- Auteur Danielle Dufour-Verna
- Temps de lecture 11 min
Vaison-la-Romaine : Histoire, Art et Culture se rejoignent en Pays Voconces
Vaison-la-Romaine, où les Dieux du chant, de la musique, de la danse et de la poésie ont élus domicile ; Vaison-la-Romaine, où se mêlent Histoire, Art et Culture, Passé et présent au coeur d’un patrimoine exceptionnel, pour construire un écrin au futur des hommes.
Vaison-la-Romaine, un coin lumineux de Provence. C'est une peinture impressionniste parfaite, nichée dans un paysage aux tons ocre jaune, lavande, vert et bleu, la belle Vaison s’ouvre entre les collines et la plaine traversée par l’Ouvèze. Vignobles, oliveraies, champs de lavande et tournesols. Les sites archéologiques de Vaison-la-Romaine émergent dans la plaine dominée par le géant de Provence, le Mont Ventoux chanté par Pétrarque. Nous sommes en Vaucluse, dans ce pays qui correspondait dans l’Antiquité à la province romaine de la Gaule Narbonnaise.
Vaison-la-Romaine, Vasio Vocontiorum, offre aujourd'hui l'espace archéologique ouvert au public le plus grand et le mieux conservé de France: 15 hectares en plein air insérés harmonieusement dans un contexte urbain et paysager à la beauté radieuse.
Vaison-la-Romaine, cité fédérée
Vaison-la-Romaine, capitale des Voconces, dotée de bâtiments publics somptueux et de domus immenses, était l’une des cités les plus riches de la Gaule romaine. Elle connut son apogée au premier siècle de notre ère. L’Ouvèze qui la traverse, affluent gauche du Rhône, était autrefois navigable. La confédération des Vacantii (qui signifie vraisemblablement « vingt clans »), ethnie d'origine celte, et leur capitale Vario, entrent dans l’Histoire à partir du IIe siècle avant notre ère. Vers 121 av. J-C. en effet, après avoir été défaite par les légions romaines qui intervenaient dans le conflit entre les Salyens et les Massaliotes, la confédération est incluse dans la province de la Gaule transalpine. Les Voconces se révoltent à plusieurs reprises contre les Romains mais signent finalement avec eux, vers 60 av. J-C., un traité d'amitié : il permet d’assurer la sécurité de la via Domitia qui relie la Gaule à l'Italie.
La cité devient dès lors une «cité fédérée», un statut rare qui conserve à son peuple la liberté administrative et ne demande pas de tribut mais un secours en troupes. Elle reste une alliée sûre de César pendant sa conquête de la Gaule. Cette alliance et la confiance que leur porte Rome contribuent à la romanisation des Voconces. Vario, capitale de la confédération, prend le nom officiel de Varia julia Vacantiarum et obtient des privilèges comme celui du droit latin.
Le vinum dulce de Pline l’Ancien
Pline l’Ancien est né en 23 apr. J.-C. à Novum Comum (l'actuelle Côme) dans le nord de l'Italie (en Gaule Transpadane) et mort en 79, à Stabies (en latin : Stabia), près de Pompéi, lors de l'éruption du Vésuve. C’est un écrivain et naturaliste romain du Ier siècle, auteur d'une monumentale encyclopédie intitulée Histoire naturelle (vers 77). Pline l'Ancien mentionne à Varia un vin particulièrement doux et légèrement effervescent qui est vraiment délicieux! Il raconte que les Vocontii ont gardé le secret de donner à ce vin la bonne effervescence, semble-t-il, en le laissant longtemps dans l'eau froide des ruisseaux ... Le naturaliste précise les moyens « naturels » utilisés pour obtenir ce vin liquoreux : torsion du pédoncule de la grappe, fente du sarment, séchage du raisin sur des tuiles plates. Ce passerillage augmentait la teneur en sucre et permettait d’avoir un degré alcoolique élevé, qui empêchait la transformation de la totalité du sucre en alcool.
