Bach, concertos pour 2,3,4 pianos … David Fray et l’Orchestre de chambre de Paris au Grand Théâtre de Provence

C'était un concert grandiose ce samedi 1er février 2025, au Grand Théâtre de Provence ! Les plus belles œuvres de Bach, interprétées par des musiciens virtuoses ! L'Orchestre de chambre de Paris, sous la direction musicale du brillantissime pianiste David Fray, avec ses trois invités : les pianistes Jacques Rouvier, Audrey Vigoureux et Emmanuel Christien.
Ainsi le public au grand complet, s'est laissé envoûté par de grandes émotions musicales et l'excellence des interprétations des concertos par 2, 3 et 4 pianistes !

David Fray et l'Orchestre de chambre de Paris, au Grand Théâtre de Provence

Bach, concertos pour 2, 3, 4 pianos

Concerto pour deux pianos en do majeur, BWV 1061 

Les lumières tamisées, reprennent leur couleur jaunâtre, éclairant petit à petit la scène. Entre l’Orchestre de chambre de Paris, sous les applaudissements du public : neuf violons, trois altos, deux violoncelles et une contrebasse le compose. Dès les premières notes, nous sommes submergés par la beauté de la plume de Bach, ici remplie de douceur et de virtuosité. Les cordes, riches en couleur, accompagnent à la perfection le premier duo de pianistes : David Fray et Jacques Rouvier. Nonchalants, ils communiquent avec fluidité et complicité, charmant le public par leur musicalité. Le deuxième mouvement, plus vif, jouant sur le contrepoint, inspire la mélancolie parfois accentuée par quelques ornementations (trilles). À travers ce second mouvement, nous pouvons entendre le phrasé du clavecin (instrument originel de ce concerto : Concerto pour deux claviers en ut majeur) joué avec finesse par les deux musiciens. 

Concerto pour deux pianos en do mineur, BWV 1062

Arrangé d’après le Concerto pour deux violons de Bach, ce concerto, débutant par un mouvement Vivace (vif), plonge notre esprit dans une cour royale. Imbibé de théâtralité, c’est auprès de la pianiste Audrey Vigoureux que David Fray explore plus profondément la polyphonie, marqueuse de l’influence des Concertos brandebourgeois. Fray, absorbé par son piano, interprète d’une manière poignante, les derniers instants du second mouvement. Ce concerto se clôture par un troisième mouvement, vif et passionnel, joué avec finesse par les deux pianistes. 

Concerto pour deux pianos en do mineur, BWV 1060

Rejoint par Emmanuel Christien, David Fray nous offre une nouvelle pièce, trouvant également son origine dans un autre concerto : le Concerto pour violon et hautbois. Le premier mouvement Allegro, est joueur, nous invitant à danser. L’Adagio, plus doux, commence avec les cordes jouant en pizzicato, et devient de plus en plus majestueux. Le troisième et dernier mouvement, retourne vers tempo Allegro, rempli de brillance.

Concerto pour trois pianos en ré mineur, BWV 1063

Pour ce quatrième concerto de la soirée, Emmanuel Christien et David Fray sont accompagnés par Jacques Rouvier, continuant à mettre en lumières leurs incroyables talents. Fray nous offre un phrasé impressionnant, nous coupant le souffle. Jacques Rouvier et Emmanuel Christien interprètent de manière poignante et poétique cet avant-dernier concerto du soir.

Concerto pour quatre pianos, en la mineur, BWV 1065

Notre soirée se termine avec un concerto de Vivaldi reprit par Bach, qui ajoute de nouvelles complexités à la partition : une polyphonie plus complète et des contre-chants. Écrit pour huit mains (quatre pianos), l’intégralité des pianistes se retrouvent, nous offrant un final grandiose. Chaque phrasé est rempli d’élégance, et les passages les plus complexes sont joués avec nonchalance. Le deuxième mouvement, Largo, peut nous faire penser à Claude Debussy et à l’impressionnisme (qui naîtra bien plus tard), avec des passages aux couleurs harmoniques complexes et avec un phrasé « ricochant ». Le troisième mouvement enflamme la scène, terminant ce concert. 

