- Auteur Danielle Dufour-Verna
- Temps de lecture 9 min
Les Baux-de-Provence, un village perché qui illumine le monde
Les Baux de Provence, un village perché sublime où l’Art se mêle d’histoire.
Le saviez-vous ? Les Baux sont rachetés par la France à Monaco en 1791. Aujourd’hui, le seigneur des Baux-de-Provence n’est autre que le Prince de Monaco.
Balade aux Baux-de-Provence, à travers son histoire, son château et patrimoine, site classé en Provence.
Parmi les collines couvertes d'oliviers du paysage provençal magique, se dressent les ruines du château des Baux-de-Provence, un village perché le long des flancs des Alpilles.
Entre rêve et réalité, les villages de Provence racontent l’histoire. S’ils magnifient le présent sous un soleil radieux et l’odeur de lavande, les vieux murs, les ruelles escarpées, les oliviers aux troncs noueux, imprégnés des images du passé, invitent au souvenir.
Le village doit ses pentes abruptes à une position stratégique par rapport aux territoires environnants, sur lesquels il a exercé un contrôle au fil des siècles.
Mais tout ne s'est pas bien passé.
Les Baux étaient à l'origine un petit centre habité d'origine celtique (bien que des traces d'établissements humains remontent à l'âge du bronze). Il connait un premier véritable développement au Moyen Âge. Le nom des Baux est mentionné pour la première fois au Xe siècle. La domination des seigneurs féodaux qui règnent alors sur les Baux s'étend à 79 endroits, dont Arles lui-même.
Un roi mage dans l'album de famille
La renommée n'a pas fait défaut aux seigneurs des Baux. Elle a été amplifiée par une lignée dont ils sont particulièrement fiers. La légende raconte que Balthazar, l'un des trois rois mages, sur sa route pour Bethléem, s’arrête à cet endroit et fonde la cité.
La jeune Alix des Baux
Au milieu des années 1300, le vicomte Raymond de Turenne devient le tuteur de la jeune Alix de Baux, la dernière princesse de la ville-forteresse. Appelé le "fléau de la Provence", il est connu pour sa cruauté : il obligeait les prisonniers à sauter du château dans le vide des ravins, pour le plaisir. Alix décède aux Baux le 7 octobre 1426. À ses titres habituels, elle avait ajouté ceux de comtesse de Neufchâtel et de Beaufort ainsi que celui de vicomtesse de Turenne. Dans son testament, elle charge son capitaine Siffroy de Gigondas de remettre la forteresse des Baux à son cousin, François-Guillaume des Baux-Adria ainsi que tous les fiefs baussencs des Avellino. Elle est inhumée, en automne 1426, à sa demande, dans l’église des frères mineurs d’Avignon.
Ce n’est pas pour plaire à la reine Yolande, mère de Louis III, nouveau comte de Provence. Pour imposer le droit d’aubaine, elle députe son cadet Charles, avec le titre de Lieutenant Général, pour mander au sénéchal Tristan de la Jaille de mettre la saisie sur les domaines des Baux. Le siège est mis durant quatre mois devant la forteresse qui cède le 21 février 1427. La cité est remise par Siffroy de Gigondas et Charles d’Urgel, évêque de Tortosa et cousin d’Alix, à Jean d’Arlatan, commissaire du prince Charles, et les Baux sont annexés au comté de Provence.
Alix fut donc la dernière Dame de l’illustre baronnie provençale.
Alix des Baux a laissé un inventaire du château, témoignage précieux de l’existence médiévale.
Le château des Baux comprenait à cette époque trente-cinq pièces, sept tours et d’épaisses murailles. Dans les réserves à provisions on trouve des vins blancs et rouges, du porc et du bœuf salé, du blé, 300 vaches, 104 bêtes « rossatines » et 13 poulains.
Les armes sont abondantes, cuirasse, arbalètes, couleuvrines, bombardelles, girelles, de quoi fabriquer de la poudre à canon. Tout cela est vendu ou emporté au château de Tarascon.
Dans la chambre d’Alix on trouve deux chandeliers d’argent, huit chapelets, un livre d’heures de Notre-Dame garni de drap d’or, sept psaumiers à fermoirs d’argent doré, mais aussi de la vaisselle d’or et d’argent, des bijoux, des robes de soie, des velours, du vair et du drap d’or, ceintures, fourrures, tapis, romans, coffrets… Et la liste se poursuit avec l’énumération des chambres de la rose, chambre neuve, du parement, dans la chapelle, la chambre du pape, le cellier, le lardier et tout le reste du château.
