- Auteur Thierry de Lestang-Parade
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Avignon, les hôtels particuliers dévoilés
Découvrez l’histoire des Hôtels particuliers à Avignon, et notamment l’hôtel Galéans des Issarts ainsi que l’hôtel de Forbin de la Barben. Histoire et secrets d’un patrimoine architectural exceptionnel.

La splendeur de la façade de l’hôtel particulier de Galéans des Issarts à Avignon. ©Thierry de Lestang-Parade
Les hôtels particuliers d'Aix-en-Provence affichent une fierté radieuse. Ils incarnent la richesse et le raffinement.
Avignon est toute entière dédiée à son Palais des Papes. Il triomphe dans son immensité. Mais la préfecture du Vaucluse compte elle aussi des hôtels particuliers. Il faut les deviner dans des rues étroites alors que plusieurs d'entre eux ont disparu comme ailleurs sous la forme d'appartements. Hachés, recomposés, avec leur identité détruite.
Pour découvrir ces vestiges historiques et authentiques, nous avons été guidés par L'Association des Vieilles Maisons Françaises qui œuvre avec ténacité en faveur du patrimoine.
Cette présentation de plusieurs lieux est un hommage à celles et ceux qui s'investissent sans compter pour que ces hôtels particuliers conservent leur majesté léguée par les siècles.

L'hôtel particulier Galéans des Issarts - Avignon
Des rixes mortelles
La première visite se déroule à l'hôtel particulier Galéans des Issarts au numéro 5 de la rue du Four. Cette ancienne livrée cardinalice a été transformée en collège avant 1468 jusqu'à ce que la famille Galéans des Issarts en devienne propriétaire. Dans cette belle journée de printemps, le temps s'est arrêté. Le fracas de la ville est étouffé. Il ne subsiste qu'une impression de quiétude dans cette cour gazonnée. Pourtant un drame s'y est déroulé le 16 juin 1606. François de Galéans y a tué en duel Thomas de Baroncelli venu chercher querelle en raison d'une rivalité de prestige entre les deux familles nobles. L'histoire se répète en juin 1612. Louis de Galéans tue place du Change le frère de Thomas de Baroncelli, Jacques de Baroncelli, chevalier de Malte. Vraisemblablement pour les mêmes raisons de rivalité entre les deux familles.
L'architecte et peintre Pierre II de Mignard rebâtit l'hôtel en 1681.
Un patrimoine architectural exceptionnel et de magnifiques peintures
A l'intérieur du bâtiment, un attachement à la majesté se perçoit facilement: les portes sont ornées de dorures. Dans plusieurs pièces, les peintures des plafonds à cinq mètres de hauteur sont attribuées à Pierre II de Mignard. Elles représentent des personnages de la mythologie tel que Bacchus, le Dieu du vin qui trompe Ariane, et les quatre saisons. Cela compose une belle guirlande de couleurs pleines de nuances et de délicatesse. Dans l'alcôve réservé à la nuit, les murs étaient autrefois recouverts de soie. Des éléments ont pu être sauvegardés. Le parquet Versailles, au ton tabac brun, est d'époque. Comme la plaque de la cheminée du salon ornée des fleurs de lys, la marque des rois.Une présence nullement étonnante quand on connaît la proximité de la famille des Galéans et du pouvoir royal.

La profondeur des éclats du soleil
L'hôtel de Galéans des Issarts est divisé aujourd'hui avec une seconde propriété. Un grand bassin avec un jet d'eau trône près de quelques arbres vénérables dans ces anciens jardins de l'orangerie datant du XVIII ème siècle.
Là encore, c'est l'empreinte royale qui s'exprime. L'inspiration vient de Versailles et d'Italie. Les serres étaient autrefois chauffées dans le bâtiment qui demeure. « Une orangerie, ce n'est pas profond. C'est la profondeur des éclats du soleil qui est importante pour que les plantes soient chauffées. Il n'y a également aucune ouverture au Nord pour que les plantations ne prennent pas froid» indique la propriétaire Michèle Fremy. Elle reste éblouie par la majesté des lieux: « C'est un peu la campagne à la ville. Quand je sors de chez moi, je suis directement dans le jardin .»

C'est l'apaisement qui étreint le visiteur en ces lieux. Un pigeon gris au ventre rond sommeille sur un mur ensoleillé. On aperçoit les fortifications du Palais des Papes et le clocher de Notre Dame des Doms. Avignon est un ruban étincelant de charme .
L'hôtel de Forbin de la Barben
Un futur grand chantier
L'histoire continue sur la petite place Théodore Aubanel située près de la place Saint-Didier. C'est l'adresse de l'hôtel de Forbin de la Barben datant du XVIII ème siècle. Il a été légué à l'institut Calvet par Marcel Puech. C'était un antiquaire amoureux du beau, dont les collections sont exposées au musée Calvet. Les lieux n'accueillent plus de meubles mais restent particulièrement élégants. Ils nécessitent de lourds travaux. «Aucune idée sur la durée du chantier. Nous allons avancer pas à pas», indique Bernard Gamel-Cazalis, vice-président de l'institut Calvet.

©Thierry de Lestang-Parade
Les élèves de L'Ecole d'Avignon, experte dans la réhabilitation du patrimoine, y mènent un chantier école avec le concours d'une agence spécialisée.
L'hôtel de Forbin de la Barben ne sera pas transformé en musée mais en lieu d'exposition et en accueil de sociétés savantes.
Des conférences sont d'ailleurs prévues les 24 et 25 avril sur le livre de raison de Joseph Vernet. Cet ouvrage avait été donné à l'institut Calvet par son petit-fils Horace Vernet, un peintre également reconnu. L'hôtel de Forbin reste un lieu de vie et de rencontre pour célébrer la beauté et exalter la connaissance et le partage.
Informations pratiques
L'hôtel particulier de Galéans des Issarts est ouvert de juillet à septembre ou aux visites de groupes à partir de 10 personnes.
Pour tous renseignements : pietersgeneau@gmail.com
Ancienne orangerie de l'hôtel Galéans des Issarts, 21 rue Bertrand, à Avignon, ouvert pour les groupes et sur rendez-vous tel : 06 77 44 48 64 .
Vieilles Maisons françaises : vmf84@vmfpatrimoine.org