Vaison-la-Romaine, cité-poésie à ciel ouvert
Vaison romaine avec ses champs de fouille... Vaison romane, avec les églises Saint-Quenin et Notre-Dame de Nazareth... Vaison médiévale avec sa vieille ville perchée sur les rochers... Vaison moderne, pleine de vie, de terrasses de cafés, de boutiques, et de marchands de produits du terroir, Vaison est une poésie à ciel ouvert.
L'Ouvèze divise la ville en deux parties: la ville haute, née au Moyen Âge autour du sévère manoir des comtes de Toulouse, véritable joyau apparemment coincé au XIIIe-XIVe siècle! Et la ville basse, bâtie et développée sur les vestiges du centre romain. Le centre moderne est tout simplement délicieux. Y domine une lumière rose-dorée chaleureuse et rassurante qui illumine les couleurs des innombrables vases et balcons de fleurs redondants. De petites ruelles ombragées conduisent à des fontaines. On y sent le thym, l'origan et la lavande.
Vaison-la-Romaine, site archéologique unique
Le site archéologique de Vaison-la-Romaine, à ciel ouvert, est d’une richesse fabuleuse. Il serait fastidieux d’en énumérer tous les trésors. C’est pourquoi j’incite tous les lecteurs à la visite de ces lieux où l’histoire étreint le présent.
Nous parlerons du quartier de la Villasse, correspondant à un riche quartier résidentiel (avec de magnifiques domus) et commercial (avec commerces et arcades). Les tabernae s'ouvrent sur une section du Kardo Maximus en direction des stations thermales voisines.
Deux maisons patriciennes dignes d'intérêt: la Domus del Bust d'Argento et la Domus del Delfino. La première, construite au début du 1er siècle, atteint une superficie totale de 5000 mètres carrés. C’est la résidence romaine la plus grande et la plus imposante de l'ensemble actuel. La seconde, ainsi appelé suite à la découverte d'un petit dauphin en marbre, a été embellie et agrandie au cours du IIe siècle après JC; à l'arrière, côté sud, un magnifique jardin avec piscine.
Vaison-la-Romaine, Un théâtre antique et vivant
Le Puymin est un site incontournable avec de magnifiques domus et son chef d’œuvre : le théâtre! Protégé au titre des Monuments historiques depuis 1862, c’est un superbe exemple de l'ère claudienne. Quand la puissante lumière du sud se faufile entre les gradins, c’est tout un passé qui ressurgit. Daté grâce à la statue en marbre de Tibère retrouvée devant la porte royale, l'édifice aurait été construit pendant le 1er siècle après J.C. Créé en creusant le versant nord de la colline Puymin, le théâtre est à l'abri des vents et reste frais et ombragé.
Conformément aux recommandations préconisées par l’auteur latin Vitruve dans son traité sur l’architecture, le théâtre fut creusé dans le flanc nord de la colline de Puymin qui offrait une masse rocheuse et une pente propices à une telle installation. Néanmoins un énorme travail de taille et de reprise de la roche a été nécessaire pour en faire à la fois des gradins réguliers et l’assise des maçonneries. Restauré au cours du III ème siècle, le théâtre fut probablement utilisé jusqu’au début du IVème siècle. Les historiens avancent l’hypothèse qu’il fut détruit au début du siècle suivant, au moment du décret d’Honorius (en 407) qui ordonnait dans toutes les provinces de renverser, de briser ou d’enfouir les statues des divinités païennes. C’est peut-être dans ce contexte que l’on jeta dans les parties les plus profondes du théâtre, les effigies des empereurs et des autres divinités qui ornaient le mur de scène. C’est également à partir de cette époque que l’on commença à utiliser les grandes assises du monument, soit comme sarcophages, soit comme matériaux de construction. Le travail de destruction et d’oubli fut si complet qu’au début de la Renaissance il ne restait du monument que deux arceaux, signalés à diverses reprises par les savants et les voyageurs. Il faut attendre le XIXème siècle et la mise en place au niveau national d’une structure visant à inventorier les monuments de France pour que le théâtre suscite à nouveau un intérêt.
