- Auteur Danielle Dufour-Verna
- Temps de lecture 9 min
La Grotte de Marie-Madeleine, une grotte naturelle, condensé de nature, de mystère, d’histoire, de légende
Marie-Madeleine, appelée aussi Marie la Magdaléenne dans les Évangiles, nous inspire depuis la Nuit des Temps. Selon l’Histoire, elle serait venue à la Grotte de la Sainte-Baume, qui depuis porte son nom. Lieu de pèlerinage connu du Monde entier, c’est un condensé d’histoire, de légendes, de mystères que nous vous racontons.
La Grotte de Marie-Madeleine est lieu sacré situé au coeur du Parc Régional de la Sainte-Baume. C'est un sanctuaire géré par les frères dominicains de l'Hostellerie la Sainte-Baume. Elle attire chaque jour des milliers de pèlerins qui viennent se recueillir ou se ressourcer. La Grotte de Sainte Marie-Madeleine est un lieu insolite en Provence, faisant partie du patrimoine naturel et du patrimoine religieux, entre l'Hostellerie et le Saint-Pilon une étendue de roche qui offre un panorama à 360° sur la Méditerranée, la montagne de la Sainte Victoire et les Alpes.
La Grotte de Sainte Marie-Madeleine ou Grotte de la Sainte-Baume
Patrimoine religieux, la Grotte de Marie-Madeleine est une grotte naturelle, condensé de nature, de mystère, d’histoire, de légende, dans un site à la beauté suggestive et incomparable.
La Sainte Baume a toujours été la montagne sacrée. Il est souvent raconté que ce lieu était destiné aux cultes de la fécondité et visiblement il y aurait de fortes raisons d’y croire… Néanmoins la grotte n’a jamais été fouillée scientifiquement et rien n’est su concernant les cultes ayant pu y être pratiqués. Ce lieu sacré laisse pourtant planer le mystère de par sa position, origine symbolique de l’Humanité, et l’hypothétique venue de Sainte Marie Madeleine.
C'est dans cet abri précaire que la sainte se serait réfugiée après avoir été chassée de Béthanie. Trente années pendant lesquelles elle s’est nourrit de racines et désaltérée avec l’eau du ciel. Des anges seraient venus lui rendre visite 7 fois par jours. La visite rêvée donc, pour les férus de religion, de mystère et d’histoire…
La Grotte Sainte Marie-Madeleine et ses légendes
La grotte de Marie-Madeleine est liée à de nombreuses légendes.
Elle constitue un haut-lieu de pèlerinage depuis la découverte, en 1279, des reliques de sainte Marie-Madeleine à la Basilique de Saint-Maximin de la Sainte - Baume.
Populairement appelé Notre-Dame de Bellevue, ce site religieux était un ancien ermitage et plus tard une chapelle liée à l'ordre religieux dominicain. On y accède par une belle promenade parmi les chênes, les pins, les châtaignes, le houx et le thym. La grotte de Sainte-Marie-Madeleine à Sainte-Baume est une destination de pèlerinage pour de nombreuses personnes. Dans le passé, Catherine de Médicis, Louis XIV, Sainte Catherine de Sienne et Charles de Foucauld n’ont pas hésité à faire le chemin.
C'est une grotte naturelle, creusée par l'érosion dans le massif formé à l'époque secondaire, émergeant des fonds marins et riche en ravins, et surtout en eau; en fait, le massif représente une richesse hydrique importante pour la Provence. La grotte n'est pas située sur le sommet de la montagne, qui est bien au-delà, à 1147 m. La tradition veut que Marie-Madeleine, débarquée en Provence, se retire ici comme ermite dans les trente dernières années de son existence, après avoir évangélisé de nombreuses personnes.
La Grotte Sainte Marie-Madeleine et ses mystères depuis l'Antiquité
Le site semble avoir été «habité» depuis l'Antiquité par des anachorètes (ascètes ou ermites), qui envisageaient une vie spirituelle dans la solitude. En 415, Jean Cassien arrive d'Asie Mineure (qui avait fondé l'abbaye de San Victor à Marseille) et fonde un Prieuré de la Sainte Baume, au pied du Pic des Béguines, où il reçoit à la fois les anachorètes et les cénobites (moines qui vécurent en communauté). Selon une tradition, les sarcophages contenant les reliques de Marie-Madeleine et de ses compagnons ont été cachés sous terre en 716, pour les protéger d'une éventuelle profanation. La cachette serait celle où se trouve aujourd'hui la crypte avec les sarcophages eux-mêmes et le crâne du Saint (crypte de la basilique de Saint Maximin). Il faut savoir que le culte de Marie-Madeleine, tel qu'il nous est parvenu, remonte au plus tôt au XIIe-XIIIe siècle, à l'époque des croisades.
