- Auteur Marie Celine SOLERIEU
- Temps de lecture 10 min
Thomas Dutronc au Zénith de Pau, « Il n’est jamais trop tard » – Interview
Interview de Thomas Dutronc à l’occasion de son prochain concert le 29 avril 2025 au Zénith de Pau où il présentera son dernier album « Il n’est jamais trop tard ». Un concert qui s’annonce festif, prêt à faire rêver et donner du baume au cœur au public.

Thomas Dutronc © Yann Orhan
Thomas Dutronc sera en concert au Zénith de Pau le 29 avril prochain, une étape de sa tournée 2025 dans les Pyrénées-Atlantiques. Il viendra accompagné de ses amis musiciens pour présenter son nouvel album : "Il n'est jamais trop tard", dans le cadre de la saison culturelle de Jazz à Pau 2024-2025.
Thomas Dutronc : guitare / chant
David Chiron : contrebasse
Jérôme Ciosi : guitare
Aurore Voilqué : violon
Rocky Gresset : guitare
Éric Legnini : piano
Maxime Zampieri : batterie
Julien Herné : basse
Nous avons eu le privilège de l'interviewer par téléphone, un artiste généreux et disponible.
Thomas Dutronc, "Il n'est jamais trop tard" Interview
Thomas Dutronc, un concert très attendu au Zénith de Pau
Bonjour Thomas Dutronc. Vous serez en concert le 29 avril au Zénith de Pau. Connaissez-vous la ville ?
Thomas Dutronc : Je me rappelle être venu une fois il y a longtemps, à un festival de jazz, un festival en plein air. J'ai le souvenir qu'ils nous avaient fait manger des pommes de terre fabuleuses.
Je crois que le train n'allait pas si vite, on avait dû arriver par l'aéroport qui était tout petit. C'était déjà la ville de notre premier ministre. Tout jeune et fringant à l'époque.
Vous êtes très attendu pour ce concert. Est-ce que vous avez encore le trac ?
Oui, on a toujours le trac, ça part jamais. C'est comme la fameuse histoire de la comédienne qui disait à Louis Jouvet... "Moi, quand je joue, c'est marrant, j'ai pas de trac du tout". Et Louis Jouvet qui a lui a répondu : "Ne vous inquiétez pas, ça viendra avec le talent".
Avec mes musiciens, on se met un petit booster, on est entre nous, on se réconforte un peu. Il faut pas que le trac soit paralysant. Le trac, on l'a toujours, mais il s'estompe. Plus on a un spectacle qui est travaillé, qui est répété, qui est béton, qui est en béton armé, où on sait que tel morceau, tel enchaînement, telle tournerie rythmique etc ..., on commence à être comme un poisson dans l'eau dans son spectacle.
On a très envie de s'éclater et de s'amuser. Et là on ressent le retour du public au fur et à mesure du spectacle, du concert.
De plus on a une équipe technique qui travaille vraiment comme des fous, du matin à 9h jusqu'à 00h30. C'est non-stop pour eux.
Cela promet d'être un beau concert ?
Il faut le ressentir. Souvent, je tombe sur des gens qui ne m'avaient jamais vu. Je ne pensais pas que c'était comme ça. Peut-être parce que je suis fils de ... Peut-être parce qu'ils ne connaissent pas bien ma musique.
Les gens qui ne connaissent pas s'attendent à un truc demi-chiant. Un peu comme la variété.
Des spectacles plein de surprises
Et alors, comment vous définiriez-vous vos concerts ?
Ce sont des spectacles plein de surprises. Ça part dans tous les sens. Il y a des sketchs. Les musiciens qui m'accompagnent ont tous un niveau international. Il y a vraiment une tournerie d'enfer également.
Le concert prend trois directions :
On présente un petit peu l'album d'abord avec un univers très pop. Mais ça groove, ça donne envie de danser. C'est vraiment chouette.
Ensuite, il y a un passage acoustique que j'appelle la guinguette manouche. On rentre dans un truc plus profond et qui va plus loin dans le délire musical finalement. Très guitare-voix, très acoustique. C'est un concert plus intime.
