- Auteur Jacques Jarmasson
- Temps de lecture 10 min
Opéra Grand Avignon, “Il Turco in Italia”, une réussite totale !
Avec de la couleur, de la gaité, une musique légère et joyeuse, bal masqué et libertinage, des solistes prestigieux pour des interprétations irréprochables, la production de l’Opéra de Monte Carlo Il Turco in Italia de Gioachino Rossini, fut un grand succès ces 3 et 5 mars derniers à l’Opéra Grand Avignon, devant un public intergénérationnel dans une salle comble.
La magnifique production de l’Opéra de Monte Carlo Il Turco in Italia de Gioachino Rossini était l’hôte de l’Opéra Grand Avignon les 3 et 5 mars derniers. Un Opéra-bouffe en deux actes dont le livret fut signé par Felice Romani. L’œuvre, créée à Milan le 14 août 1814, fut chantée en italien et surtitrée lors des deux représentations Avignonnaises. Autant le dire tout de suite, cette production, dont la direction musicale était confiée à Miguel Campos Neto, fut une totale réussite, à tous niveaux.
"Il Turco in Italia", Opéra Grand Avignon
De la couleur, de la gaité, une musique légère et joyeuse !
Grâce notamment à une mise en scène de Jean-Louis Grinda, aux costumes de Jorge Jara, aux lumières de Laurent Castaingt et aux décors de Rudy Sabounghi, ce sont deux merveilleuses représentations qui ont été proposées au public Grand Avignonnais. De la couleur, de la gaîté, une musique légère et joyeuse ont fait passer aux spectateurs de bien agréables moments musicaux. Certes, les airs de famille avec l’Italiana in Algeri (créé l’année précédente en 1813), sont évidents, mais peut-on reprocher au compositeur italien une écriture qui a généré de véritables « tubes » du genre ? Assurément non, surtout quand le plateau des solistes est aussi prestigieux.
Bal masqué et libertinage
Le thème de cet opéra bouffe met en scène une épouse volage, au comportement pour le moins léger, un mari peu courageux, bref on est presque dans le vaudeville, riche en quiproquos et rebondissements, dans un contexte de libertinage affiché, notamment à l’occasion du bal costumé et masqué, rappelant les soirées Vénitiennes. De quoi magnifier costumes, lumières et décors, pour un cocktail très réussi.
Des solistes prestigieux pour des interprétations irréprochables
Les airs de Fiorilla, d’une virtuosité exceptionnelle, ont été assurés de façon remarquable par la soprano Florine Ilie, et Guido Loconsolo a campé le personnage de Selim avec grand talent, à la fois vocalement et en termes de présence scénique. On peut ici souligner l’excellence de la distribution, avec Gabriele Ribis (Don Geronio), Patrick Kabongo (Don Narciso), Giovanni Romeo (Prosdocimo), Josè Maria Lo Monaco (Zaïda) et Blaise Rantoanina (Albazar). La prestation du Chœur de l’Opéra Grand Avignon dirigé par Aurore Marchand et de l’Orchestre National Avignon-Provence sous la baguette de Miguel Campos Neto, ne sont pas étrangers au succès remporté par cet événement.
"Il Turco in Italia", Histoire
A Naples et dans les environs au XVIIIe siècle. Un poète, s’inspirant de l’histoire d’une troupe de bohémiens, conte les aventures sentimentales et les soucis conjugaux rencontrés par les amants et les époux, avant de réconcilier maris, femmes et galants et de faire triompher l’amour.
Acte 1
Dans les faubourgs de Naples, le poète Prosdocimo (baryton) arrive à un campement de gitans, et décide d’utiliser leurs mésaventures comme source d’inspiration pour composer une comédie.
Zaida (mezzo), une jeune esclave turque s’est réfugiée auprès des bohémiens, fuyant les intrigues du harem de Selim (basse) qu’elle aime toujours passionnément.
Fiorillia (soprano), la femme du barbon Geronio (basse), joyeuse et pétillante, séduit Selim, fraichement débarqué, à qui elle fixe un rendez-vous. Le soir même, arrivé sur les lieux, il tombe sur Zaida qui affronte alors Fiorillia, elle-même poursuivie par son mari. S'ensuit alors une confusion générale.
