Il était une fois, Le Carnaval de Nice, depuis 1873

La Ville de Nice célèbre cette année le 152e anniversaire du Carnaval de Nice du samedi 15 février au 2 mars 2025. Plus d'un siècle et demi d'histoire d'un carnaval municipal à raconter, organisé depuis 1873 par le comité des fêtes de la Ville de Nice. Des festivités animent toute la ville de Nice, entre "Corsi carnevalesques" et "Batailles de fleurs". Le carnaval de Nice 2025 s'affiche sous le thème, Le Roi des Océans...

Le Carnaval de Nice, Corso carnavalesque et Bataille de Fleurs, une tradition au programme

Il y a cinquante deux ans, en 1973, Nice était déjà le « carrefour des carnavals du monde » pour son centième anniversaire. Aujourd’hui, il est le 1er carnaval de France, ce qui rend cet événement incontournable en Côte d'Azur.

Les arts de rue sont la marque de fabrique du nouveau Carnaval de Nice, 50 troupes d’artistes locaux, nationaux et internationaux impulsent rythmes et couleurs à chaque Corso carnavalesque et Bataille de Fleurs. Elles ont succédé aux 500 grosses têtes qui accompagnaient les chars de Carnaval, et font du cortège carnavalesque niçois, l’un des carnavals les plus internationaux du monde pour la plus grande attraction des touristes. 

Quelques chiffres repères pour le Carnaval de Nice 2025

Le char du Roi des Océans mesure : 16 mètres de long, 7 mètres de large et 17 mètres de haut
20 tonnes de confettis sont au cœur des Corsi et Batailles de Fleurs
400 mètres de tissus pour confectionner le costume du Roi
16 tonnes de mimosas
Plus de 35 millions d'euros de retombées économiques
Plus de 230 000 spectateurs
400 journalistes accrédités...

Les origines du Carnaval de Nice

A Nice, la première mention retrouvée du Carnaval remonte à 1294, lorsque Charles d’Anjou, Comte de Provence, évoque son passage dans la cité pour «les jours joyeux de Carnaval».

L’origine du mot Carnaval remonte donc au Moyen-Âge et provient sans doute des termes «carne levare» signifiant « enlève la chair ».

La naissance du carnaval de Nice

De 1860, où la foule lance des confettis en plâtre, appelés « confettis italiens », à 1873 où est créé un comité du Carnaval afin de promouvoir la ville de Nice, le carnaval n'aura de cesse d'évoluer et d'attirer les riches hivernants qui viennent passer l'hiver à Nice. Dés lors le carnaval deviendra un véritable spectacle, avec des défilés de chars, des mascarades et des cavalcades.

En 1873, le niçois Andriot Saëtone prit l’initiative de fonder le « Comité des fêtes » qui, sous le patronage de la municipalité, fût chargé d’organiser et donner de l’ampleur aux festivités. 

Des cortèges de chars, les imagiers ou illustrateurs, des tribunes payantes, une mise en scène structurée et dirigée alors par Alexis Mossa firent leur apparition.

Ainsi le 23 février 1873, Carnaval 1er entre dans la ville. Le carnaval moderne était né, auquel Alexis Mossaet et son fils Gustave Adolf apportèrent, jusqu’en 1971, un étonnant particularisme, axé sur l’actualité contemporaine, les mythes allégoriques autour du grotesque et du fabuleux. 

Avec un talent digne des plus grands peintres de leur époque, ils réalisèrent les maquettes des chars les plus spectaculaires et proches de la tradition et la modernité qui aient défilé à Nice, selon les critères célébrés par la dénomination du patrimoine immatériel tangible prônée à l’UNESCO.

Trois ans après, en 1876, sont créées les célèbres Batailles de Fleurs. A l’origine, simples échanges de fleurs, elles sont devenues le versant poétique et élégant du Carnaval et la vitrine d’une production locale. Un spectacle unique au monde dû à l’imagination du poète – jardinier Alphonse Karr.

Depuis 2019, la ville de Nice a repris en régie directe l'organisation du Carnaval.

Quelques dates importantes de l'histoire du Carnaval de Nice

1294 / Première mention du Carnaval à Nice.

1830 / Premier cortège en l'honneur des souverains Depiemont-Sardaigne.

1873 / Entrée dans l’ère moderne avec le Comité des Fêtes et le premier Corso.

1876 / Première bataille des fleurs.

1889 / Première affiche du Carnaval.

2000 / Carnaval dessiné par Sergueï du journal «Le Monde».

2025 / 150 ans du Carnaval de Nice.

