- Auteur Viviane Le Ray
- Temps de lecture 12 min
L’histoire romanesque des villas de légende de Cap d’Ail …
Huit villas de légende au Cap d’Ail : celle de Greta Garbo, Sacha Guitry, les Frères Lumières, Churchill, le frère du Tsar Nicolas II, le Roi des Belges et l’Impératrice de Russie … À la découverte d’une histoire romanesque pour chacune d’elle.
Dans un écrin de verdure ou face à la Méditerranée, découvrez l'histoire des huit villas de légende de Cap d'Ail, au temps de la belle époque. Un éden sur la Côte d'Azur, à côté de Nice, aux portes de Monte-Carlo.
Au début du XXème siècle, Gabrielle Rénal, auteur du roman L’Infante à la rose, de la célèbre pièce théâtre Une soirée chez la Princesse Mathilde, écrit depuis sa villa Mirasol en hommage à la cité l’inspire:
«Cap d’Ail, s’élève comme un autel de fleurs voué à son Dieu primitif, Apollon».
Une pléiade de villas de légende sont nichées au sein d’un écrin de verdure, de mer et de ciel bleu, un havre de paix pour ces belles d’antan, belles endormies hantées par l’âme de leurs illustres hôtes : le frère du Tsar Nicolas II, la Reine Victoria, Winston Churchill, les frères Lumière, Sacha Guitry. Greta Garbo « La Divine » fera de la villa « The rock », sa thébaïde, son refuge, son île du bout du monde…
Villas de légende au Cap d'Ail : N°1
Sur « The Rock » plane l’ombre solaire de «La Divine»
C’est aux alentours de 1910, qu’un certain monsieur Pisani, fait édifier sur un promontoire rocheux battu par la mer, à la pointe d’un cap du sentier du littoral, une villa rectangulaire à l’escalier de marbre en fer à cheval, qui un beau jour de 1939 séduira l’américain d’origine russe George Schlee, prospère producteur de théâtre, époux de la styliste russe Nicolaïevna Sanina. Surnommée «Valentina», elle habillait les grands noms du cinéma : Katharine Hepburn, Lynn Fontaine ou Greta Garbo « La Divine ». Garbo aura, avec son époux, une liaison qui défrayera la chronique de la fin des années 40 à sa mort en 1964. La Divine effectuera de multiples séjours à la villa The Rock en compagnie de George mais aussi de Valentina qui n’appréciait guère ces vacances communes… La styliste qui habitait à New York, dans le même immeuble que sa rivale, avait toujours un peu considéré Garbo comme une sorcière. A la disparition de son mari, elle revînt à la villa mais après l’avoir fait exorciser par un prêtre… «The Rock» au milieu de sa végétation foisonnante n’a rien perdu de son charme…
Villas de légende au Cap d'Ail : N°2
La villa « Les Funambules», havre de paix de Sacha Guitry auteur dramatique et grand séducteur …
Cap d’Ail fut le havre de paix de l’homme d’esprit, l’auteur dramatique et comédien qui venait s’y reposer loin de la scène parisienne ; en 1926 il avait fait l’acquisition, grâce aux cachets de sa tournée américaine, de la villa «Gioia mia», vaste demeure blanche flanquée de deux tourelles octogonales, qu’il rebaptiserait «Les Funambules». Sacha Guitry y mena ses épouses successives dont Yvonne Printemps et Lana Marconi. C’est aussi à la villa Les Funambules que Guitry écrira plusieurs de ses pièces dont «Villa à vendre», satire inspirée par les mœurs locales (déjà particulières !) dans l’immobilier… Après la disparition du Maître, en 1957, sa cinquième et dernière épouse Lana Marconi la vendit, c’est alors que la villa fut divisée en appartements.
