- Auteur Béatrice et Jacques Gernez
- Temps de lecture 6 min
Les parfums de Grasse à l’UNESCO, un enjeu économique majeur !
Les Parfums de Grasse en route vers l'UNESCO, un enjeu économique majeur pour la capitale mondiale du parfum en Pays de Grasse. Le savoir-faire lié aux parfums reconnu comme patrimoine immatériel.
J – 30 avant l'agrément des Parfums de Grasse à l'UNESCO, reconnu au Patrimoine Immatériel
Port-Louis - Capitale de l'Ile Maurice du 26 novembre au 1er décembre 2018
Il y a quelque temps déjà, Grasse, Capitale Mondiale des Parfums, a postulé pour être agréée au Patrimoine Immatériel de l'Humanité de l'UNESCO pour les "Savoir-faire liés aux Parfums".
Une belle histoire qui commence un peu comme un conte de fées pour arriver au bouquet final dans l'alchimie des sens. En effet le compte à rebours est commencé pour connaître, début décembre, une décision importante pour notre région et particulièrement pour Grasse et le Pays de Grasse.
Les "savoir-faire liés au Parfum en Pays de Grasse" prochainement classés au Patrimoine Culturel Immatériel de l’Humanité de l’UNESCO ?
Cette merveilleuse aventure a pour but de mettre à l'honneur un savoir ancestral transmis de génération en génération à de rares initiés depuis le 18ème siècle, lorsque le Parlement de Provence homologue en 1729 la corporation des gantiers parfumeurs. A l'origine de cette démarche, un dossier des savoir-faire liés au Parfum proposé par l’association Patrimoine vivant du Pays de Grasse, la Ville de Grasse et le Pays de Grasse au Ministère de la Culture et de la Communication en 2010.
Dans à peine un mois ce projet est en passe de recevoir ses lettres de noblesse en obtenant le label de la commission du Patrimoine Culturel Immatériel de l’UNESCO. Cela fera ainsi de Grasse la première ville des Alpes Maritimes à se voir honoré d'une reconnaissance officielle de l'UNESCO dans le cadre de l'un des trois Patrimoines de l'humanité.
Grasse, capitale mondiale du parfum, une destination culturelle internationale qui pérennisera une belle tradition au cœur de l'Humain
Le dossier, reconnu dans un premier temps à l’inventaire du Patrimoine culturel de la France, a été adopté en 2014 par la délégation Française auprès de l'UNESCO, puis proposé par la France à la commission du Patrimoine Culturel Immatériel. La prochaine session de cette commission se réunira du 26 novembre au 1er décembre à Port-Louis, capitale de l'Ile Maurice, et seulement 40 nouveaux projets en provenance du monde entier y seront étudiés.
A l'origine de cette démarche, une rencontre en 2009 de Jean Pierre Leleux, alors Sénateur Maire de Grasse, et de Nadia Bedar, chef de Projet du premier programme sur le Patrimoine Culturel Immatériel au sein de France Télévisions. Ils ont su d'abord partager leur passion puis convaincre de nombreuses personnalités pour rejoindre l’association Patrimoine Vivant en Pays de Grasse et se battre de toutes leurs forces pour faire aboutir cette démarche. Leur volonté, initier un projet novateur au rayonnement international qui a été soutenu dès son origine par la Ville de Grasse, le Pays de Grasse et la commission Française auprès de l'UNESCO.
Les parfums de Grasse, ce avoir-faire reconnu par l'Unesco est un enjeu économique majeur.
"L’homme dépouillé du beau meurt"… "se parfumer c’est vivre !"
Constant Viale et Francis Thibaudeau
Cette reconnaissance est aujourd'hui, n'en doutons pas, un enjeu majeur pour Jérôme Viaud, Maire de Grasse et Président du Pays de Grasse, terre de prédilection de ce savoir-faire lié aux parfums, mais également pour notre département et notre région toute entière, tant au plan touristique qu'économique.
Nous avons interrogé Nadia Bedar, responsable de la mission qui sollicite ce label. Elle nous parle de ce "grand Amour" né d’une passion, écoutons là :
"La convention sur le Patrimoine Culturel Immatériel de l'UNESCO s’impose à tous, parce que chacun est à même de porter et proposer un patrimoine immatériel, un patrimoine vivant. Quoi de plus important que la reconnaissance de celles ou ceux qui ont tracé le chemin du Pays de Grasse, qui en ont dessiné son histoire, son paysage olfactif et qui fait que la reconnaissance des savoir-faire liés au Parfum en Pays de Grasse au Patrimoine de l’humanité auprès de l’UNESCO sonne comme une évidence".
Ces savoir-faire n’ont-ils pas déjà été reconnus à l’inventaire du Patrimoine Culturel de la France depuis le 23 avril 2014 ? Que sont ces savoir-faire ? Pourquoi interpellent-ils autant ? Peut-être parce que le Parfum se confond à l’amour, et qu’il faut beaucoup aimer pour être parfumeur, être assoiffé d’amour pour être cultivateur de plantes à parfum, être encore plus fou d’aimer que de chercher à transformer la matière première naturelle comme le fait le jeune professeur Xavier Fernandez.
Cette démarche d’inscription des savoir-faire liés au parfum en Pays de Grasse au Patrimoine Culturel Immatériel de l’Humanité dont les premières réflexions datent de 2008-2009, est inscrite dans l’histoire vivante de ces femmes et de ces hommes qui portent cet art, ce savoir-faire, ce savoir-être : l’art de cultiver, de transformer, de composer le Beau au service du Vivant.
Théo Purcarescu, expert de la transformation, nous dit "on ne peut traiter un produit noble que noblement", le maître-parfumeur Christopher Sheldrake que "l’acte de se parfumer est une caresse, une bénédiction", le cultivateur et poète Constant Viale que "L’homme dépouillé du beau meurt", enfin Francis Thibaudeau, qui a offert 40 ans de sa vie au service du Parfum, de dire tout simplement "Se parfumer, c’est vivre".
Que rajouter d’autre ? Que cette aventure ne supporte pas la tiédeur... mais n’est animée que de passion pour mieux la partager. Avec Jean-Pierre Leleux, Président de cette mission, nous avons lancé et lançons différents projets, en particulier un grand projet de Chaire UNESCO avec l’Université de Sophia Antipolis.
Le parfum, ne s’emprisonne pas, il transperce les frontières ; tout comme l’amour, il s’impose simplement, naturellement
Une magnifique épopée dont nous ne pouvons qu'espérer dans quelques jours un aboutissement légitime pour la reconnaissance d'un fleuron majeur du patrimoine culturel de la France. En effet, le parfum n'est-il pas, tout comme la haute couture, le plus prestigieux des ambassadeurs pour le rayonnement de notre pays dans le monde ?
Pour clore cet article je souhaite donner la parole à Jean Pierre Leleux initiateur avec Nadia Bedar de ce projet : "Un héritage, ça se respecte ! Surtout un héritage d’un tel poids de travail et de traditions transmises. A moi qui ai tant reçu de cette terre grassoise, il m’aurait été impossible de ne pas essayer de lui rendre une partie de ce qu’elle m’a donné"
Aussi, dans cet esprit, nous vous proposons de visionner le film qui a été déposé par la délégation française à la commission du Patrimoine Culturel Immatériel de l'UNESCO en cliquant sur ce lien :
Vidéo diffusée avec l'aimable autorisation de l'association du Patrimoine vivant du Pays de Grasse