- Auteur Danielle Dufour-Verna
- Temps de lecture 8 min
Marseille, contée par ses monuments… Histoire et Patrimoine
Marseille, contée par ses monuments – L’Histoire du patrimoine de Marseille du 19ème siècle à aujourd’hui. Marseille, la cité phocéenne riche de ses monuments historiques.
Patrimoine de Marseille, l'histoire d'une culture contée par ses monuments
Le site dans lequel se développe Marseille est souvent défini comme un amphithéâtre naturel, délimité par une série de massifs calcaire qui descendent vers la mer à travers une succession de collines et de terrains plats. La spécificité paysagiste est caractérisée par un tracé de corridors écologique, en partie lié aux cours d’eau et principalement constitués d’espaces naturels non édifiables ou en devenir. Les vues sur la rade ou sur ses massifs majestueux sont nombreuses et spectaculaires quand on arrive dans la ville en parcourant les infrastructures autoroutières. L’histoire de Marseille, aussi bien du point de vue urbanistique qu’économique et social, est un exemple de forte articulation entre port, cité et territoire.
Le Patrimoine de Marseille au 19ème Siècle
Patrimoine matériel, patrimoine culturel, patrimoine immatériel de la Cité Phocéenne
Le XIXe siècle est une période de transformation décisive dans l’histoire urbaine et économique de Marseille. Au début de ce siècle, l’apparition de navires à vapeur ainsi que l’augmentation du trafic maritime rend la capacité d’accueil du Vieux Port de Marseille insuffisante. La décision est prise d’entreprendre la construction d’un port marchand au nord de la ville, du côté de la Joliette, seul endroit où l’eau est assez profonde pour accueillir les imposants bateaux. Cet immense chantier débute en 1844 par la création du bassin de la Joliette, construit sur la mer et relié au Vieux-Port par le creusement d’un chenal entre le fort Saint-Jean et l’église Saint-Laurent.
Le patrimoine de Marseille vers la moitié du XIXe siècle
Le port ne répond plus aux multiples exigences de la marine marchande et se construisent de nouveaux bassins au Nord de la ville.
On assiste à une conquête progressive du littoral de la part, non seulement des structures portuaires accompagnées de la présence d’établissements industriels et de dépôts, mais aussi de nouveaux quartiers d’habitations destinés à la population ouvrière. A cette profonde transformation correspond un exode toujours plus marqué de la bourgeoisie vers les quartiers méridionaux, instaurant une séparation nette entre activité économique et lieu de résidence, entre classe modeste et riche, une fracture encore visible aujourd’hui.
Sous l’impulsion de la révolution industrielle, l’extension portuaire se poursuit par la création d’autres bassins, permettant l’accostage des navires toujours plus nombreux, puis par l’édification d’infrastructures telles que le bâtiment des docks ou le percement de la rue Impériale (actuelle rue de la République). Ces aménagements vont faire de Marseille le port français le plus important, à la veille de la Première Guerre mondiale. La façade maritime nord de la ville est profondément modifiée, passant d’un paysage rural du XVIIIe siècle à un paysage industriel du XIXe siècle. Le port moderne de Marseille devient une plaque tournante de main-d’œuvre, de matières premières et de marchandises.
Dans la première moitié du XXe siècle, Marseille devient le plus grand port colonial français
Grâce à sa position stratégique en Méditerranée, de nouvelles transformations sont alors nécessaires dans la structure portuaire, qui vient perpétuellement transformés jusqu’à la construction de nouveaux bassins à Fos, à 50 km à l’ouest de la ville. Le bassin de la Joliette, lieu de transit de toutes les vagues de migration méditerranéenne que connaîtra Marseille, est restructuré à partir de 1929 par la création de quatre môles. Ils sont construits sur des remblais et portent les noms de J1, J2, J3 et J4, l’initiale faisant référence à la Joliette. Le J4 est le plus proche du fort Saint-Jean. L’implantation du bâtiment J4 du Mucem sur cet ancien môle portuaire correspond à une volonté de revalorisation de l’histoire et de la mémoire des populations méditerranéennes qui ont traversé et façonné ce lieu.