Villas de légende au Cap d'Ail : N°3
Les «Villas Lumière», cocons des inventeurs du cinématographe…
Antoine Lumière, père d’Auguste et Louis, doué du sens du commerce, finance l’invention de ses fils, les incite à organiser des séances cinématographiques payantes : l’affaire devient vite florissante ! Grisé par les rentrées d’argent, atteint de la fièvre de la pierre, il construit à La Ciotat, Evian, Lyon. C’est en 1902 qu’il découvre la Turbie-sur-mer (aujourd’hui Cap d’Ail) où il fait édifier selon ses plans trois grandes villas, cocons de tranquillité, pour lui et ses deux fils ; la plus originale des trois villas sera celle d’Auguste Lumière, bâtie sur un plan en trapèze, avec deux oriels sur cul-de-lampe qui confèrent à la façade toute son opulence. En 1904, l’endettement d’Antoine Lumière s’élève à 1 million et demi de francs or… La Villa d’Auguste Lumière sera rachetée dans les années 50 par le Ministère de l’Intérieur qui en fît la villégiature de son personnel.
Villas de légende au Cap d'Ail : N°4
À «La Capponcina», Sir Winston Churchill écrit, peint, et fête ses noces d’or !
C’est le couturier Edward Molyneux qui fait bâtir en 1926, sur l’emplacement de l’ancien Tir aux pigeons, une villa de style néo-provençal agrémentée d’un patio et d’une longue galerie à arcades dominant la mer, le styliste installe ses ateliers à la villa où il organise des défilés de mannequins très privés. Grand collectionneur d’art, Edward Molyneux possédait dix-sept Renoir, dix Eugène Boudin, sept Vuillard, un Van Gogh, des Bonnard, Monet et Matisse dont il aimait s’entourer… Après la seconde guerre mondiale la villa est acquise par Lord Beaverbrook, ancien Ministre de l’Armement et directeur du quotidien anglais «Evening Standard». Brouillé en 1938 avec Winston Churchill, les deux hommes se réconcilient à la fin de la guerre, le «Vieux lion» viendra alors en villégiature chez son ami avec son chevalet, ses tubes de peinture et ses milliers de notes qui lui serviront à rédiger ses mémoires… Churchill fait «Maire d’honneur» de Cap d’Ail, en 1952, six ans plus tard y fêtera ses noces d’or ! (25, avenue Winston Churchill)
Villas de légende au Cap d'Ail : N°5
Au « Château des Terrasses», le frère du Tsar Nicolas II soigne sa phtisie…
Troisième villa Belle Époque construite à Cap d’Ail, le Château des Terrasses connaît son heure de gloire lorsqu’en 1895, le Grand Duc Georges Alexandrovitch, frère du Tsar Nicolas II, séjourne sur le littoral azuréen pour y soigner sa phtisie, vite rejoint par sa mère, l’impératrice Maria Feodorovna accompagnée du Prince Michel et de la Princesse Olga, le Grand Duc reçoit la visite du Président de la République française Félix Faure, ce fut ensuite au tour de sa cousine la Reine Victoria de visiter le Grand Duc... Acquise un temps par Melle Losse, ancienne Prima Donna de l’Opéra de Saint-Pétersbourg dans les années 30, le Château passe aux mains du vice-consul d’Angleterre, Mr Buckingham. En 2001, la villa sera cédée par son fils à la ville de Cap d’ail. La villa avait subi les affres du temps, elle n’avait plus l’allure majestueuse d’une demeure de la fin du XIXème siècle… Le 4 septembre 2006, la restauration commence pour les différents corps de métier, sous la direction d’une architecte qui en un an relèvera le défi, conduisant le château des Terrasses à la distinction suprême : « Les rubans du patrimoine ». Entouré d’un parc de 20.000 m² dominant la mer, le lieu est de nos jours très animé : Concerts, festivals, expositions s’y succèdent… (Centre ville au 89, avenue du 3-Septembre)
Villas de légende au Cap d'Ail : N°6
Au «Château Malet», séjournent le Roi des Belges Leopold II, Maria Feodorovna Impératrice douairière de Russie…