Ses dimensions et sa structure permettaient d’accueillir jusqu’à 7000 spectateurs, répartis suivant une stricte hiérarchie. Les 32 gradins étaient regroupés en étages séparés par un muret et sans doute un couloir de circulation. Ils étaient accessibles par des escaliers provenant de l’orchestra et des vomitoires. Les gradins étaient surmontés d’un portique. De la partie réservée aux acteurs restent visibles les vestiges du mur d’avant-scène et les douze cavités destinées au mécanisme du rideau. En arrière, les fosses abritaient les machineries servant à la transformation du décor et aux effets scéniques grâce à des trappes dans le plancher. Les bases du mur de scène, taillées dans le rocher, donnent une faible idée du décor monumental, mais elles situent bien les trois portes qu’empruntaient les artistes pour entrer sur scène : par convention, les acteurs entrant par le côté cour (à droite) venaient du forum et ceux entrant par la gauche (jardin) venaient de la campagne ou de l’extérieur de la ville. On a estimé que le mur de scène qui s'élevait à 25 m, était profond de 8 m, et possédait une largeur de 23 m. Elle était ornée de deux étages de colonnes et était percée de trois grandes portes à sa base : la porte royale au centre et les portes des hôtes sur les côtés Sous le plancher se trouvait l’hyposcaenia, un ensemble de fosses contenant la machinerie nécessaire aux «effets spéciaux » des spectacles et le mécanisme actionnant le rideau de scène, qui contrairement aux salles d’aujourd’hui ne descendait pas mais montait de la scène sur quelques mètres de haut.
Dans les douze fosses dissimulant la machinerie ont été découvertes en 1912, la plupart des sculptures qui sont conservées désormais au musée Théo Desplans.
Une galerie antique, à usage de voie processionnelle, traversait la colline de Puymin du sud au nord et permettait de se rendre au théâtre, accessible également par l’ouest, l’est et sans doute aussi par le nord. Elle rejoignait la grande galerie souterraine aménagée sous les gradins et y donnant accès.
Appuyé contre la colline, le Théâtre antique est, aujourd'hui, le cadre du Festival annuel de danse et tous les 3 ans des Choralies.
Le Festival Vaison Danses
À Vaison-la-Romaine, la danse est reine avec un prodigieux festival ‘Vaison Danses’, alliant la grâce à l’excellence. Le festival Vaison-Danses, porté intégralement par la Ville, propose chaque année des éditions exceptionnelles. Le cadre défini dans ce festival consiste à la fois à respecter l’histoire de ce festival – qui a déjà accueilli les plus grands noms de la danse mondiale – mais aussi à renforcer les liens avec la jeunesse et le grand public. Ceci passe à la fois par une politique tarifaire attractive et des choix artistiques remarquables. Dans l’enceinte du Théâtre, Vaison Danses vibre et transcende.
Les Choralies, fer de lance de la cité antique
Festival produit par les passionnés pour les passionnés, les Choralies de Vaison-la-Romaine rassemblent des milliers d’auditeurs. Depuis l’origine des Choralies, le chant commun quotidien ouvre toutes les soirées au Théâtre Antique, un moment unique, magique et chargé d’émotion, pendant lequel des milliers de voix s’unissent pour chanter ensemble. Spectateurs et chanteurs réunis sur ces gradins expriment ou goûtent alors l’âme profonde des Choralies dans toute sa dimension humaine.
S’il est une image indélébile que chacun emporte de son passage aux Choralies, passager d’un jour, spectateur d’un soir ou choriste de longue date, c’est bien l’extraordinaire image de ce temps du chant commun vers lequel toute la ville converge ; un rendez-vous que nul ne veut manquer. (cf les choralies)
La ville de Vaison-la-Romaine se situe en Haut-Vaucluse à 1h de la Ville d'Avignon et à proximité de la Drôme Provençale, où il fait bon découvrir son art de vivre.
Pour découvrir ou redécouvrir le patrimoine de Vaison-la-Romaine, d’un autre regard :
Le théâtre antique de Vaison la Romaine, un patrimoine vivant à redécouvrir
Le Forum de Vaison-la-Romaine, centre vital de la cité antique
Des visites guidées des sites archéologiques sont organisées par la ville.
Pour toute demande de renseignements :
04 90 36 50 48
www.vaison-la-romaine.com