- Auteur Danielle Dufour-Verna
- Temps de lecture 22 min
Le Château de la Buzine à Marseille : fleuron de la Provence et lieu culturel incontournable
Le Château de La Buzine, situé dans le 11e arrondissement de la ville de Marseille, est un édifice remarquable construit au XIXe siècle. Il doit sa célébrité à Marcel Pagnol, qui l’évoqua dans ses “Souvenirs d’enfance” et qui en fut le propriétaire. Devenu depuis un centre culturel renommé, lieu de découvertes et lieu de vie abritant la « Maison des Cinématographies de la Méditerranée », il est dirigé par Valérie Fédèle depuis 2013, gestionnaire active que nous avons rencontrée.
Marcel Pagnol nous avait indiqué le chemin du "Château de ma mère" cher à notre patrimoine littéraire, auréolé de tendresse et de nostalgie : le Château de la Buzine à Marseille.
Valérie Fédèle, directrice du Château - devenu depuis un Centre culturel renommé, lieu de découvertes et lieu de vie - fait briller son nom, "La Buzine", au fronton des meilleurs établissements pluriculturels. Expositions, cinéma, rencontres, ateliers, c’est avec finesse, intelligence, et humanisme, respectueuse du passé afin, dit-elle, qu’il rejaillisse sur le présent pour construire l’avenir, que cette jeune femme moderne - qui a su s’entourer d’une équipe dynamique - dirige de main de maitre ce complexe culturel depuis 2013 dans un lieu, désormais, sublimé.
Nous l’avons rencontrée. Mais avant de découvrir l’interview, un peu d’histoire.
Le Château de la Buzine, héritage de Marcel Pagnol
Le château de La Buzine tient son nom de son acquéreur en 1667, Henry De Buzens, écuyer noble de Marseille qui, pour répondre à la mode de l’époque, a mis son patronyme au féminin pour donner un nom à son nouveau domaine.
Louis-Félix Pallez l’achète à Madame Juliette Mantes, belle-sœur d’Edmond Rostand en 1901. Il dessine et ajoute en 1906 une extension à l'aile ouest dans laquelle il installe un salon de musique. La famille, férue de musique, y donnera à la Belle Époque de nombreuses fêtes et concerts… Tandis que la famille Pagnol traversait les différents domaines pour se rendre à La Treille, où le petit Marcel s’enivrait des saveurs de ses collines.
Inoubliable Marcel Pagnol, douce Augustine
« Mais dans les bras d'un églantier, sous des grappes de roses blanches et de l'autre côté du temps, il y avait depuis des années une très jeune femme brune qui serrait toujours sur son cœur fragile les roses rouges du colonel. Elle entendait les cris du garde, et le souffle rauque du chien. Blême, tremblante, et pour jamais inconsolable, elle ne savait pas qu'elle était chez son fils.» (Souvenirs d’enfance - Marcel Pagnol)
Pour rejoindre la Treille et la maison de vacances, la petite famille Pagnol - le père Joseph, la maman Augustine, Marcel, Paul et Germaine bébé - traversait en catimini le parc du Château de la Buzine afin de raccourcir le chemin qu’ils parcouraient à pied.
Marcel Pagnol n’oubliera jamais la terreur de cette mère qu’il adorait, causée un jour par le zèle du garde terrible de ce château. Ce jour-là, Augustine s'était évanouie, et Marcel avait pleuré de rage. Trente-cinq ans plus tard, le petit garçon est un réalisateur célèbre. Il fait acheter, sans le visiter, un domaine pour créer un complexe cinématographique : le hasard fait bien les choses, car la grande bâtisse qu'il découvre n'est autre que le château des vacances, le château de la peur de sa mère…
Mais la douce et fragile Augustine meurt à l’âge de 36 ans, la, emportée par un coup de froid. Marcel a 15 ans, il est inconsolable. Elle ne saura jamais « qu’elle était chez son fils. »
La première pierre de la Maison des Cinématographies de la Méditerranée a été posée le 18 janvier 2007.
La façade Sud, caractérisée par une terrasse et un double escalier donne sur le parc. Du côté Est, a été mis en place une partie nouvelle enterrée et recouverte d'une terrasse engazonnée en amphithéâtre ; c'est une salle de cinéma de 345 places, à l'ancienne avec balcon et orchestre. Le niveau principal est le rez-de-jardin avec, au Nord, son hall d'entrée commun aux diverses activités. Les espaces d’expositions et de consultation et les bureaux de l’administration sont situés dans les étages.