Et puis pour terminer le concert, on repart dans le côté un peu rock festif où là, tout le monde s'amuse.
Donc, c'est un concert où on peut danser aussi ?
C'est un concert que l'on peut écouter et danser aussi.
Mais oui, il y a des passages où j'aime bien quand les gens dansent un peu. Même si moi, je n'aime pas quand on me dit « vas-y, lève-toi, danse, ça me saoule ». Et en tant que spectateur… Je sais que malgré tout, ça fait du bien à beaucoup de gens.
Oui, puis c'est aussi un langage par rapport au retour du public ?
Le fait que le public danse, ça fait du bien à tout le monde. Je ne force pas les gens à danser tout du long du concert. C'est juste des encouragements sur quelques passages.
Des musiciens de génie
Parlez-moi de vos musiciens ... Comment les avez-vous rencontrés ? Est-ce que ce sont des musiciens qui vous suivent sur la tournée ? Est-ce qu'il y a une fidélité avec eux ?
Oui. Plutôt, puisque il y a Rocky Gresset, qui est un génie de la guitare incroyable, il a un niveau vraiment international. On m'a dit un jour : « Mais c'est super la guitare ». Je dis « Ouais, c'est Rocky ». C'est un vieux copain. Je le connais depuis qu'il a 14 ans. J'avais 23, 24 ans. C'est Rocky qui m'a fait rencontrer Eric Legnini, d'ailleurs.
Je connaissais déjà le batteur qu'on a. Et c'est Eric qui m'a fait rencontrer le bassiste. La formule qu'on a à basse-batterie, Maxime Zampieri et Julien Herné, c'est celle qu'on avait avec mon père.
J'étais content qu'ils soient d'accord pour continuer de jouer avec moi, malgré qu'il n'y ait plus mon père. Et que l'on soit dans une tournée un peu plus petite. J'étais content parce que c'est une super rythmique.
Ensuite, j'ai rajouté Aurore Voilqué, qui est une vieille copine qui joue du violon, elle a vraiment une belle présence. Ça fait du bien, un peu, une femme sur scène. Elle a beaucoup d'énergie et de charisme. Donc, ça, c'est génial. Elle met le feu à 2-3 endroits où il faut le mettre. C'est une très bonne musicienne qui est très habituée à aller chercher les gens. C'est quelqu'un qui va chercher les gens.
Et puis, j'ai mes deux vieux camarades, David Chiron et Jérôme Ciosi, avec qui j'ai commencé un petit peu les tournées.
On voit que c'est vraiment une bande d'amis sur scène.
Je crois que c'est de la musique qui est très belle, mais qui est en même temps instinctive. J'adore la musique, la belle musique, et j'essaye le plus possible d'en placer dans mes concerts un petit peu grand public. C'est comme si j'étais un peu un vulgarisateur.
On n'est pas en train de parler de technique, évidemment. On parle de musiciens qui ont tout, qui ont la technique, qui ont le brio, qui ont l'intelligence, du silence, du calme et tout.
Petit à petit dans ma vie, j'ai eu la chance de rencontrer des grands musiciens, et je suis trop fier et heureux qu'ils acceptent de me suivre, moi, avec mes petites chansons, en tournée. Vraiment, j'ai de la chance.
« Il n'est jamais trop tard » le dernier album de Thomas Dutronc
Votre dernier album, « Il n'est jamais trop tard ». Qu'est-ce que ça raconte comme histoire ? Il n'est jamais trop tard de quoi ?
Ce qu'on veut. Il faut écouter le disque, c'est compliqué.
Mais vous Thomas Dutronc, qu'avez-vous voulu raconter ?
C'est difficile de faire un pitch. Ce sont des chansons avec des belles mélodies et des histoires. On raconte des histoires. On a des belles mélodies, c'est ça qui compte.
Pourquoi avez-vous appelé votre album comme cela ? Est-ce parce que vous aviez déjà envie de raconter quelque chose, non ?
Je laisse à chacun le plaisir d'imaginer ce qu'il veut. Je ne suis pas là pour asséner des vérités. Ce n'est pas un manuel scolaire, mon disque. Chacun entend ce qu'il veut. Chacun rêve ce qu'il veut.
