- Auteur Viviane Le Ray
- Temps de lecture 8 min
Un bijou de théâtre à Monaco « Les Muses »
Le rêve ultime d’une comédienne, donner vie à un théâtre, à l’essence du théâtre : le partage… Une affiche originale, intelligente, une salle intime, le verre de l’amitié avec les comédiens à l’issue des représentations c’est tout l’esprit du théâtre d’Anthéa Sogno, un défi relevé lancé début 2013… Une histoire d’amour et de passion vécue en famille, l’autre troupe d’Anthea Sogno. La comédienne qui manie avec dextérité la plume, revient du Festival d’Avignon où elle a créé et joué « Sacha Guitry intime », dédié à son auteur fétiche… Intime, l’événement phare de la 11ème Saison sera le retour à Monaco d’un fidèle du Théâtre des Muses : Philippe Caubère, avec « Les Lettres de Mon Moulin » d’Alphonse Daudet…
Rencontre avec Anthea Sogno, comédienne et directrice du théâtre des Muses, à Monaco.
Anthea Sogno : la passion pour guide
"Le théâtre est un temple et non une boutique…"
La profession de foi de « La Muse en chef »
« J’aime le théâtre parce qu’il n’y a rien de meilleur au monde que d’entendre une salle qui éclate de rire. J’adore aussi quand à la fin de la pièce, vous avez des larmes dans les yeux. J’aime le théâtre parce qu’il reste un des derniers endroits où les gens se réunissent pour échanger quelque chose qui ne soit pas marchandise. Le théâtre est une offre, un échange d’amitié et d’amour entre les hommes, une nourriture aussi indispensable à la vie que le pain et le vin… Le théâtre est un temple et non une boutique… »
« Ce qui se dessine pour la 11ème saison 2021-2022 au Théâtre des Muses »
« Nous allons reprendre notre activité de cours de théâtre le 27 septembre, et les spectacles (après la Toussaint) avec une jauge à 70% soit une cinquantaine de places.* Jusqu’aux présentations de la saison 2021-2022 du Théâtre de Muses, la programmation est encore confidentielle mais l’étoile de la saison sera Philippe Caubère avec « Lettres de mon Moulin » d’Alphonse Daudet. La première pièce de la saison ; "Maya, une voix rendra" hommage à Maya Dangelou. Il s’agît de la nouvelle mise en scène d’Eric Bouvron qui nous avait régalé des Cavaliers de Kessel. Un peu plus tard, inspirée de « La La Land » et du film culte « Quand Harry rencontre Sally », un hommage aux maîtres anglo-saxons du genre avec une exquise séance de claquettes : « A ces Idiots qui osent rêver », une comédie romantique avec Marc Pistolesi et l’auteur Céline Devalan, donnée cet été au Festival Off d’Avignon 2021. Pour ma part je jouerai pour la première fois un seule en scène, créé cet été en Avignon : "Sacha Guitry intime ". Dans cette pièce que j’ai écrite d’après leur véritable collaboration, j’incarne la secrétaire de Guitry, qui fut à ses côtés durant 32 ans… Encore une femme formidable restée trop longtemps dans l’ombre.
« Les Lettres de mon Moulin » : Philippe Caubère
« Je dédie ce spectacle à ma fille, Théodora… »
« J’ai lu, - plus que relu, en vérité - les œuvres d’Alphonse Daudet il y a un an de cela, par simple curiosité, pour voir si reviendrait le même plaisir, le même trouble que pendant mon enfance. Emporté par la force de cette écriture, de cette pensée, par ce sens du drame et de la comédie, l’envie m’est venue d’en faire un spectacle. Et même deux différents pour que l’œuvre puisse être donnée dans sa plus grande partie sans que chacune des deux soirées ne dure trop longtemps. Je ne vais pas essayer de me lancer dans de grandes théories littéraires ou théâtrales, encore moins politiques… pour m’expliquer ou me justifier sur le choix de monter et jouer cet auteur plutôt que celui-ci ou celle-là. En définitive, la seule chose qui m’a vraiment motivé, c’est l’envie de m’amuser et d’amuser les autres, petits et grands. Et si possible, de les toucher. À part une autre, plus particulière et personnelle : après l’Adieu à Ferdinand, je savais qu’un vide se ferait sentir et qu’il me faudrait quelque chose de fort pour ne pas y sombrer. Une chose qui me ramène à l’enfance, la mienne comme celle de tout le monde. L’enfance de l’art aussi. Voilà, juste ça : des histoires, des paysages, des personnages, des accents. Et un pays. Le mien : la Provence : Je dédie ce spectacle à ma fille, Théodora. »
La vision théâtrale de Philippe Caubère des « Lettres » d’Alphonse Daudet
« Attention ! Ceci n’est pas une lecture… Je sais ce qu’est une « lecture jouée » pour avoir souvent sacrifié à l’exercice. Tous mes spectacles bâtis sur des textes qui n’étaient pas de moi : Aragon, Montcouquiol, Benedetto, Suarès ou Pagnol, sont tous passés par cette étape. Et puis Alain Cuny avec Claudel, Fabrice Luchini avec Céline, Jouvet et d’autres, plus près de moi Michel Galabru avec les lettres de Raimu, et plus récemment encore, l’équipe du « Souffle d’Avignon » pour Serge Valetti, ont donné et donnent à ce genre ses titres de noblesse. Mais je vous le dis franchement, quelques valables que soient ces exceptions, la lecture, jouée ou non, reste pour moi le degré zéro du théâtre. Apprendre le texte m’en paraît être le degré un, le mettre en scène le degré deux, et le jouer, sauf qu’attention : le bien jouer, le degré trois… » (Spectacle en deux soirées à partir 22 Mai et pour une semaine).