Valérie Fédèle, une fille du sud à la tête du « Château de ma mère »
« Je n’ai pas l’impression d’aller travailler tous les jours car j’ai un métier passion. » Valérie Fédèle
Rencontre avec Valérie Fédèle, directrice du château de la Buzine depuis 2013
Danielle Dufour-Verna - Projecteur TV : Bonjour Valérie. Pouvez-vous vous présenter pour nos lecteurs ?
Valérie Fédèle : Je suis Valérie Fédèle. Je suis directrice générale et artistique du Château de la Buzine depuis huit ans maintenant. J’ai été nommée en 2013, à l’occasion de Marseille, Capitale européenne de la culture.
Danielle Dufour-Verna : Comment avez-vous réussi la gageure de donner à La Buzine cette consécration aujourd’hui ?
« Le château c’est bien plus qu’un cinéma, c’est un lieu de patrimoine, d’exposition, de spectacle et de création. Il est un vivier de foisonnement artistique. C’est en mettant en avant toutes ses facettes que nous avons redonné au château ses lettres de noblesse. »
Valérie Fédèle : Lorsque j’ai pris la direction du Château de la Buzine, nous avions plusieurs impératifs, le premier était de repenser complètement la stratégie de l’établissement afin qu’il trouve son public. Au départ, l’établissement était positionné comme étant un cinéma plutôt Art et Essai alors que le Château c’est bien plus qu’un cinéma, c’est un vivier, un lieu de patrimoine, d’exposition, de spectacle, de création. C’est en mettant en avant toutes ses facettes que nous avons redonné au Château ses lettres de noblesse. Nous proposons ainsi pour tous les publics une palette d’offres culturelles, autour de la littérature, de la musique, du théâtre, des activités muséales, mais également du patrimoine avec notamment toutes les visites du château et puis bien sûr le cinéma qui reste dans l’ADN de la structure puisque Marcel Pagnol voulait en faire sa fameuse « cité du cinéma ».
Dans un deuxième temps notre impératif était la communication… communiquer mieux et davantage pour faire connaitre le Château. Enfin notre troisième impératif était d’établir un équilibre économique et financier indispensable à l’établissement. Il faut faire une belle programmation culturelle mais il faut aussi que les établissements culturels soient bien gérés et équilibrés.
Danielle Dufour-Verna : Quels financements vous sont alloués ?
« On est majoritairement financé par nos ressources propres. »
Valérie Fédèle : Aujourd’hui, au niveau des grandes masses de notre budget, la Ville de Marseille apporte environ un tiers du financement à la structure. Le Château de la Buzine appartient à la Ville de Marseille, et l’association Château de la Buzine gère l’établissement dans le cadre d’une délégation de service public. A ce titre, la Ville verse chaque année une contribution de service public qui représente donc environ un tiers du financement.
On a par ailleurs une aide du Conseil départemental des Bouches-du-Rhône, il s’agit d’une aide à la programmation qui nous permet de proposer ces belles expositions que l’on a au château avec une ligne artistique autour des grandes légendes de la culture populaire. C’est ainsi que nous avons créé des « expo-évènements » avec Jean-Paul Belmondo, Charles Aznavour, Brigitte Bardot, Johnny Halliday, James Bond… et prochainement Yves Montand. Au niveau des financements, sur certains projets particuliers, la Région ou la Métropole apporte également un complément parfois.
En bref, les financements publics représentent environ 40% du financement de la structure, les 60 autres % représente de l’autofinancement. C’est l’activité du Château qui génère des recettes. On est ainsi majoritairement financé par nos ressources propres, et c’est une grande satisfaction pour nous que de vivre majoritairement de nos ressources.
Danielle Dufour-Verna : Justement, par rapport à ces ressources propres, la Covid a fait beaucoup de mal ?
