- Auteur Jacques Jarmasson
- Temps de lecture 5 min
Avignon : « Eve et Adam », l’histoire revisitée d’Adam et Ève par Isabelle Georges et Frederik Steenbrink
« Merci ! Merci ! Merci ! Merci d’avoir osé, merci d’avoir pris le risque de venir assister à une création, qui sort des programmations habituelles des opéras classiques. Merci d’avoir bravé la pluie, votre présence nous fait chaud au cœur ! » c’est en ces termes et d’une même voix, qu’Isabelle Georges et Frederik Steenbrink, les deux solistes de l’œuvre de Bruno Fontaine mise en scène par Mirabelle Ordinaire a remercié le public Avignonnais lors de cette création réalisée à l’Opéra Grand Avignon vendredi 1er décembre.
Isabelle Georges – Georg Köhler – Frederik Steenbrink © Jacques Jarmasson
Vu à l'Opéra Grand Avignon, "Eve & Adam", la création de l’œuvre (dite comédie musicale poétique) avec Isabelle Georges et Frederik Steenbrink sous la direction musicale de Georg Köhler, dans le cadre de la saison de concerts symphonique de l'Orchestre national Avignon Provence 2023-2024.
« Eve et Adam » L’histoire revisitée d'Adam et Eve
Tout est dit dans ce titre « Eve et Adam » où l’inversion des noms remet Eve au premier plan et non au deuxième plan comme on peut le supposer en lissant la « formule » habituelle Adam et Eve. D’autant que, dans la Genèse, la traduction la plus fréquente dit que Dieu a créé la femme à partir d’une côte (tzela) de l’homme. Pourtant, certains spécialistes défendent l’idée qu’il est possible de traduire tzela par « côté », ce qui reviendrait à dire que la femme a été créée « à côté » de l’homme, sans pour autant en être une émanation directe… Eve et Adam n’est ni un opéra, ni une opérette. Il est décrit par les artistes comme un « conte lyrique », expression que nous préfèrerons à celle de « comédie musicale
Isabelle Georges et Frederik Steenbrink
L’excellence des interprètes solistes
A « coté » du message, l’humour est de rigueur. Les rapports de couples sont joliment caricaturés, et Adam (mais aussi parfois Eve) en « prend pour son grade ». Les dialogues entre les deux personnages posent des questions essentielles sur l’homme et la femme (Pardon ! La femme et l’homme …)
Isabelle Georges et Frederik Steenbrink vivent leurs rôles avec conviction et grand talent, tant la musique est loin d’être facile è interpréter. Isabelle Georges a fait montre d’une maîtrise absolue de son rôle et ses interprétations vocales sont tout simplement parfaites. Frederik Steenbrink est lui aussi tout à fait remarquable, sachant que les deux chanteurs comédiens assurent plusieurs rôles chacun.
Ève et Adam, Les personnages
Dieu, aussi appelé Elohim : Créateur de l’univers, créateur du premier homme et de la première femme, créateur de toute chose à vrai dire, de toute végétation et de toute créature vivante. Dans notre Genèse, Dieu sera chanté par une voix de femme.
Adam : Le premier homme, créé par Dieu à partir d’un peu de terre et d’eau. Il est chargé de donner un nom aux animaux qui se présentent à lui.
Ève : La première femme, créée par Dieu. Mais probablement pas de la façon dont on le raconte depuis des millénaires.
Le Récitant : Personnage assez bête, qui raconte l’histoire telle que nous la connaissons. Il ne se pose aucune question. Il n’aime ni réfléchir, ni changer d’avis.
Lilith : Personnage mystérieux, démon au féminin dans la tradition biblique. Dans notre Genèse, si elle est en colère, elle est aussi avisée.
Le Chœur : Composé d’une ou de plusieurs personnes, le chœur sait tout, ou presque. Le chœur pourra conseiller les personnages, et même venir à leur secours.
Le Serpent : Comme toutes les autres créatures, le serpent fut créé par Dieu. Pourtant il veut semer la discorde, et il y parvient !
Noé : Son nom veut dire « consolation ». C’est un homme bon et courageux, il sauvera l’humanité.
Il sera également question de :
Caïn : Fils aîné d’Ève et Adam, doté d’un caractère difficile.
Abel : Fils cadet d’Ève et Adam et donc frère de Caïn, pour son malheur.
L'orchestre national Avignon-Provence, dirigé par Georg Köhler
La co-commande avec l’Orchestre national d’Île-de-France et l’Orchestre de Pau Pays de Béarn en création mondiale, met la partition d’orchestre au premier plan, avec l’orchestre présent sur scène au côté des solistes.
Placé sous la baguette de Georg Köhler, l’Orchestre national Avignon-Provence a été cette fois encore d’une redoutable efficacité, Le chef invité ayant réussi à trouver les équilibres sonores idéaux, permettant à la formation Avignonnaise de restituer une belle luminosité sonore, collant parfaitement aux différentes parties de l’œuvre. Parfois profonde, mais aussi parfois joyeuse, la musique n’est pas sans rappeler d’autres « titres » au thème plus léger, comme « Les Demoiselles de Rochefort » de Michel Legrand. Il faut dire que le compositeur Bruno Fontaine, après avoir fait ses études au CNSM de Paris (Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris), s’est lancé ensuite dans les arrangements musicaux et la composition, et est devenu directeur musical de plusieurs artistes comme Johny Hallyday ou encore Mylène Farmer. Il est également compositeur de musique de films et a été lauréat en 2013 du Grand Prix SACEM pour la Musique à l’image.