Le « Théâtre des Muses » une belle histoire de famille et de passion…
Le théâtre est bâti sur les piliers de quatre générations de femmes : Michèle Otto-Bruc, la mère d’Anthea et ses deux tantes: 30 ans de création dans la mode « La Squadra », la fille de Michèle « Anthea » que son arrière-grand-mère avait déjà rebaptisée « Sarah Bernardt ». Le Théâtre des Muses est un écrin de 100 places niché dans un décor imaginé par les belles âmes qui hantent le lieu. En ruines, il a repris vit en deux ans par la volonté farouche de ces quatre femmes hors du commun qui depuis « reçoivent les comédiens à la maison » et le public avec chaleur et élégance…
A propos de four... à pain !
L’ancien four à pain du boulanger du quartier flamboie au cœur du fond de scène, symbole d’un passé que nous conte Anthea « Cette demeure devint en 1930 celle de mes arrières grands-parents Otto-Bruc, qui à force d’un travail acharné, fondèrent la Laiterie Moderne de Monaco. Dans cet entresol qui servit d’abri pendant la guerre, de refuge pour ceux qui avaient froid, de lieu de réunion du quartier, un boulanger décida d’installer son four. Témoin du passé que l’on a d’ailleurs conservé au cœur de la scène. Ici, durant des décennies, son foyer assura à la population son pain quotidien. Aujourd’hui c’est une autre nourriture qu’il produit, celle du cœur et de l’esprit. La chaleur humaine dont notre XXIème siècle, bardé d’écrans solitaires et de mondes virtuels a le plus grand besoin...
Les marteaux piqueurs ont fait place aux 3 coups...
« J’aime le théâtre parce qu’il est une cabane exceptionnelle où tout est permis, où tout est possible, où l’artiste demeure libre.. » telle est la philosophie d'Anthea... Le gendarme et ses « 3 coups » ont ici toujours droit de cité annonçant les mots de Molière, Marivaux, Musset, Hugo, Feydeau, Pagnol, tous comme ceux de nos contemporains. Pour le premier lever de rideau (11 ans déjà !) : « Quoi de neuf ? Sacha Guitry ! » : un hommage de et par Anthea Sogno à son auteur fétiche (600 représentations à Paris), Les lumières étaient alors l’œuvre d’un artiste qui fît les belles heures du Cabaret « Folie Russe » de Monte-Carlo : André Cheval, entré à Bobino à 14 ans, éclairagiste de Barbara, Ferré, Brassens, dont la lumière s’est éteinte il y a deux ans, mais veille sur « Les Muses » qui n’ont pas la mémoire courte !
L’Atelier pédagogique des Muses propose…
« Écartez toute idée de jugement et grâce au développement de l’écoute, d’un peu de technique et d’un grain de folie, ouvrez-vous aux joies du jeu spontané ! »
Des cours d’initiation : Commedia dell’arte, improvisation, méthode Stanislavski, découverte du théâtre classique et contemporain. Des stages encadrés par des professeurs et comédiens professionnels. A la clef des spectacles en fin d’année. Message de la Muse en chef à ses élèves : « Écartez toute idée de jugement et grâce au développement de l’écoute, d’un peu de technique et d’un grain de folie, ouvrez-vous aux joies du jeu spontané ! »
*dans le respect des règles et des normes sanitaires: Gel hydro-alcoolique, distanciations sociales, masques obligatoires dans l’enceinte du théâtre, sauf sur la scène qui sera suffisamment éloignée des sièges puisque nous retirerons deux rangs, et où nous pourrons mettre « bas les masques… » pour nous exprimer librement.
Informations pratiques du Théâtre des Muses
45, bd du jardin Exotique - Tél. : + 00 377/97 98 10 93 - Programme sur : www.theatredesmuses.fr