Valérie Fédèle : Mais oui, évidemment parce qu’on est privé de ressources depuis des mois et c’est vraiment problématique. Pour autant, en France, heureusement nous avons un système au niveau des aides économiques très protecteur, je pense notamment au chômage partiel, aux exonérations de charges, au fond de garantie… Cela a vraiment permis, pour notre établissement, d’amortir la crise. Les financements publics ont par ailleurs été maintenus notamment pour la création artistique (le commissariat général des expositions, la création de spectacles, etc…) et pour toute cette émulation que l’on peut avoir… Nos collectivités locales ont vraiment été à l’écoute du monde culturel durant la crise.
Danielle Dufour-Verna : Combien de personnel ?
Valérie Fédèle : J’ai une vingtaine de salariés pour l’ensemble des activités de la structure.
Le Château de la Buzine et son cinéma
Danielle Dufour-Verna : Vous avez fait des aménagements récents ?
« La Cité du Cinéma, inaugurée il y a un an et demi »
Valérie Fédèle : Lorsque l’établissement a été livré en 2013 pour Marseille Capitale de la Culture, il avait déjà été complètement réhabilité et toute une partie ultramoderne avait été rajoutée notamment avec l’espace dédié au cinéma, le reste étant une réhabilitation de l’ancien.
Ensuite, au-delà de cette réhabilitation, il y a eu aussi beaucoup de nouveautés, en huit ans, le Château de la Buzine a beaucoup évolué. Par exemple, il y a notre nouvel espace scénographique "La Cité du cinéma", qui a été inauguré il y a deux ans. Il est présenté, dans le cadre de cette scénographie, un véritable voyage dans l’univers du cinéma. Nous avons en fin de parcours un espace assez incroyable à 360 degrés. Il s’agit d’une immersion complète où l’on raconte la fabuleuse histoire du septième art, depuis la genèse avec ses fameuses 24 images par seconde pour animer les images, puis le voyage continu avec l’évocation des différents genres de films, des grands classiques qui ont fait le cinéma, jusqu’aux derniers effets spéciaux. C’est un espace très moderne avec toutes les dernières technologies.
Au niveau des expositions temporaires, et de notre programmation artistique d’une manière générale, on s’attache toujours à présenter des choses avec un œil très créatif et contemporain.
Danielle Dufour-Verna : On sent chez vous un véritable feeling, une main artistique. Quelle est votre formation ?
« On va proposer une culture accessible à tous. »
Valérie Fédèle : J’ai une formation en management et gestion. Je suis diplômée de Kedge Management anciennement baptisé l’ESC Marseille. J’ai ensuite poursuivi mes études avec un Master en gestion publique à l’ENA. J’ai eu la chance là-bas de recevoir un enseignement en « gestion artistique » au Château de Versailles et au Musée du Louvre.
Après il y a la fibre artistique, qui est plus de l’ordre du ressenti finalement… Pour ma part c’est le fait d’avoir un regard neuf et toujours créatif. L’idée étant de dire : on va proposer une culture accessible à tous. Tout le monde doit s’y retrouver.
Danielle Dufour-Verna : La mettre à la portée de tous…
« Mettre en valeur et au mieux notre patrimoine, avec l’histoire de Marcel Pagnol et l’histoire de tout notre territoire. C’est cela qui coule dans nos veines et ce sont ces différents prismes, cette mosaïque de regards que j’ai voulu donner au château dans toutes nos activités. »
Valérie Fédèle : J’ai vraiment voulu mettre la culture à la portée de tous et donc porter un regard neuf, un regard créatif ; avoir à la fois ce regard de jeune femme active qui s’intéresse à la culture mais aussi un regard de mère puisqu’on propose beaucoup d’activités pour les plus jeunes. En tant que maman, qu’avons-nous envie de proposer au niveau culturel pour nos enfants ?
On a aussi des propositions pour les entreprises et là intervient mon regard de chef d’entreprise.
Enfin, je porte mon regard « de fille du sud, d’enfant de la Provence » chaque jour. On va ainsi s’attacher à mettre en valeur notre patrimoine, avec également la fabuleuse histoire de Marcel Pagnol et celle de tout notre territoire. C’est cela qui coule dans nos veines et ce sont ces différents prismes, cette mosaïque de regards que j’ai voulu donner au château dans toutes nos activités.
Mais heureusement, je ne suis pas toute seule pour cela. J’ai une équipe de collaborateurs autour de moi. Nous faisons des « brainstormings » lorsqu’il s’agit de création artistique pour les spectacles que l’on met en scène directement au château ou encore pour la scénographie des expositions que l’on monte, ou encore pour la programmation artistique d’une manière générale.