Les reliques de Marie-Madeleine
Des reliques de toutes sortes ont commencé à " affluer " en Occident, ce qui a accru le prestige des rois, des empereurs et des prélats, ainsi que la dévotion populaire, ce dont l'Église catholique de Rome avait de plus en plus besoin, n’étant pas, à cette époque, en position de prestige, en raison d'accusations de corruption, de richesse immodérée et d'éloignement du message évangélique; dans cette même période, de nombreux Ordres sont nés, qui tentent de se référer à la Règle bénédictine, les Ordres monastiques-chevaliers, qui voient dans ce contexte un parfait idéal de la vie religieuse. En 1254, Saint Louis revint de Terre Sainte; en 1279 son neveu, Charles II d'Anjou, Comte de Provence, trouva les reliques de Marie-Madeleine, cachées entre-temps, et au même endroit, fit construire une somptueuse basilique. Quelques années après la redécouverte des reliques de Marie-Madeleine, la papauté s'installe en France, à proximité d'Avignon et en 1309 le pape Clément V (le même que le procès des Templiers) fait une visite à la Sainte Baume. Le pape Urbain V y fit également un pèlerinage, ainsi que le poète Francesco Pétrarque et plusieurs rois de France.
La place des Frères Dominicains
Le sanctuaire est géré par les dominicains; pendant la Révolution Française, la grotte et les bâtiments ont été profanés et le culte a été interdit. En 1793, la Sainte Baume fut baptisée "les Thermopyles". Pendant les cent jours de Napoléon, elle subit de nouveaux pillages et les bâtiments de la Sainte Baume furent incendiés. Le culte fut rétabli en 1822 par le préfet de Toulon. En 1859, un frère, Lacordaire, très apprécié en France, s'installe à Saint Maximin, rachète le couvent, fait construire l'Hôtellerie dans la plaine, aidé par l'archevêque de Fréjus-Toulon, Monseigneur Jordany. Les moines dominicains sont réinstallés.
La Grotte de Sainte Marie-Madeleine, de la spiritualité au sacré
Une scène de crucifixion accueille les visiteurs, dans une sorte de calvaire dont c'est le point crucial.
La vision de l'entrée de la grotte plonge dans une sorte d'agitation émotionnelle. On peut penser à une grotte sombre, dans les entrailles de la montagne, et, au contraire, on se retrouve devant une façade "occidentale", avec six fenêtres (trois de chaque côté) et un beau portail central, avec une lunette vitrée. Sept marches qui forment presque une figure pyramidale. Dans le cimetière, parterres de fleurs, pots de fleurs, un parapet pour profiter d'une vue fascinante sur le Plan du Aups, où l'on peut également voir l'Hôtellerie! À droite et à gauche de la grotte, il y a des bâtiments conventuels qui s'étendent comme les ailes d'un aigle sur la colline rocheuse, se mêlant à elle.
Une fois franchi le seuil, tout change soudainement. La température chute brusquement. Il fait froid et l'intérieur est imprégné d'une obscurité assez dense. L'intimité que le lieu inspire est palpable. On se trouve dans une grotte utilisés comme sanctuaire. Il y a des bancs pour les fidèles, plusieurs statues ; au centre, une scène de la Crucifixion, avec Madeleine agenouillée au pied du bois sacré regardant vers le haut; Le temple est surmonté d'une croix et se tient derrière un autel. Sur le mur de la contre-façade, il y a d'innombrables dalles murées et ex-voto de fidèles.
Marie-Madeleine portée par les anges
Quelque chose brille sur la pierre: c'est l'eau qui s'infiltre dans les rochers et tombe sur le sol en grosses gouttes. L'effet, dans la grotte inférieure, est encore plus prononcé. Au-dessus, le «plafond» de roche nue, tandis que le sol a été lissé pour faciliter la marche des pèlerins. L'obscurité est éclairée par des lampes artificielles placées ici et là et par les bougies qui sont toujours allumées. La grotte est divisée en deux étages: un escalier d'accès moderne a été créé pour descendre à l'étage inférieur. Le «pont» mène au coin le plus reculé de la grotte supérieure, où se trouve la statue de Madeleine portée par les anges. Plus bas, l'obscurité devient plus épaisse et semble envelopper l’atmosphère d’un sentiment mystérieux. L'eau mouille le sol et crée d'étranges reflets pour la faible lumière placée sous la balustrade.
Ici, hors du monde, où serait-ce un effet de magie, les rochers soupirent et semblent chuchoter à l’oreille des légendes oubliées. Avant Marie-Madeleine, des femmes seraient-elles venues là exhorter les dieux ? Quelles offrandes auraient pu ainsi, baigner de larmes les roches?
À l’extérieur, un soleil éblouissant fait resplendir la montagne, plus belle encore au sortir de la grotte. Un parfum léger, comme une odeur de violettes printanières, flotte dans l’air. C’est, ici, à la Sainte Baume, le parfum de la nature respectée, préservée, aimée.
Photo à la Une : Sanctuaire Grotte Marie-Madeleine Plan d'Aups Sainte-Baume ©Alain Golea