Sloane Square Band, dans la cour des grands du rock symphonique

Sur la scène du théâtre Benoît XII d'Avignon, l'émotion était palpable le samedi 1er mars 2025 lors du concert de Sloane Square Band. Claude Segalin, le fondateur, dédie cette première rencontre entre le public et le groupe sous sa forme actuelle à « Carton », le chanteur vauclusien de Raoul Petite fauché par la maladie .

Présentation de Sloane Square Band (SSB)

Les musiciens de Sloane Square Band

La formation comprend trois nouveaux membres, Philippe Kalfon, guitariste, Mallorie Arrue, choriste, Elodie Armahanian, choriste et puis Claude Segalin, fondateur du groupe, guitariste et auteur compositeur, Gérard Thouret, claviers, Alix Guglielmi, bassiste, Leina Vinx, flûtiste, Richard Groulx, chanteur et auteur, Anthony Valenzuela, batteur.

Thoughts, titre phare de leur dernier album

Des nappes de piano annoncent la première chanson Thoughts, le nom de l'album enregistré à Entraigues-sur-la-Sorgue et à Vedène avec des participations prestigieuses comme Guy Pratt bassiste de Pink Floyd.

La voix de Richard Groulx s'élève, maîtrisée. Philippe Kalfon, le guitariste, offre des compositions enfiévrées. On y ressent une approche à la Jeff Beck : la guitare raconte un arc en ciel de sentiments.

La route de SSB continue avec des concerts près de Paris et à Londres. Mais cette première date à Avignon résonne bien comme le début d'une nouvelle et belle aventure. Claude Segalin, compositeur et Richard Groulx, le chanteur, racontent leur aventure.

Sloane Square Band, une histoire peu banale ... Interview

Claude Segalin, fondateur

L'histoire est peu banale. SSB a été fondé en 1970 à Orange avant de se reformer en 2017 ?

Claude Segalin auteur et compositeur : Oui, c'est cela.

Mais c'est une histoire un peu curieuse ...

Claude Segalin : SSB a été fondé quand j'étais adolescent en 1970. Il a eu une période de vie de huit ans jusqu'à mon départ pour l'armée en 1978. Quand je suis rentré, nous avions tous entre 20 et 25 ans. Certains avaient pris l'ascenseur social, se sont mariés. J'ai alors continué à faire de la musique pour moi. Tout seul.
En 2015, ma femme a malheureusement été atteinte par le cancer. Une fois la maladie vaincue, j'ai décidé de remonter le groupe pour soutenir la Ligue contre le cancer. J'ai recontacté mes anciens musiciens. L'un d'eux était mort. Ils étaient éparpillés non seulement dans la France mais dans le monde entier.

L'un d'eux, un des mes anciens bassistes, habitait en Californie. Je suis allé le voir. Il est ensuite venu à Avignon. Au cours d'un repas, nous nous sommes trouvés à plusieurs membres. Ils m'ont demandé de jouer de la guitare, de composer et de donner un concert de retrouvailles. Cela m'a motivé et j'ai beaucoup composé. Nous devions jouer sur l'ïle de la Barthelasse à Avignon. Finalement, nous avons joué à Saint-Remy-de-Provence. dans un magnifique domaine. Nous devions nous retrouver avec une cinquantaine de personnes. Il y en a eu 500. Depuis 2017, une nouvelle dimension a été donnée avec de nouveaux interprètes pour atteindre une dimension nationale, voire internationale.

Quelle est l'origine du nom "Sloane Square Band". Qu'est-ce que cela signifie ?

C'est une vieille histoire. Tout simplement, Sloane est un quartier de Londres. Adolescent, j'allais en Angleterre comme beaucoup d'autres jeunes pour apprendre l'anglais. Il y avait un bouche de métro qui s'appelait Sloane square. J'ai ajouté le mot band.. Au départ, nous nous appelions Sloane.

Pour votre dernier disque Thoughts , vous avez réussi à bénéficier de concours prestigieux. Guy Pratt, à la basse qui a joué avec Pink Floyd, Joniece Jamison, choriste d'Eurythmics et de Elton John , les violons de l'orchestre national d'Avignon Provence, l'arrangeur Steve Forward qui a travaillé avec Paul Mac Cartney. Dans quelles circonstances ces personnalités sont-elles venues ?

Steve Forward a aussi travaillé avec Ray Charles. Il y a plusieurs cas différents pour ces concours. Je voulais une dimension à l'album et il nous fallait une tête d'affiche. J'ai tout simplement envoyé un mail à Guy Pratt avec deux démos en lui demandant de travailler avec nous après avoir présenté mon parcours. Il m'a donné son accord et a travaillé sur tous les titres. Il est venu à Avignon pour travailler quatre ou cinq jours.

Et pour Steve Forward ?

