- Auteur Danielle Dufour-Verna
- Temps de lecture 5 min
Rodin – Ballet Julien Lestel … Quand les statues s’emparent des corps
C’est lors de la 23e édition que le ballet ‘Rodin’, par le chorégraphe Julien Lestel, sera présenté au public le 3 août 2023 dans le cadre du prestigieux festival Pierre Cardin qui aura lieu du 25 juillet au 6 août 2023.
Reportage vidéo spectacle Rodin par la Compagnie Julien Lestel
Le Ballet Julien Lestel danse Rodin au Festival Pierre Cardin, le 3 août 2023 à 22h, dans les carrières du château du Marquis de Sade. Un spectacle vivant, parmi les événements à venir au cœur du Luberon, à ne surtout pas manquer ....
Rodin - par la Compagnie Julien Lestel - Festival Pierre Cardin 2023
Julien Lestel, sa compagnie et ses danseurs
« Pour que l’autre puisse s’exprimer et se révéler »
Enfant du sud – Julien Lestel est né à Narbonne - Julien Lestel part très tôt pour Paris où il est petit rat à l’Opéra de Paris à l’âge de 11 ans. C’est à l’Opéra de Paris d’abord que le danseur fait toutes ses classes et sa carrière, puis au Ballet National de Marseille. En 2007, Julien Lestel crée sa compagnie de danse à Marseille, une aventure qu’il vit pleinement avec de magnifiques danseurs pour ses chorégraphies. S’il a adoré être danseur, interpréter, Julien Lestel a toujours admiré les autres, une véritable fascination pour l’autre. En chorégraphiant, en allant chercher au plus profond de son intime, en étudiant sa mobilité corporelle, ce qu’il y a à délivrer comme message à travers son cœur, il réussit à mettre ‘l’autre’ en valeur. Julien Lestel chorégraphie, non pas pour parler de ses émotions à travers quelqu’un, mais plutôt pour que ‘l’autre’ puisse s’exprimer et se révéler.
Au Musée Rodin pendant le confinement
« Nous sommes ravis d’aller danser à Lacoste, pour ce magnifique festival, dans les carrières du Château du Marquis de Sade, sur une scène en plein air, au milieu de la roche, cette chorégraphie Rodin. »
Julien Lestel n’emploie jamais le Je mais le Nous. On comprend mieux, dès lors, l’hégémonie de la troupe, l’impression de sérénité et de confiance qui s’en dégage malgré le travail intense des danseurs.
Rodin et la danse, une chorégraphie de Julien Lestel
Lors du confinement en 2021, le Musée Rodin à Paris lui ouvre les portes. Totalement immergés dans le lieu, plusieurs petites chorégraphies sont filmées. Il décide d’en faire une chorégraphie à part entière sur les statues et les sculptures d’Auguste Rodin. Raconter la vie de Rodin n’est absolument pas l’idée de ce projet chorégraphique, mais plutôt parler de ses statues. Auguste Rodin figure le geste, le rythme, l’élan, qui révèlent la diversité des expressions humaines : la force contenue du « Penseur », la tension des « Bourgeois de Calais », l’abandon du « Baiser », la puissance du « Balzac »… Parfois, un fragment suffit à suggérer un mouvement, comme « L’Homme qui marche » privé de tête et de bras. Rodin, en quête d’authenticité, fait fi des apparences et cherche à restituer la vérité du corps. Bien au-delà des seules questions de justesse anatomique, le corps en tant que vecteur d’expression des mouvements de l’âme, des passions, mais aussi comme support des fantasmes de l’artiste, constitue en effet, tout au long de sa carrière, une source d’inspiration inépuisable dans sa recherche d’un dialogue entre la beauté de l’idéal antique et le mystère de la nature.
Les sculptures de Rodin en mouvement ...
« Le penseur » ,« L’homme qui marche », « Le baiser », « les trois ombres », « La danaïde »
« En fait, ce sont des statues vivantes. Elles parlent, bougent, on les entend. »
Particulièrement inspiré par l’artiste, envahi d’émotion à la vue de ces corps figés mais tellement mobiles, Julien Lestel les imagine hurlant, criant, désespérés parfois ou simplement abandonnés, fragiles. Les danseurs retranscrivent en gestuelles toutes les émotions qu’on peut ressentir en regardant les statues de Rodin. La troupe envahit le Musée Rodin trois jours durant, s’imprègne des statues. Le travail, passionnant, se fait sur le corps, en partant de l’émotion d’une statue pour le voir sur un corps qui vit, qui respire, avec un cœur qui bat, et pour transmettre l’émotion qui se dégage de la statue.
La chorégraphie, l’arrivée dans un espace hors du temps
Julien Lestel a imaginé des gens dans un musée, qui viennent de la ville. La chorégraphie commence par une longue marche, des pas successifs, très simples, recréant l’entrée dans un musée de visiteurs qui arrivent d’un milieu urbain avec tous les bruits qui s’en dégagent. C’est l’arrivée dans un univers, un espace un peu suspendu. Ces gens qui marchent regardent les statues. Les corps se positionnent à la manière dont on voit les statues. Les dos se courbent, les têtes se lèvent, les bras s’étirent, les genoux se plient, vont au sol puis continuent leur marche. On entre petit à petit dans l’œuvre de Rodin jusqu’à aller dans la porte de l’enfer. La deuxième scène de la chorégraphie est imaginée comme un tapis qui se déroule et les statues qui surgissent au fur et à mesure de ce déroulé à la porte de l’enfer. De ce magma de corps entrelacés, les statues surgissent et prennent forme. On découvre alors « L’homme qui marche », « Le baiser », « les trois ombres », « La danaïde », toutes sortes de statues qu’on peut repérer sur la porte de l’enfer.
Rodin, le 3 août - Festival de Pierre Cardin à Lacoste
« Pierre Cardin a été un des premiers à soutenir ma compagnie…On sait qu’il est ailleurs mais on ressent toujours ses ondes, il est toujours là. »
C’est avec beaucoup d’émotion que Julien Lestel revient dans ce lieu, à Lacoste, chargé de souvenirs très intenses. C’est sa toute première chorégraphie, un duo, « Les âmes frères », que Julien Lestel a présenté avec le danseur Gilles Portes, un matin, très tôt, à Paris, à l’Espace Cardin devant le grand couturier dont il connaissait l’exigence artistique. A la fin, lorsque la salle s’est rallumée, Pierre Cardin était debout, en pleurs en train d’applaudir. De là est née l’amitié entre les deux hommes. Pierre Cardin a suivi toutes les chorégraphies de Julien Lestel qui ont été présentées, l’une après l’autre, à l’Espace Pierre Cardin ainsi qu’au Festival de Lacoste dans le Luberon.
Rodin, chorégraphié par Julien Lestel et magnifiquement dansé par sa compagnie, vient enchanter les roches de Lacoste le 3 août 2023, à 22h. Cette nouvelle création explore les questions de l’impulsion, de l’envol, de la gravité et de l’équilibre dans un esthétisme d’une grande pureté. C’est un spectacle bouleversant à ne rater sous aucun prétexte.