Ça fait rêver, effectivement, ce titre.
J'espère. Mais en tout cas, ce n'est surtout pas quelque chose de concret.
On peut l'écouter, il n'y aura pas d'interrogation écrite dessus après sur ce que l'artiste a voulu dire ?
Des parents mythiques
Tout à l'heure, vous parliez de cette image que le public pouvait venir voir vos concerts parce que vous êtes Thomas Dutronc, le fils de… Qu'est-ce que ça évoque pour vous, cette réflexion ? Qu'est-ce que vous ressentez par rapport à cette image-là ?
Je ne sais pas. Je n'en sais rien. Ce n'est pas facile d'être fils de ... Je m'en suis bien tiré puisque j'ai maintenant mon univers, mon truc, mes amis musiciens, je fais mon truc.
Je me rappelle, il y a une dizaine d'années, une quinzaine d'années, alors que Charlotte Gainsbourg était déjà au sommet de son art et de sa notoriété en tant qu'actrice, à la télé, en grosse écoute, du samedi soir, on ne lui parlait que de son père. Moi, j'adore parler de mes parents quand on m'en parle, mais quand on ne parle que de ça, c'est fatigant, évidemment.
J'estime que c'est une chance énorme d'avoir eu des parents aussi talentueux, aussi connus, aussi mythiques, aux timbres de voix et aux chansons incroyables. Après, je pense aussi à mon grand-père qui était musicien, qui jouait du piano.
Tout le monde ne peut pas s'appeler Mozart ou Django ou Michael Jackson. Chacun fait son truc. Je ne voulais pas venir à la chanson, j'avais envie d'éviter ça.
Mes parents, ça m'a rattrapé. Je voulais faire de la musique instrumentale au début, et puis c'était quand même très difficile. Je voyais que j'avais quand même envie, sur scène, de parler, de faire le con, donc presque un peu de chanter, en fait.
C'est venu petit à petit. Mais je comprends tout à fait les a priori que les gens peuvent avoir. Moi, je défends vraiment mon univers sur scène, on va dire.
J'ai du mal avec mes titres qui sont passés en radio. J'ai l'impression qu'ils ne me ressemblent pas du tout. Je suis vraiment un artiste de scène. D'ailleurs, les lives, à chaque fois qu'on les a faits, ont plutôt bien marché. C'est assez difficile de faire un arrangement tout de suite quand les chansons sont toutes fraîches et qu'on ne les a pas encore jouées devant le public. Donc, je comprends qu'il y a plein de gens encore qui ne me connaissent pas du tout.
Et puis, la télé. La télé, jamais on ne m'a demandé de faire ma chanson « Les frites bordel ». Il y a plein de gens qui l'adorent, qui la connaissent, mais jamais il n'y a eu une seule télé qui m'a demandé de faire cette chanson. Jamais il n'y a eu une radio qui a passé cette chanson. Il y a un truc quand même qui est très sclérosé dans la musique en France, mais ça, c'est un autre débat.
C'est sur scène qu'on peut vraiment comprendre ce que je fais.
Il faut donc venir vous voir !
Absolument, en fait. Je vais payer les gens pour qu'ils viennent !
Non, je ne pense pas que vous devez faire ça, cher monsieur !
Non, mais voilà, c'est encore une fois, je suis là pour me vendre. Je veux dire, on discute ensemble pour me vendre, mais c'est vrai que très souvent, les gens me disent « Je ne m'attendais pas du tout à ça ».
J'ai quand même la pression ! J'ai connu Gainsbourg. Je suis fils de Dutronc et Hardy. Je ne vais pas faire de la m....e. Je ne vais pas faire un truc pour… Je ne vais pas faire quelque chose de nian-nian. Je ne vais pas faire quelque chose de jazz intello. Je ne vais pas faire quelque chose de timide.
Ça fait du bien en tout cas, de donner du baume au cœur aux gens, au public avec votre musique.
Ça fait du bien.
Merci beaucoup, Thomas.