Vous l’avez compris, la création artistique au Château de la Buzine, c’est avant tout une belle émulation. C’est grâce aux idées et au talent de toute l’équipe que l’on arrive à construire ce qui fait la richesse du château et peut-être aussi la recette qui fait que ça marche.
Danielle Dufour-Verna : Vous êtes une fille du sud, dans "Le Château de ma mère", avec Marcel Pagnol, véritable visionnaire, vous faites souvent des expositions de personnes disparues et vous êtes donc dans le passé et vous êtes tournés vers le futur avec cet espace 360, et avec les enfants. J’ai l’impression que c’est cela la spécificité de La Buzine : se projeter dans le futur en faisant vivre le passé. Est-ce que je me trompe ?
« Je trouve que c’est un lieu où il y a beaucoup de modernité, et finalement c’est cela aussi l’esprit qu’a voulu transmettre Marcel Pagnol. »
Valérie Fédèle : Je suis tout-à-fait d’accord avec vous. Je pense que vous avez bien résumé cette spécificité. Je ne sais pas si c’est revivre le passé ou le projeter dans le futur mais je trouve néanmoins que c’est un lieu où il y a beaucoup de modernité, et finalement c’est cela aussi l’esprit qu’a voulu transmettre Marcel Pagnol, le maître des lieux ici au château.
Dans les thématiques qu’il aborde, que ce soit la famille avec l’amour inconditionnel que Marcel porte à sa maman Augustine, ou lorsqu’on parle des problématiques de l’eau notamment dans "Manon des Sources" pour ne citer que ces thèmes-là, (il y en a plein d’autres autour de la nature, la famille etc). Finalement, on est sûr de l’intemporel. Toutes ces thématiques sont toujours très actuelles. Votre analyse est très bien par rapport à cette spécificité et c’est un peu, finalement, tout le pari de ce lieu à la fois un lieu de patrimoine et un lieu plein de modernité dans ses approches artistiques
« Quand on parle du passé sous le prisme du présent, et qu’on arrive à être visionnaire pour se projeter, finalement, tout le monde va se reconnaitre. »
Danielle Dufour-Verna : Penser le passé pour vivre le présent et construire l’avenir ?
Valérie Fédèle : Voilà, un bon résumé !
Le Château de la Buzine et sa programmation artistique
Danielle Dufour-Verna : Quel fut - au début surtout - et quel est votre ressenti, vous, une fille du sud, vivant dans ce lieu magique, mythique ? On doit obligatoirement rêver éveillé ?
« Quelle que soit la discipline artistique, qu’on veuille faire du cinéma, des exposistions, du théâtre etc. tous les champs du possible sont ouverts. »
Valérie Fédèle : Oui ! Déjà, je suis pleine de gratitude chaque fois que j’arrive au Château de la Buzine. Il y a une sérénité, une atmosphère, qui règnent ici, assez formidables. Très clairement, je me sens très bien dans ce château, que ce soit le jour ou la nuit, il y a quelque chose de très positif, déjà autour de la bâtisse en elle-même. Et puis, c’est vraiment un bonheur d’être à la tête de cet établissement parce que c’est un lieu où tout est possible : nous n’avons de limite que notre imagination ! C’est-à-dire, que quelle que soit la discipline artistique, qu’on veuille faire du cinéma, des expositions, du théâtre etc. tous les champs du possible sont ouverts. Je peux aussi bien proposer une expo sur James Bond que par exemple une expo sur Yves Montand. Pour le cinéma, on peut proposer toutes les thématiques, tous les réalisateurs, à la fois des rétrospectives, des cycles ou des sorties nationales.
On travaille aussi avec des associations comme par exemple "Culture du cœur". Cette association rend la culture accessible à des publics empêchés, ou un autre exemple on travaille aussi avec « l’Institut Paoli Calmette » ce sont des personnes qui suivent des traitements très lourds et pour lesquelles venir au Château de la Buzine représente une bouffée d’oxygène.
Dès que nous pourrons rouvrir, nous mettrons aussi en place des ateliers de « Psycho art thérapie » pour, là encore, accompagner des personnes en difficulté par le biais de l’art et la culture. « Partager la culture » est un moteur qui est très fort et quand on a ces moteurs-là, ça donne du sens à nos vies.
