- Auteur Jacques Jarmasson
- Temps de lecture 4 min
L’Héritage de Bach transmis par Adam Laloum, l’Orchestre national Avignon Provence et Léo Margue
Virtuosité et émotion se sont unies dans une harmonie parfaite lors du concert Héritages, ce vendredi 4 avril à l’Opéra Grand-Avignon. Un programme aussi audacieux qu’éblouissant interprété par les musiciens de l’Orchestre national Avignon-Provence et le virtuose pianiste Adam Laloum, sous la direction musicale époustouflante du jeune chef Léo Margue, nommé dans la catégorie « Révélation, chef d’orchestre » aux Victoires de la musique classique 2024.

Adam Laloum, pianiste – Léo Margue, chef d’orchestre ©Jacques Jarmasson
Vendredi 4 avril 2025, l'Opéra Grand Avignon a été le théâtre d'une soirée musicale d'une rare intensité, sous le titre de « Héritages », concert symphonique au programme de la saison 2024-2025 de l'Orchestre national Avignon-Provence. La baguette inspirée de Léo Margue, nommé dans la catégorie "Révélation, chef d’orchestre" aux Victoires de la musique classique 2024, a permis aux musiciens de l'orchestre d’offrir un concert aussi audacieux qu’éblouissant, où le fil conducteur était l’héritage lumineux de Jean-Sébastien Bach. Dès les premières notes du Concerto pour piano n°1 de Jean-Sébastien Bach, magnifiquement interprété par Adam Laloum, le public a été saisi par la limpidité et la ferveur de l’exécution.

L'Héritage musical de Jean-Sébastien Bach
Adam Laloum, fidèle héritier du Concerto pour piano n°1 de Bach
Si ce chef-d'œuvre de Bach fut originellement conçu pour clavecin et orchestre, il trouve sous les doigts de Laloum, sur piano moderne, une résonance singulière, d’une intensité et d’une profondeur sidérantes. Dès le premier mouvement, l’énergie rythmique et la tension dramatique captivent l’auditeur, avec des échanges serrés entre le soliste et l’orchestre. Le deuxième mouvement, plus lyrique, révèle toute la profondeur expressive de Bach, tandis que le final retrouve une fougue irrésistible. C’est une œuvre phare du répertoire baroque, où la rigueur contrapuntique côtoie une intensité presque romantique.
Le son, la clarté du phrasé, la souplesse du jeu, et cette capacité à faire chanter chaque note du pianiste virtuose, ont révélé l’essence même de cette partition, d’une richesse intemporelle. En bis, Adam Laloum a emporté le public dans l’univers Brahms, avec l’Impromptu opus 117, soulevant de nouveau un formidable enthousiasme.
La surprenante Partita de Vítězslava Kaprálová
La surprise est venue de la Partita pour piano et cordes de Vítězslava Kaprálová, pièce saisissante et d’une grande expressivité. L'Orchestre national Avignon-Provence, sous la direction vibrante d’un Léo Margue à l’énergie impressionnante, a su en restituer les moindres nuances, en parfaite harmonie avec le jeu habité d’Adam Laloum. Un moment suspendu, bouleversant, où chaque note semblait résonner comme un hommage poignant à son autrice. En effet, la Partita pour piano et cordes de Vítězslava Kaprálová, composée en 1939, est une œuvre brillante et profondément émotive, écrite peu de temps avant la disparition prématurée de la compositrice tchèque à l’âge de 25 ans. Alliant la virtuosité pianistique à une écriture orchestrale raffinée, cette pièce en quatre mouvements témoigne d’une maturité exceptionnelle. L’influence de la musique française, notamment de Ravel et de Martinů (son maître), s’y fait sentir, tout en conservant une voix très personnelle. La Partita est une œuvre à la fois lumineuse et grave, lyrique et rythmée, qui révèle toute la sensibilité et la modernité d’une compositrice trop longtemps restée dans l’ombre.

La Symphonie n°1 de Felix Mendelssohn en apothéose
Pour clore cette soirée en apothéose, la Symphonie n°1 de Felix Mendelssohn a fait vibrer les murs de l’Opéra Grand Avignon. Léo Margue a su insuffler à cette partition une force irrésistible, exaltant le souffle romantique qui l’anime. Il faut dire que Mendelssohn, par son génie précoce et son amour de Bach, dont il ressuscita les Passions, était le parfait choix pour conclure cette soirée placée sous le signe de la transmission et de l’immortalité musicale. Composée en 1824, alors que Mendelssohn n’avait que quinze ans, cette symphonie témoigne déjà d’un remarquable sens de la forme et d’une grande maîtrise orchestrale. On y sent l’influence des classiques, notamment Mozart et Beethoven, mais aussi l’élan romantique propre au jeune compositeur. Dès le premier mouvement, l’énergie dramatique emporte l’auditeur, tandis que le second mouvement offre un moment de grâce et de lyrisme. Un menuet élégant précède le final fougueux et virtuose
Le public, conquis, a salué les artistes par une ovation à la hauteur de l’événement, où virtuosité et émotion se sont unies dans une harmonie parfaite.