Pour écarter les Espagnols du rocher de Monaco où ils s’étaient installés, pendant la minorité d’Honoré II, de Monaco, Louis XIII promet à ce jeune prince de lui donner autant de biens en France qu’il en possède en Italie, si à la suite d’un coup de force sur Monaco, les Espagnols qui tiennent l’Italie lui confisquent ses propriétés. C’est ainsi que le fils d’Honoré II, Hercule II reçoit en 1642 parmi d’autres terres, les Baux et Saint-Rémy.
Les Baux sont rachetés par la France à Monaco en 1791. Aujourd’hui, le seigneur des Baux-de-Provence n’est autre que le Prince de Monaco.
Quant aux habitants des Baux, leur sécurité étant désormais assurée, ils commencèrent à déserter lentement le village de rochers, pour s’installer dans la plaine et bientôt dissocier du village des Baux, les lieux-dits Mouriès et Maussane pour en faire des communes indépendantes.
Les Baux de Provence pendant la révolution française
Pendant la révolution une profonde scission, se fait entre le village d’en haut, les Baux, et ceux d’en bas, Mouriès et Maussane qui forment la même commune. Tandis que ceux d’en bas suivent leur curé qui prête serment à la constitution civile du clergé, celui d’en haut, le curé Bertrand, refuse de jurer. Pendant quelques mois il continuera à visiter ses paroissiens en se cachant à Aureille son village natal. Mais pris, il est condamné à la déportation et enfermé sur les pontons de l’Ile de Ré dont il ne sortira qu’en 1800.
Le château-fort des Baux-de-Provence
Comptant parmi les monuments majeurs de la Provence, le château des Baux et son village forment un site historique de premier ordre.
Sur une superficie de sept hectares, le visiteur découvre de nombreux vestiges : abris troglodytiques, demeures Renaissance, tours et donjon… Les machines de siège médiévales reconstituées et le musée d'histoire le plongent au cœur du passé tumultueux de cette citadelle
Ce chef d’œuvre de l’architecture médiévale est pour le moins original : c’est une construction à moitié troglodytique, avec des pans de murs entiers taillés à même la roche. On mentionne dès l’an 975 la présence d’une fortification en cet endroit, ce qui en fait l’un des châteaux de l’ère féodale les plus anciens d’Europe, le « Balcium Castrum ». On ne peut être qu’impressionné lorsque d’en bas, on lève les yeux pour regarder l’imposante masse du château, dominant le village et les environs.
Ce château, à moitié montagne, à moitié œuvre humaine, battu par le mistral et le soleil, donne, malgré son état de ruine, une forte impression de solidité. Nous ne sommes pas en train de marcher dans les décombres d’une ancienne construction, mais plutôt en train de marcher sur une sculpture, où on a taillé une montagne en forme de château-fort. Le donjon, la partie la mieux conservée de l’ensemble, date du XIIIe siècle.
Les Baux-de-Provence connaissent un abandon progressif depuis la Renaissance, passant de 3 000 habitants à l’époque des Seigneurs des Baux à 400 au XIXe siècle. La découverte dans la commune de la bauxite, un minerai dont on extrait l’aluminium en 1821 va changer la donne. La bauxite, qui tire son nom bien sûr du village, Baux, est aujourd’hui essentielle à notre monde moderne : il suffit de penser à toutes les applications possibles de l’aluminium !
Mais le véritable renouveau des Baux, n’aura lieu qu’après la Seconde Guerre Mondiale, avec l’arrivée de Raymond Thuillier et l’ouverture de son restaurant le « Oustau de Baumanière », fixant ainsi les Baux sur la carte gastronomique internationale. En 1958, les Baux prennent le nom des « Baux-de-Provence » et s’inscrivent définitivement dans le paysage touristique.
Les Carrières de Lumières, où l'art s'inscrit au coeur du patrimoine
C’est grâce à Cocteau que les carrières du Val d’enfer sont réhabilitées dans les années 60. Il décide de tourner dans la carrière des Grands Fonds ‘Le testament d’Orphée’ en 1959. Puis, en 1977, Albert Plécy, un grand spécialiste du langage de l'image, scénariste, journaliste au Parisien libéré, peintre et photographe, tombe en admiration pour ce lieu.
Les piliers de pierres restants, dégagés par la taille des pierres, offrent des surfaces hautes de 6 à 16 mètres. Et l'idée de les habiller de lumière prend naissance... La carrière des Grands Fonds devient la Cathédrale d'images. Depuis 2010, la municipalité décide de rompre le bail précédent et de confier la gestion du lieu à Culturespaces.
L'espace change de nom et devient les Carrières de Lumières. Les spectacles qui sont projetés à l'année sont éblouissants.
Pour aller plus loin : Office de tourisme des Baux de Provence