Il nous est difficile aujourd'hui d'évoquer l'histoire du Carnaval de Nice sans évoquer Annie Sidro, historienne du carnaval, conseiller artistique, Chevalier de l'Ordre des Arts et des Lettres en 2022, et surtout quatrième génération de carnavaliers. Des souvenirs à foison et des anecdotes à n'en plus finir, elle a eu la gentillesse de nous accorder un interview.

Annie Sidro : Le carnaval de Nice, une histoire de génération en génération

Nous lui avons donc posé quelques questions sur l'origine et la grande et petite histoire du Carnaval de Nice.

Annie Sidro, la mémoire vivante du Carnaval de Nice

Mme Sidro, peut-on dire aujourd'hui que le Carnaval de Nice est l'un des plus importants carnaval au Monde ?

Annie Sidro : Oui, on peut dire qu'au siècle dernier, c'était le carnaval le plus important au monde et qui a servi de modèle au Carnaval de Rio, à la Nouvelle Orléans... ou au Carnaval du Québec. C'est le premier en Europe en tout cas... on dit qu'il a plus de 150 ans, mais on trouve des traces bien plus anciennes dans les traditions ancestrales. La plus grande symbolique du Carnaval, c'est de sortir de l'hiver et des périodes sombres. Je suis fière de dire que le Carnaval de Nice allie à la fois la tradition et la modernité.

Quelle a été son évolution et ses traditions ?

Annie Sidro : Avant tout, il est important de dire que le vieux Nice et la place Massena ont été de toujours le cœur et le berceau ancien du carnaval, c'était d'ailleurs là qu'était fait l'incinération du roi au début... Aujourd'hui cela se passe sur le bord de mer. Cette symbolique est très importante et nous y tenons beaucoup, chasser le carnaval en le brûlant, emporte avec lui tous nos malheurs, nos tracas et permet de revivre comme le phénix qui renaît de ses cendres pour vivre de nouveaux bonheurs .

Vous devez avoir des centaines d'anecdotes, mais pouvez-nous dire quels ont été vos meilleurs souvenirs ? 

Annie Sidro : En effet, il y a en beaucoup, mais je voudrais en citer un et il a un rapport avec les jeunes et la proximité... L'ambition encore aujourd'hui est d'impliquer de plus en plus les niçois, et les jeunes. Pour cela et pendant plusieurs années, j'ai eu le plaisir de coordonner cette approche et je suis descendue dans les quartiers de Nice, où l'on faisait plusieurs déambulations pour amener le Carnaval aux portes de la ville. Mon action a été aussi de me rapprocher des écoles et des lycées techniques pour donner le goût des métiers du Carnaval aux jeunes enfants et adolescents. Le résultat fut qu'une année la section de vêtements du Lycée des palmiers ont réalisé eux-mêmes plus de 100 costumes, et ont participé également au défilé du Carnaval... Oui ce fut un beau souvenir de partage et de transmission, que d'ailleurs les jeunes me parlent encore.
J'aimerai également citer un souvenir merveilleux que j'ai pu avoir en participant à l'émission « Carnaval des Carnavals »  qui était diffusée sur la une à l'époque et j'ai eu la chance de rencontrer la célèbre speakerine Denise Fabre, qui est niçoise au passage et qui est devenue une amie.

Après toutes ces années de participation, qu'est-ce qui vous motive encore ?

Annie Sidro : Je vais faire un peu de philosophie, mais ce qui me motive encore, c'est le sens profond du Carnaval. Cette idée que le Carnaval puisse être une sorte de chaman indien qui avec son costume magico-religieux, exorcisera toutes nos peurs et nos angoisses...et de pouvoir nous transporter dans un monde féerique le temps d'un défilé carnavalesque, afin de chasser les esprits du ciel et des ténèbres... Vous voyez, c'est un peu spirituel mais j'aime bien cette pensée, pour moi le Carnaval c'est une thérapie...

Pour finir quel est votre dernier rêve ou aspirations pour votre Carnaval préféré ?

Annie Sidro : D'abord je voudrais saluer la passion et le travail des carnavaliers qui font un travail remarquable. Ensuite et j'y tiens beaucoup, c'est continuer à transmettre cette passion auprès des jeunes, qui souvent m'arrêtent et m'interrogent sur l'histoire du Carnaval, et j'adore cela.

Enfin, après avoir écrit plusieurs livres, mon rêve serait d'écrire un dernier livre sur mes mémoires de Carnavaliére sans frontières, voilà et surtout n'oubliez pas, le Carnaval c'est donner du bonheur...