- Auteur Thierry de Lestang-Parade
- Temps de lecture 3 min
Keith Jarrett seul, pour nous avec New Vienna
New Vienna, le dernier album en solo de Keith Jarrett sorti le 30 mai 2025 sous le label ECM, pour célébrer les 80 ans du pianiste américain au sommet de la musique, en classique et en jazz.

Keith Jarrett, New Vienna - Sortie le 30 mai 2025 sous le label Edition of Contemporary Music - (ECM)
Keith Jarrett, c'est le sommet de la musique, en classique et en jazz. Le pianiste américain, âgé de 80 ans, ne se produit plus. Mais son label historique ECM continue de diffuser son œuvre inégalée avec fidélité. Dans cette démarche, il y a aussi une sorte de tendresse respectueuse pour le musicien. Elle est perceptible par l'attachement à un son excellent, certes, la marque de fabrique du label ECM, mais aussi à la présentation continue et sobre de l'oeuvre d'un génie.
Keith Jarrett, New Vienna
New Vienna est le quatrième album à raconter la dernière tournée européenne de Keith Jarrett en 2016. C'est dans la salle dorée du Musikverein de Vienne qu'il se livre à un exercice où il excelle, l'improvisation en solo. Dans ce registre, avec le Köln concert datant de 1975, l'un des plus importants succès de vente de disques de jazz, Keith Jarrett s'était signalé au monde entier par sa virtuosité et sa sensibilité avec des créations assez longues.
New Vienna comprend 9 pièces seulement désignées par un chiffre et puis la reprise d'un de ses airs favoris Somewhere Over The Rainbow de Harold Arlen. Ce moment est plein d'une grâce insouciante avec le plaisir du pianiste de le jouer d'une façon décontractée pleine de maîtrise.

Les notes bondissent
Les numéros pour chaque pièce permettent à l'auditeur de fabriquer lui-même ses propres images. Des titres auraient tendance à emprisonner les œuvres dans des univers. Là, c'est la musique qui s'adresse directement à chacun de nous.
La première pièce, d'une durée de 11 minutes, peut déconcerter. Les notes bondissent. Elles ne sont pas toujours aimables. Ce langage n'est pas apaisé. Mais le monde ne l'est pas vraiment depuis toujours . Keith Jarrett le raconte à sa façon.
La tonalité est bien différente avec la deuxième improvisation. Les notes, souvent isolées, distillent de la profondeur ou de la légèreté. Un bel exemple de jazz minimaliste, même si avec Keith Jarrett, il est périlleux d'affubler des étiquettes à ses compositions célébrant surtout la liberté sans frontière. Le quatrième morceau est sur la même lignée. Un chemin s'ouvre devant nous avec des airs tendres. Jarrett cultive son champ d'inspiration.
Au cœur de l'émotion
Dans la cinquième partie, le compositeur a choisi la durée de plus de dix minutes pour une composition assez jazz. Avec lui, l'émotion nous atteint facilement avec son approche si délicate. Ce disque est un riche témoignage de l'oeuvre d'un génie attaché à la singularité de chaque instant dans ses concerts. Dans ce disque, les notes sont réunies comme capturées. Pourtant, elles apparaissent libres pour nous envoûter.