En 1890, Sir Edward Malet, ancien Ambassadeur d’Angleterre à Berlin, Président du Golf-Club et du Hambourg Lawn Tennis-Club achète un terrain de 6 hectares, il y fait construire sa résidence d’hiver dont il a fait lui-même les croquis… Sir Edward Malet emprunta comme modèles les pilastres du «Palais Zwinger» de Dresdes, les fenêtres du «Palais Episcopal» de Würsburg et du «Palais Sans Souci» de Postdam, il ajouta à l’ensemble 40 statues provenant de la «Villa Canossa» de Rome placées sur la balustrade du toit et dans les niches de la façade. Le hall de la demeure d’une hauteur de 12m pouvait accueillir plus de 200 personnes, le salon aux colonnes corinthiennes était en gypse imitant le lapis-lazuli. On y vit, entre autres têtes couronnées : le Roi des Belges Leopold II, l’ex-Impératrice Eugénie, Maria Feodorovna Impératrice douairière de Russie, Albert, Roi de Saxe… Les temps vont changer, les visiteurs aussi : En 1927, on y entend une chanteuse populaire, Yvette Guilbert, dont le style enchante le nouveau Gotha de la Côte d’Azur… Seule demeure aujourd’hui la salle de bal, autour de laquelle tout fut reconstruit, et deux pavillons de gardien encadrant la grille d’entrée…
Villas de légende au Cap d'Ail : N°7
« Roc Fleury », villa typique d’inspiration italienne
D’inspiration italienne typique des années 1900, « Roc Fleury » fut à l’origine un hôtel- restaurant spécialisé dans les poissons et fruits de mer, connu dans les années 1910 sous le nom de « Hôtel Réserve du Cap-Fleury ». Propriété de la marquise Buccico dans les années 20, en 1921, appartient à la famille Cottenot, depuis trois générations de médecins s’y sont succédées. Par son emplacement, à deux pas de Monaco, son environnement, son histoire et son architecture, ce site touristique est ouvert au public à certaines périodes de l’année et accueille des activités culturelles. Une des particularités de son jardin réside dans la présence d’une palmeraie de variété Phoenix (dont l’introduction sur la côte d’azur remonte à 1864). Ces palmiers, aujourd’hui plus que centenaires, sont des présents offerts par ses patients au propriétaire, le Docteur Cottenot. Tous les ans a lieu à Roc Fleury, l’exposition d’art contemporain des jeunes artistes appartenant au groupe No-made qui établit ses quartiers d’automne à la villa durant tout le mois septembre…
Villas de légende au Cap d'Ail : N°8
« Les Camélias », aujourd’hui villa-musée
La Villa Belle époque « Les Camélias » témoigne du passé culturel de Cap d’Ail. Le rez-de-jardin est dédié à la découverte de l’histoire singulière de la cité à travers des objets et d’innombrables clichés allant de la fin du XIXème aux années 50, qui racontent la vie des cap d’aillois, leurs loisirs, leurs fêtes, leurs paysages quotidiens… Les étages, quant à eux, présentent une collection exceptionnelle de peintures, de dessins et d’émaux de l’artiste basque Ramiro Arrue. Au début du XXème siècle, parallèlement à une population locale aux valeurs fortes, la gentry internationale y prenait ses quartiers d’hiver, suivie par de nombreuses personnalités du monde des arts et des lettres. Dans le jardin intime, plus ou moins sauvage, le visiteur des oliviers plus très jeunes côtoyant des caroubiers centenaires, des mimosas, un jeune ginko biloba, des arbres de Judée, des bougainvilliers, des jasmins parfumés, et comme il se doit des camélias ! Plus insolite : les iris voisinant avec les tomates, les rosiers flirtant avec les salades, acanthes et agapanthes, pelargoniums et pommes de terre !
Informations pratiques Villas de Légende du Cap d'Ail :
Horaires, jours de visites, itinéraires : Bureau d’Information Touristique de Cap d’Ail (centre ville) – Tél. : 04 93 78 02 33