et Norma (Adalgisa) à l’Opéra de Marseille.

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