Pour Joniece Jamison et Steve Forward, cela est lié à Gérard Thouret, notre clavier qui gère le studio d'enregistrement MGO à Vedène. Il a été le concepteur de l'album.

Gérard travaille depuis des années avec Steve et Joniece. En plus, il a amené notre chanteur Richard Groulx, la voix de Starmania.

Des orientations musicales précises

Vous vous exprimez dans un registre musical, le rock progressif peu joué en France à part Ange il y a bien longtemps. Pourquoi ce choix ?

J'ai une culture rock. Je suis né avec les Beatles, les Rolling Stones. Dans les années 70, il y a eu Magma, Genesis et surtout Pink Floyd. Dans la musique progressive, il y a des centaines de direction. J'ai conservé l'aspect symphonique et psychédélique de Pink Floyd.

Richard Groulx, la voix de Starmania

Avec Michel Berger et Johnny Hallyday

Richard, vous êtes originaire du Québec. Comment vous êtes vous retrouvé dans un groupe de rock en Provence ?

Richard Groulx, chanteur et auteur : C'est vrai que je suis né à Montréal où j'ai vécu de nombreuses années. C'est Starmania qui m'a amené d'abord en France. J'ai participé à la deuxième production parisienne de Starmania sous la mise en scène de Michel Berger, de Luc Plamondon. Cette version comprenait la participation de Maurane et de bien d'autres artistes. A Paris, j'ai rencontré une Française qui est venue vivre avec moi à Montréal.Nous nous sommes mariés et nous sommes revenus dans le sud de la France rencontrer ses parents. J'ai adoré la région. Nous faisions beaucoup d'allers-retours Montréal-Provence. Des amitiés se sont développées. Il y a quelques années, nous avons acheté une maison et nous nous sommes installés dans le Vaucluse.

Vous avez été la célèbre voix de Starmania et vous avez participé à de nombreuses autres comédies musicales. Vous avez aussi travaillé avec Michel Berger et Johnny Hallyday. Quels sont vos souvenirs ? Avec Michel Berger ?

Ce qui me vient en tête, c'est un être exceptionnel. ( Richard en parle au présent). Ses chansons étaient écoutées au Québec mais je ne le connaissais pas. J'étais éloigné de sa dimension de star. C'est un être humain que j'ai connu et découvert en 1988. Travailler avec lui était extraordinaire.

Michel Berger a composé pour son disque Rock n'roll attitude toutes les chansons. Une partie de la production du disque a été réalisée à Montréal. J'ai été appelé comme choriste en présence aussi de Michel Berger.
Le disque Rockn' roll Attitude de 1985 de Johnny Hallyday contient Quelque chose de Tennessee

Et Johnny Hallyday, comment était-il en studio ?

Je l'ai rencontré plusieurs fois en studio et lors de ses spectacles. Son habilleuse Nelly était mon habilleuse pour Starmania. Dès qu'il se produisait à Montréal, elle me prévenait en m'invitant à aller le voir. Je le voyais dans sa loge. Il était très gentil. En plus, c'était une bête de scène. Je l'ai découvert aussi à Paris lors de grands spectacles. C'était incroyable.

Vous avez aussi partagé l'affiche avec Céline Dion en 1984 en chantant Croire devant le Pape à Montréal devant 65 000 personnes. Comment résister à la pression dans de telles circonstances ?

(Rires). Je ne sais pas comment vous l'expliquer. J'avais le trac comme Céline, âgée de 16 ans, qui était très jeune. Elle a chanté Une Colombe et j'ai chanté Croire.

Quelle est votre chanson préférée de l'album ? Pour ma part, c'est Jane et puis Father.

J'apprécie le titre Father qui me fait penser à mon père. J'aime bien aussi Fishes, la chanson la plus rock du disque. Dès que j'ai écouté les compositions, je les ai appréciées avec la qualité des musiciens et de la production.

Richard cite alors plusieurs titres. Il apprécie toutes les chansons.

Actualités et événements à venir

Sur le plan financier, comment faites-vous ?

Claude Segalin : Il y a papa Claude, c'est moi. Nous ne voulons pas gagner de l'argent. Nous espérons subvenir à nos besoins. Pour l'instant, le banquier, c'est moi.

Comment voyez-vous l'avenir du groupe ?

Richard Groulx : Je constate que le disque est très bien reçu. Il est écouté au Canada et aux Etats-Unis. Cela s'annonce bien. Nous allons voir comment la tournée va se développer.

Avez-vous conscience de changer de statut en vous produisant bientôt près de Paris et en Angleterre ?

Claude Segalin : C'est toujours ce que j'ai voulu. Nous sommes repartis de rien. Au fil des rencontres, le groupe s'est structuré et s'est bonifié en devenant une formation à dimension nationale, voire internationale.

Les prochains concerts :
26 juin 2025 à Pacific Rock à Cergy
23 novembre 2025 au Camden Club à Londres.