Je suis très heureuse d’œuvrer, comme bien des confrères qui sont à la tête, comme moi, de lieux culturels et qui s’attellent chaque jour à donner de l’espoir, des rires, des sourires. Tout cela ce sont des leitmotivs formidables. Moi, je n’ai pas l’impression que je vais travailler chaque jour. J’ai un métier passion et comme toutes les personnes qui exercent ces métiers passion, notre vie, finalement, est passion.
Danielle Dufour-Verna : Ces ateliers de psycho art thérapie, c’est le chant, la musique, le dessin ?
« Le cinéma, les séries etc. sont en fait aujourd’hui des supports qui nous aident à nous questionner et à repenser notre société. »
Valérie Fédèle : Tout, et le cinéma bien sûr ainsi que la littérature. Cela fera partie des nouvelles activités que l’on va ouvrir. Beaucoup de personnes vivent mal la situation actuelle. C’est très anxiogène, on est dans un contexte très compliqué. Il nous tarde, à tous, de pouvoir nous retrouver et surtout de le faire autour de l’art.
Cela n’effacera pas les problématiques que chacun peut rencontrer mais se retrouver pour en parler ensemble et aussi montrer, à la fois dans la littérature comme dans le cinéma, que ces sujets sont abordés, traités.
Nous venons sinon de répondre à un appel d’offres pour l’organisation d’un festival de séries à Marseille. Nous verrons si on est retenu ou pas. Il y a toutes sortes de problématiques qui sont abordées dans le cinéma et dans les séries : autour des relations amoureuses, de la solitude, de la maladie, de l’enseignement, les fratries, les familles recomposées… Le cinéma, les séries etc. sont aujourd’hui des supports qui nous aident à nous questionner et à repenser notre société. Nous, au Château de la Buzine, en tant qu’établissement culturel, c’est aussi notre rôle de participer à ces réflexions pour le mieux vivre ensemble.
Danielle Dufour-Verna : Vous avez parlé d’une exposition sur Yves Montand… Une date précise ?
Valérie Fédèle : On espère une réouverture en avril. Avant l’exposition Yves Montand, on a une exposition tampon "Guit’Art légendes" qui durera un mois et demi autour des guitares et de l’art, avec des guitares qui ont appartenu aux grandes légendes de la chanson. Des grands artistes nous ont prêtés leur guitare. Il y a des modèles très anciens et des guitares d’artistes contemporains.
Il n’y a plus de concert aujourd’hui, mais, il semblerait que les musées puissent bientôt rouvrir. Alors cette première exposition permettra de donner un coup de projecteur sur la musique et ces concerts qui nous manquent. On veut faire ainsi un clin d’œil à tous les artistes, tous les musiciens qui sont privés totalement d’activité et de salles. Pendant un mois et demi, on proposera donc dès la réouverture cette belle exposition qui combine « art, guitares et légendes » pour nous faire rêver en attendant des jours meilleurs. Tout sera ainsi prêt pour ouvrir avec l’exposition des guitares puis viendra l’exposition hommage à Yves Montand pour les cent ans de sa naissance.
Grand événement en mai au Château de la Buzine : Hommage à Yves Montand pour les cent ans de l'artiste
« Ivo Livi, parti de rien, fils d’immigrés : un destin incroyable. »
C’est une exposition que je prépare avec Carole Amiel, la veuve d’Yves Montand. C’est donc la collection très personnelle de l’artiste qui sera présentée avec notamment des pièces mythiques comme son fameux costume, sa canne, son chapeau… La famille nous a choisi pour cet hommage national. Je suis très honorée d’avoir le privilège de créer cette exposition hommage.
On espère pouvoir ouvrir cette exposition en mai, et faire bien sûr une belle soirée d’ouverture avec un vernissage en juin par exemple en présence d’artistes qui ont côtoyé Yves Montant et qui ont à cœur d’être présents pour cet hommage. Cela se fera évidemment en présence de Carole Amiel et de Valentin, le fils d’Yves Montand. Ils attendent avec impatience ce moment car ils avaient peur de ne pouvoir fêter comme il se doit le centenaire d’Yves Montand en raison du Covid.
