- Auteur Jacques Jarmasson
- Temps de lecture 6 min
Une soirée de lancement de saison de l’ONAP comme un “Tourbillon” de bonheur
L’orchestre National Avignon-Provence a donné le coup d’envoi de sa saison 2023 / 2024 vendredi 29 septembre dans une ambiance très festive à La FabricA d’Avignon.
© Jacques Jarmasson
Vu le 29 septembre 2023, à la FabricA du Festival d'Avignon, le premier concert symphonique de la saison 2023-2024 de l'Orchestre national Avignon Provence. Tourbillons, une soirée de lancement festive et participative sous la direction musicale de la chef Débora Waldman, avec pour invité de prestige, le jeune pianiste français Guillaume Bellom.
Un sourire pour tous
Accueil jazzy avec l’excellent Quartet Dixie New Orleans, open bar proposé par l’association de quartier Un sourire pour tous avec coin restauration et le Brasseur La Barbaude pour son coin buvette dans la cour de la salle dédiée à l’accueil des artistes du Festival d’Avignon, invitation de 9 personnes du public à écouter la deuxième partie du concert au cœur même de l’orchestre, autant d’éléments pour donner le la d’une soirée (au titre de « TOURBILLONS ») qui se veut avant tout conviviale, familiale (les places étaient gratuites pour les moins de 18 ans) et décontractée, comme l’a précisé Alexis Labat, directeur général de l’ONAP, lors de sa présentation : « Si vous avez envie d’applaudir entre les mouvements, ne vous gênez pas … » Et le nombreux public ne s’en est pas privé, gratifiant les interprètes d’applaudissements nourris, tant l’interprétation du merveilleux programme l’avait séduit.
Guillaume Bellom, un pianiste prodigieux pour un programme de haut-vol !
Débora Waldman, la chef permanente de l’orchestre Avignonnais avait concocté un programme des plus passionnants, avec l’Ouverture les deux jaloux de Sophie Gail, le Concerto pour piano n° 2 de Camille Saint-Saëns, et la Symphonie n° 4 (dite « Italienne ») de Felix Mendelssohn-Bartholdy, et invité le pianiste Guillaume Bellom (déjà venu en Avignon en 2020) pour interpréter l’œuvre de St Saëns. Et quelle bonne idée ! Après l’ouverture de Sophie Gail (on sait à présent que, grâce à la pertinence de Debora Waldman, une compositrice figure dans chacune de ses programmations), l’interprétation de Guillaume Bellom a mis en lumière bien entendu sa technique parfaite, mais aussi sa sensibilité artistique qui provoqua dans le public un grand enthousiasme.
L’émotion fut à son comble, lorsqu’après le final du concerto si brillamment interprété, le pianiste souvent complice de Renaud Capuçon, a interprété en bis le fameux Impromptu Op. 142 n°2 de Schubert. L’émotion était alors palpable dans la salle, les auditeurs étant bouleversés par le toucher si subtil et délicat, voire aérien de Guillaume Bellom. Un moment suspendu dans le temps, à l’intimité soulignée par une lumière plateau du plus bel effet.
Pour clôturer la soirée, l’Orchestre National Avignon-Provence a interprété la quatrième Symphonie de Felix Mendelssohn, avec le talent de ses musiciens et de sa cheffe que l’on connaît. Cette symphonie « Italienne » a été le point d’orgue rêvé pour terminer la soirée.
À l’issue du concert, le public était convié à un pot des plus sympathiques, pour clôturer cette soirée qui se voulait à la fois prestigieuse grâce à la grande qualité des prestations artistiques et aussi très originale par sa conception.
A noter que ce concert a été également donné samedi 1er octobre à La Scène Nationale Le Cratère d’Alès.
Sophie Gail
Sous l’Empire et la Restauration, Sophie Gail (1775 / 1819) fut la première compositrice française à créer des opéras à la scène. Son opéra-comique Les Deux Jaloux fut présenté avec succès en 1813. L’Ouverture séduit par la fraîcheur de son écriture qui installe un ut majeur rayonnant.
Guillaume Bellom
Guillaume Bellom a l’un des parcours les plus atypiques de sa génération, menant des études de violon parallèlement au piano, depuis le Conservatoire de Besançon jusqu’au CNSM de Paris. C’est au contact de personnalités musicales marquantes, telles que Nicholas Angelich et Hortense Cartier-Bresson, qu’il développe pleinement son activité de pianiste.
Finaliste et prix “Modern Times” de la meilleure interprétation de la pièce contemporaine lors du concours Clara Haskil en 2015, il se révèle lors de cet événement dédié à la pianiste roumaine, elle-même violoniste à ses heures. La même année, il remporte le premier prix du concours international d’Épinal et devient lauréat de la fondation L’Or du Rhin, avant de remporter le prix Thierry Scherz des Sommets Musicaux de Gstaad l’année suivante.
Victoires de la Musique 2017
Le grand public le découvre lors des Victoires de la Musique 2017, où il est nommé dans la catégorie “Révélation soliste instrumental”. Il est en résidence à la Fondation Singer-Polignac en tant qu’artiste associé depuis 2018. Il s’est produit en soliste avec l’Orchestre National d’Île-de France, l’Orchestre de Chambre de Lausanne, l’Orchestre National de Montpellier, l’Orchestre National de Lorraine, sous la direction de Jacques Mercier, Christian Zacharias, Marzena Diakun. Il joue régulièrement entre autres dans le cadre du Festival de Pâques d’Aix-en-Provence, et du Festival international de piano de la Roque d’Anthéron, ou encore au Théâtre des Champs Elysées, à l’auditorium de Radio France, à l’Opéra d’Athènes, au Concert Hall de Shanghai, à la Library of Congress de Washington, au Royal Opera de Bombay, au Théâtre Mariinsky de Saint-Pétersbourg, avec des artistes tels que Renaud Capuçon, Paul Meyer, Yan Levionnois, Victor Julien-Laferrière.
Discographie
Sa discographie comporte notamment deux albums dédiés aux œuvres pour quatre mains de Schubert (récompensé par un “ffff” Télérama) et Mozart, enregistrés avec Ismaël Margain pour le label Aparté, un disque en sonate avec le violoncelliste Yan Levionnois, paru en 2017 pour Fondamenta (“ffff” Télérama), un disque en solo paru chez Claves la même année, consacré à Schubert, Haydn et Debussy, ou encore un disque live avec le Quatuor Girard consacré à la musique de chambre de Saint-Saëns pour B Records en 2019.