- Auteur Jacques Jarmasson
- Temps de lecture 5 min
Célia Oneto Bensaid et l’Orchestre national Avignon-Provence, un voyage musical au cœur de paysages tout en couleurs
L’Orchestre national Avignon-Provence invitait ce 13 avril dernier Célia Oneto Bensaid. Au programme, une œuvre oubliée d’une compositrice française, le premier Concerto de Marie Jaëll, que la pianiste a interprété avec brio. Pour ne pas déroger à règle, deux autres pièces beaucoup plus connues, comme pour créer un écrin musical à la découverte d’une pièce peu ou pas connue du grand public.
La pianiste Célia Oneto Bensaid avec les musiciens de l’orchestre national Avignon Provence, ce jeudi 13 avril à l’Opéra Grand Avignon, pour un concert “Paysages”. © Jacques Jarmasson
Vu à l'Opéra Grand Avignon, concert symphonique avec la pianiste Célia Oneto Bensaid et les musiciens de l'Orchestre National Avignon-Provence pour un voyage musical parsemé de Paysages entre l'Europe Centrale et l'Écosse. Le concert de ce jeudi 13 avril dans la grande maison d'Opéra d'Avignon n’a pas échappé à la règle que s’est imposée, dans sa programmation 2023, Débora Waldman, cheffe de l’Orchestre National Avignon-Provence : proposer à son public une œuvre d’une compositrice française entourée de deux autres pièces beaucoup plus connues, comme pour créer un écrin musical à la découverte d’une pièce peu ou pas connue du grand public.
Paysages : Bartók - Marie Jaëll - Mendelssohn - Célia Oneto Bensaid et l'Orchestre National Avignon-Provence
Une ouverture de soirée avec les Danses populaires roumaines de Bartók
Et quoi de mieux pour entamer une soirée musicale de façon festive et rythmée que les 6 Danses populaires roumaines de Bartók ? Composées en 1915 et dans sa version pour orchestre en 1917, les brèves Danses populaires roumaines de Bartók n’ont pas pris une ride, invitant (presque …) les auditeurs à se lever de leur siège pour danser sur ses rythmes effrénés, notamment sur la 6ème danse, interprétée avec brio par l’orchestre national. Dans le public, constitué de nombreux jeunes grâce à la politique d’accueil d’établissements scolaires menée par l’ONAP, quelques personnes se sont laissées aller à fredonner (discrètement …) Un signe très positif et encourageant pour cette formule.
Célia Oneto Bensaid invitée pour interpréter Marie Jaëll
L’Orchestre National Avignon-Provence, sous la direction musicale de Débora Waldman, avait invité la pianiste virtuose Célia Oneto Bensaid pour interpréter le Premier Concerto de Marie Jaëll. Une compositrice que connaît bien la pianiste, puisqu’elle a enregistré en 2022 ses Pièces pour piano d’après une lecture de Dante, Ce qu’on entend dans l’enfer, le purgatoire, le paradis. Marie Jaëll, qui fut à la fois une compositrice réputée et une pédagogue en vue du piano, avait dédié son premier concerto à son professeur Saint-Saëns.
Dans l’interprétation de ce concerto, Célia Oneto Bensaid a fait preuve d’une technicité à toute épreuve. Sur ce plan, le concerto de Marie Jaëll est d’une exigence remarquable, mais la concertiste s’est jouée des difficultés avec une apparente facilité, maîtrisant parfaitement sa technique pianistique. Mais la musique n’est pas que de la technique instrumentale, loin s’en faut. Dans le 2ème mouvement du concerto, la soliste a pu livrer toute sa sensibilité musicale, créant une forte émotion à un public sous le charme.
La Symphonie n°3 de Mendelssohn pour un final héroïque
C’est par la symphonie n°3 dite « Ecossaise » de Félix Mendelssohn que la soirée s’acheva.
En 1829, Mendelssohn se rendit à Édimbourg où il visita le château de Marie Stuart, source d’inspiration de sa Troisième Symphonie. Cette œuvre attachante, parcourue d’un souffle épique, accentue les contrastes. Portée par un chant victorieux, elle mène à un final héroïque.
À propos de la pianiste Célia Oneto Bensaid
Baignée dans l’art dès son enfance, Célia Oneto Bensaid choisit de raconter les histoires au piano. Elle obtient cinq prix avec les meilleures distinctions au Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris en piano, direction de chant, accompagnement vocal, accompagnement au piano et musique de chambre. Elle se perfectionne également à l’École Normale A. Cortot dont elle sort avec le diplôme supérieur de concertiste.
Personnalité singulière et engagée, Célia choisit avec soin les répertoires qu’elle défend sur scène et qu’elle présente volontiers afin de les rendre accessibles : c’est ainsi que les répertoires de musique américaine (comprenant ses propres transcriptions), musique française, musique d’aujourd’hui, et de compositrices tiennent une place importante dans ses programmes.
Si elle crée ainsi de nombreuses pièces, chambriste recherchée, on la retrouve sur scène notamment aux côtés de Renaud Capuçon, Violaine Despeyroux, Elsa Dreisig, Marie-Laure Garnier, Olivia Gay, Léa Hennino, Héloïse Luzzati, Fiona McGown, Raphaëlle Moreau, Xavier Phillips, François Salque...
En 2018, la talentueuse pianiste sort son premier disque solo “American Touches” consacré aux américains Gershwin et Bernstein, comprenant ses transcriptions d’œuvres orchestrales. En 2022, paraît « Songs of Hope » avec sa partenaire la soprano Marie-Laure Garnier, croisant negro-spirituals et mélodies à caractère sacré (TTT de Télérama, 5 étoiles Classica etc.) ainsi qu’une monographie des œuvres inédites de Charlotte Sohy dont Célia enregistre la sonate pour piano, le trio avec piano ainsi que pièces de genre et mélodies (label La Boîte à pépites – Diapason découverte, Diamant de Opéra Magazine etc.)
Marie Jaëll, pianiste, compositrice et pédagogue française
Enfant prodige, Marie Jaëll, née Trautmann en 1846 au nord de l’Alsace, bénéficia d'une formation musicale tout d'abord en Allemagne, de par la proximité alsacienne, puis au Conservatoire de Paris où elle obtint brillamment le Premier prix en 1862, après seulement 4 mois de cours.
La future compositrice suit les enseignements (composition) de César Franck et de Camille Saint-Saëns.
La compositrice est également connue comme pianiste virtuose, mais c'est la composition qui la passionne. Saint-Saëns écrit : « Mme Marie Jaëll ne veut plus que l’on parle de son talent de pianiste. Elle en est rassasiée et ne vise qu’à la haute composition. Ses premiers essais ont été tumultueux, excessifs, quelque chose comme l’irruption d’un torrent dévastateur ».
Un torrent que Célia Oneto Bensaid a su dompter avec élégance et grande habilité lors de ce concert symphonique avec les musiciens de l'Orchestre National Avignon-Provence.