Il y aura aussi un autre bel évènement au mois d’octobre, mois d’anniversaire de l’artiste. Un cycle de films sera également proposé et des conférences autour du destin incroyable de cet homme.
Yves Montand, ce n’est pas simplement le chanteur, l’acteur, c’est aussi le citoyen, l’homme très engagé. Ce sont toutes ces facettes qui seront présentées dans l’exposition. C’est vraiment un destin incroyable, Ivo Livi ; fils d’immigré, parti de rien, finalement et un succès incroyable et des rencontres exceptionnelles. On se rend compte que ces personnes ont une énergie incroyable, qu’ils sont solaires et qu’ils apportent beaucoup à la culture, à leur pays. On retrouve aussi des destins croisés. Pour avoir présenté avec la famille Aznavour, l’exposition hommage à Charles Aznavour, juste après sa disparition, on a retrouvé des similitudes ; mais également avec Johnny Halliday.
On retrouve là encore ces fameux destins hors du commun avec à chaque fois - comment, partis de rien, ces personnalités, ces artistes avec ce talent incroyable, sont arrivés à des sommets artistiques et sont de véritables légendes. Cent ans après, on chante, on fredonne toujours les airs que chantaient Yves Montand ; on voit ses films cultes.
J’étais il y a quelques jours avec Carole Amiel à Paris dans son appartement, elle me montrait des affiches etc. A peine dépliait-elle une affiche, que des tas de souvenirs revenaient. Idem pour ses chansons. Il y a un dessinateur par exemple qui a illustré ses chansons et là, par exemple à la vue « des feuilles mortes », on fredonne immédiatement, on voit « la tour Eiffel », on pense "à Paris" etc. Tout cela, c’est magique et finalement, il n’y a pas beaucoup d’artistes pour lesquels on peut faire ainsi. Ce sont des destins incroyables qu’on a envie de raconter.
Danielle Dufour-Verna : Qu’espérez-vous, pour demain, pour la Buzine ?
« Il faut qu’on communique encore plus sur ce château plein de ressources, qu’il ouvre davantage ses portes à davantage de visiteurs pour que sa richesse soit partagée. »
Valérie Fédèle : Le Château de la Buzine a vraiment beaucoup de choses à donner et à transmettre. Il avait 13 000 visiteurs par an avant que je prenne la direction de l’établissement. Aujourd’hui, nous avons plus de 85 000 visiteurs chaque année. Nous sommes dans le top 5 des lieux culturels les plus visités du territoire. C’est une satisfaction, mais le Château a tellement de potentiel que l’on peut encore s’améliorer. II faut que l’on communique davantage sur ce Château qui est plein de ressources, qui a beaucoup de choses à apporter.
Grace à une programmation artistique de qualité, on est dans notre rôle de transmission… On donne goût à la culture, on partage, on donne du bonheur et du bien-être ! Plus il y aura de personnes qui partageront cette expérience culturelle et artistique, mieux ce sera. Dans le futur, j’ai envie que le Château ouvre ainsi encore davantage ses portes pour que toute sa richesse soit partagée.
Danielle Dufour-Verna : Quelle est, Valérie, votre définition du bonheur ?
« Le bonheur, pour moi, est accessible à tous car il est avant tout au fond de nous. Pour le ressentir, il faut s’émerveiller, y croire, être à l’écoute de soi, à l’écoute du monde, partager et vivre surtout passionnément. »
Valérie Fédèle : Je pense que le bonheur est en chacun de nous. Le bonheur c’est une force au fond de soi… C’est être heureux dans son quotidien et se satisfaire à chaque instant de ce que l’on vit. Pour cela, savoir s’émerveiller de toute chose, partager, aimer passionnément ce qu’on fait et toutes les personnes qui nous sont chères, c’est important dans la définition du bonheur. C’est un équilibre, une forme de plénitude au quotidien.
Je suis profondément optimiste et positive. Le bonheur, pour moi, est accessible à tous car il est avant tout au fond de nous. Une bonne recette et d’appréhender sa vie sous un jour positif : la vie est un aimant… On attire ce que l’on est !
Ma recette pour trouver le bonheur ? S’émerveiller, y croire, être à l’écoute de soi, à l’écoute du monde, partager et vivre surtout passionnément.