Acte 2
Dans une auberge, Selim offre à Geronio de lui acheter Fiorilla, lui permettant ainsi de se débarrasser de ses soucis tout en gagnant un peu d'argent. Geronio refuse, et Selim se met alors en tête de voler Fiorilla. Cette dernière arrange une rencontre entre elle-même, Zaida et Selim, afin que celui-ci soit forcé de choisir entre l'une des deux femmes. Zaida part, déçue par l'indécision de Selim.
Geronio est averti qu'une fête va avoir lieu, où Fiorilla sera pour y voir Selim, qui sera masqué. Geronio décide d'y aller déguisé en turc. Narciso entend tout celà, et désire prendre avantage de la situation pour séduire Fiorilla, cette dernière l'ayant déjà rejeté par le passé. De son côté Albazar apparaît, avec dans ses mains un costume pour Zaida.
La fête venue, dans une salle de bal, Fiorilla confond Narciso pour Selim, qui la prend à son bras. Pendant ce temps, Selim fait son arrivée aux côtés de Zaida, qu'il croit être Fiorilla. Geronio est complètement désespéré, découvrant les deux couples et les deux Fiorilla. Plein de confusion et de colère, il tente d'arrêter les deux couples, qui parviennent à s'enfuir.
De retour à l'auberge, Albazar annonce à Geronio que Selim compte finalement rester avec Zaida, et Geronio comprend que Fiorilla est avec Narciso. Prosdocimo lui conseille de menacer Fiorilla de divorcer et de la renvoyer à sa famille.
Après avoir découvert le tour joué par Narciso, Fiorilla tente de retrouver Selim, mais ce dernier est déjà parti avec Zaida. Elle rentre chez elle où elle trouve une lettre de divorce et la maison vide de tous ses biens. Dévastée par la honte, elle est rapidement abandonnée par tous ses amis.
Sur une plage, Selim et Zaida sont sur le point d'embarquer pour la Turquie, tandis que Fiorilla, au même endroit, cherche un bateau qui pourra la ramener dans sa ville de naissance. Geronio la retrouve et la pardonne. Les deux couples sont finalement réunis et Prosdocimo est ravi de cette fin heureuse.
"Il Turco in Italia", distribution Opéra Grand Avignon
Miguel Campos Netto
Direction musicale
Détenteur d’un master en direction d’orchestre par l’école new-yorkaise Mannes School of Music, Miguel Campos Neto est à sa douzième saison comme directeur musical et artistique de l’Orchestre Symphonique du Teatro da Paz, à Belém, Brésil. Il est aussi le directeur musical du Festival d’Opéra de ce même théâtre, ainsi que de l’Orchestre symphonique de l’Université du Para « Altino Pimenta ». Pendant douze ans, il a été chef attitré du Jeune Orchestre Vale Musica, et pendant les quatre dernières années, du Jeune Orchestre Wilson Fonseca, à Santarem. Récemment, Campos Neto a été nommé Directeur Lauréat du Chelsea Symphony, l’orchestre dont il a été un des fondateurs, à côté d’Yaniv Segal, et aussi directeur artistique pendant cinq ans.
Jean-Louis Grinda
Metteur en scène Né à Monaco en 1960, de nationalité monégasque, marié et père de quatre enfants, Jean-Louis Grinda baigne dans l’univers de l’opéra depuis son enfance.
Guido Locosonlo (baryton)
Selim
Le baryton de basse italien Guido Loconsolo a été membre du programme des jeunes artistes du Teatro alla Scala à Milan jusqu’en juin 2007. Pendant son séjour à La Scala, il est apparu comme Guglielmo dans Cosi Fan Tutte, le Comte dans Le nozze di Figaro, et Paolo dans un concert de Simon Boccanegra, dirigé par Daniele Gatti. Guido Loconsolo a été acclamé pour ses performances dans plusieurs des plus grands opéras du monde, y compris le Metropolitan Opera, le Teatro alla Scala, l’Opéra d’État de Berlin, le Théâtre Bolchoï à Moscou, l’Opéra de Rome, le Teatro Real à Madrid, le Teatro Regio à Turin et Semperoper Dresden.