La conjoncture économique et la crise pétrolière des années 1970 frappent très gravement l’économie marseillaise. Le déclin de l’activité industrielle et portuaire a un impact négatif sur les tissus sociaux et urbains. Les administrateurs de la ville réfléchissent à la reconversion du port et de l’économie marseillaise vers une forme de sous-traitance. Face à un taux de chômage préoccupant, les pouvoirs publics entreprennent au début des années 1980 une politique de régénération urbaine, en commençant par les quartiers du centre historique autour du Vieux Port, depuis toujours lieux d’accueil et de transit d’ondes migratoires internationales.
Du projet Euroméditerranée à la Capitale européenne de la culture
Devant ces difficultés, l’Etat, en accord avec les pouvoirs publics locaux, lance en 1995 une opération de requalification urbaine sans précédent en Europe : Euroméditerranée.
Cette opération est conduite à travers un organisme public chargé de la planification urbanistique dont les missions intéressent aussi le développement économique et immobilier et la réalisation de services et d’espaces publics.
Les évènements liés à Capitale Européenne de la culture 2013 ont contribué à renforcer les dynamiques en acte, consolidant le rôle de nouveau pôle tertiaire et culturel urbain. Dans le périmètre d’Euroméditerranée sont accueillies de nombreuses initiatives culturelles faisant recours aussi bien à de nouvelles architectures qu’à la reconversion d’édifices industriels, créant ainsi un véritable front de mer culturel, capable de modifier l’image de la ville. La piétonisation du Vieux-Port a permis de faciliter la réunion avec d’autres secteurs du centre historique.
La reconversion du môle J4 en MUCEM (Musée des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée), la Villa Méditerranée et du Fort Saint Jean ont fait émerger un nouveau pôle culturel urbain, de dimension régionale et nationale, accompagné de la systématisation d’espaces publics entre le fort Saint Jean et la place de la Joliette, obtenus grâce à l’enterrement de l’autoroute A 50. Cette place, historiquement liée aux activités portuaires, est devenue aujourd’hui un nœud important de la reconfiguration du quartier, entre édifices directionnels, espaces commerciaux et nouvelles activités culturelles, grâce également à une station de métro et à la ligne de tram qui en ont fait la porte d’accès à cette neuve polarité urbaine centrée sur le commerce et les loisirs. Si cela a profondément modifié le littoral, introduisant une nouvelle relation entre ville et mer, l’aménagement de l’espace public a été pensé plus comme support à des flux vers d’autres activités que comme une succession de lieu de rencontre et de socialité. La rare présence de quais et la grande dimension d’espace réservée aux piétons découragent une quelconque forme d’appropriation de l’espace public.
La restructuration de l’édifice des Docks, a été complétée par la transformation en une succession de commerces et de restaurants, la construction d’un grand centre commercial réalisé dans le périmètre du Port Autonome, amis au-dessus des quais, au nom évocateur de Terrasses du Port.
La porte 4
Là où la colline approche le périmètre du port et où le faisceau d’infrastructures se resserre par rapport à la morphologie du terrain, des structures d’accueil sont proposées pour les passagers des croisières et des hôtels pour les transporteurs routiers. Des connexions piétonnières mènent vers le quartier
À travers ce secteur, c’est le renouveau de l’image de la ville qui est en jeu, notamment par la composition d’une nouvelle façade maritime. L’objectif est de convertir cette zone en un nouveau centre économique et de redynamiser le centre-ville.
Euromediterranée, c’est : le Mucem, mais aussi la Villa Méditerrannée, le Silo et sa salle de spectacle, le Fonds Régional d’Art Contemporain, le projet Euromed Center et son multiplexe de cinéma, la Fondation Regards de Provence... C’est dans le cadre de ces orientations urbaines que le projet du Mucem prend place sur l’esplanade du J4.