Bach, concertos pour 2, 3 et 4 pianos est un concert époustouflant, rempli de finesse et prouvant une fois de plus, la brillance de David Fray et de l’Orchestre de Chambre de Paris.

Bach, concertos pour 2, 3, 4 pianos, à la découverte des musiciens

David Fray

C’est au Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Paris que David Fray fit ses études de piano, dans la classe de Jacques Rouvier. Très vite, il s’intéresse à la musique de chambre et apprend auprès de Christian Ivaldi et Claire Désert. Plus tard, il reçoit son premier prix en Allemagne : le « Klavier Festival Ruhr », parrainé par Pierre Boulez, et continue à recevoir de nombreux prix dont la « Révélation classique de l’année » par l’ADAMI (Société civile pour l’administration des droits et des artistes et musiciens interprètes) en 2004. Tout au long de sa carrière, il se produit avec les plus grands artistes tels que Paavo Jarvi et Esa-Pekka Salonen dans de nombreuses salles prestigieuses (Carnegie Hall, Festival de Menton, Prague Spring Festival…). David Fray a également travaillé avec plus d’une vingtaine d’orchestres dont l’Orchestre National de Lyon, London Philharmonic et Chicago Symphony.

L’Orchestre de chambre de Paris

L’Orchestre de chambre de Paris, depuis sa création en 1978 par Jean-Pierre Wallez (violoniste et chef d’orchestre français) et Marcel Landowski (compositeur français), s’est imposé en France comme référence de l’orchestre de chambre. Au fil des années, il s’est produit dans de nombreuses salles telles que l’Opéra-Comique, le Théâtre des Champs Élysées et bien d’autres. L’Orchestre de chambre de Paris a également travaillé avec différents grands chefs d’orchestre (Tabita Berglund, Giovanni Antonini Masaaki Suzuki…) et musiciens (dont Lise de la Salle, David Fray et Elisabeth Leonskaja).

Aujourd’hui dirigé par Thomas Hengelbrock, l’orchestre continue à s’engager, notamment par le développement de trois académies : académie d’orchestre (réservée aux étudiants du Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Paris), l’académie de jeunes compositrices et enfin, l’académie de joué-dirigé.

Jacques Rouvier

Jacques Rouvier fit ses études auprès de Vlado Perlemuter et Jean Hubeau parmi d’autres. Au fil des ans, il gagne de nombreux prix tel que le Grand Prix du Disque, et est salué par la critique pour sa musicalité riche et profonde. Il enseigne au Conservatoire Supérieur de Musique de Paris pendant trente-cinq ans, et décide de partir afin de donner des cours au Mozarteum de Salzburg en 2006. 

Audrey Vigoureux 

Virtuose innée, elle débute ses études au conservatoire d’Aix-en-Provence, et les poursuit au CNR de Nice, au CNSM de Paris et à Genève. Très vite, elle est invitée à se produire en tant que soliste partout dans le monde, et gagne de nombreux prix (premier prix au Yamaha Europa et prix de la fondation De Agostini). Durant ses études, elle a également travaillé avec Jacques Rouvier.

Emmanuel Christien 

C’est au Conservatoire National Supérieur de Musique dans la classe de Jacques Rouvier qu’Emmanuel Christien commencera et terminera ses études. Après avoir gagné plusieurs prix (concours Casagrande, concours Vlado Perlemuter), il est invité à se produire en tant que soliste dans de nombreuses salles et festivals importants tels que le Festival Berlioz et le Théâtre des Champs Élysées. Tout au long de sa carrière, il se produit avec l’Orchestre de Paris, l’Orchestre de Caen et l’Orchestre de chambre de Moldavie parmi tant d’autres. Passionné par la musique de chambre, il travaille avec David Fray, Dame Felicity Lott et Jean-Claude Pennetier. Il enregistre plusieurs albums au fil des ans, dont les mélodies de César Cui et l’intégrale des Fantasiestüke de Robert Schyumann.