Florina Ilie (soprano)
Fiorilla
Née à Bucarest, la soprano roumaine y obtient son diplôme à l’Université de Musique Ciprian Porumbescu et participe aux master classes soutenues par Marina Krilovici et Maria Diaconu. À Vienne, Florina Ilie poursuit ses études à l’Universität für Musik und darstellende Kunst auprès du prof. Karlheinz Hanser, participe aux master classes de Krassimira Stoyanova et se perfectionne à la ISA Sommerakademie, en tant que vainqueur d’une bourse d’étude. Nombreux premiers prix aux Concours de chant nationaux (Paul Constantinescu, Ionel Perlea, Sabin Dragoi, Ada Burlui), ainsi que le prix spécial au Concours International Otto Edelmann de Vienne.
Gabriele Ribis (baryton)
Don Geronio
Né à Cividale del Friuli (Udine, Italie), diplômé en littérature et philosophie. Gabriele Ribis est diplômé en clarinette au Conservatoire "Jacopo Tomadini" à Udine. Entrepris en privé l’étude du chant, en 1995, il fait ses débuts d’opéra à 21 ans, sous le nom de Malatesta in Don Pasquale de Gaetano Donizetti à Udine.
Patrick Kabongo (ténor)
Don Narciso
Véritable ténor Rossinien, Patrick Kabongo est originaire du Congo et de nationalité française, Patrick Kabongo est attiré par le chant dès son plus jeune âge. Il fait des études supérieures d’ingénieur tout en pratiquant avec enthousiasme le chant choral. C’est à la suite d’un Requiem de Mozart donné à Kinshasa qu’on lui propose une bourse pour aller étudier au Conservatoire Royal de Bruxelles. Le rêve devient peu à peu réalité.
Giovanni Romeo (baryton)
Prosdocimo
Le baryton milanais Giovanni Romeo est l’un des plus jeunes talents italiens qui se sont établis sur les scènes d’opéra les plus importantes du monde, telles que le Teatro alla Scala, le Théâtre Bolchoï, l’Opéra d’Atlanta, l’Opéra de Monte-Carlo, le Deutsche Oper à Berlin, le NCPA à Pékin, l’ABAO Olbe à Bilbao, le Royal Opera House Muscat, et bien d’autres. Il a commencé ses études de chant lyrique à l’âge de quinze ans avec la soprano Cristina Dominguez, et il a amélioré ses compétences à l’Académie Teatro alla Scala, grâce à la bourse spéciale « Paolo Montarsolo »
Josè Maria Lo Monaco (mezzo-soprano)
Zaida
Josè Maria Lo Monaco est l’une des mezzo-sopranos les plus prometteuses de sa génération. Après des débuts à la Rossini Opera Festival Academy de Pesaro en 2005 dans le rôle de Melibea dans Viaggio à Reims de Rossini, elle y retourne pour interpréter L’Italiana à Algeri, La Scala di Seta et La Gazzetta. Diplômée du Conservatoire Vincenzo Bellini comme pianiste, Lo Monaco étudie le chant avec la mezzo-soprano Bianca Maria Casoni à Milan. Elle a fait ses débuts à La Scala en 2006 dans la Petite Messe solennelle de Rossini et dans Dido et Aeneas de Purcell et est depuis revenue pour interpréter La Donna del Lago, Oberto, Conte di San Bonifacio et Isolier dans Le Comte Ory aux côtés de Juan Diego Flórez dans une production de Laurent Pelly dirigée par Donato Renzetti.
Blaise Rantoanina
Albazar
Blaise Rantoanina découvre le répertoire classique à Madagascar. Formé au chant dans la classe de Holy Razafindrazaka au centre d’éducation musicale Laka à Antananarivo, il étudie ensuite au CNSM de Paris auprès de Marcel Boone et y obtient le diplôme de Master en 2017. En 2016, il est révélation classique de l’ADAMI, et chante l’année suivante le rôle de Paolino Il Matrimonio segreto dans une coproduction entre le CNSMDP et la Philharmonie de Paris.