- Auteur Danielle Dufour-Verna
- Temps de lecture 13 min
Plan de Cuques, ‘Scène ouverte’ Nouvelle Ville – Festival
Pour mener à bien cette culture si essentielle, Plan de Cuques devient en ce mois de mars “Scène ouverte”. Éclectisme de l’art au sens propre, la ville a offert à plus de 200 artistes amateurs ou professionnels de remonter sur scène, “avec pour seule contrepartie faire vibrer le public derrière les écrans pendant 1 mois, c’est-à-dire 30 jours et 35 spectacles” Rencontre avec Laurent Simon, maire de Plan de Cuques, dont l’ambition est de faire de sa ville, une ville culturelle.
Plan-de-Cuques se métamorphose en ville - festival en ce mois de mars 2021. Rencontre avec Laurent Simon, maire de ce village à destination de scène ouverte.
« On est en manque collectivement de moments de rassemblement, de fraternité. »
Plan de Cuques, Scène ouverte, nouvelle Ville-Festival
Reportage réalisé à l'initiative de Projecteurtv.com, média 100 % indépendant, afin de tenir informés nos lecteurs sur les actions culturelles
Exit la ville dortoir - La culture pour tous !
Un vent de folie s’est-il emparé de cette paisible commune de Plan de Cuques ? Des bâtiments flambants neufs s’élèvent ; la Montade, ce quartier quelque peu ‘oublié’, renait de ses cendres ; pis encore, les murs du complexe du Parc Miremont vibrent de concert : musiques, chants… Un vent de folie ? Que nenni ! Le dynamique et jeune maire fraîchement élu, Laurent Simon, a simplement décidé d’éveiller les jardins endormis, ou plutôt, avec son équipe, de donner un coup de fouet dans le paysage Plan de Cuquois. Son leitmotiv ? La culture pour tous ! Enfant de la commune, attaché à ‘son village’ et à ses traditions mais radicalement tourné vers l’avenir, Laurent Simon veut insuffler un sang nouveau à sa ville, la propulser vers des horizons culturels et conjuguer, avec toutes et tous, le ‘vivre-ensemble’ qui lui est cher. En ces temps de souffrance pour le monde de la culture, notre média met en exergue cet évènement et applaudit des deux mains toute initiative pour sortir la culture, sous toutes ses formes, de son carcan actuel.
« De la pièce de théâtre, aux DJ, en passant par la musique vivante, la peinture… »
La Mairie de Plan de Cuques communique : " Depuis de nombreux mois, nous sommes confrontés à une situation hors normes, nos modes de vies sont bouleversés. Les mesures prises par le gouvernement pour endiguer cette pandémie, ont des répercussions sur certains secteurs, comme les activités culturelles avec un coup d’arrêt sans perspective de reprise établie ; la Culture est un lien social indispensable, elle est l’expression de la vie. Ainsi la Mairie de Plan de Cuques a décidé d’aider « l’Art & la Culture » et son public à se retrouver. Elle a ainsi souhaité offrir une Scène Ouverte aux artistes amateurs ou professionnels, dont certains sont issus du tissu associatif local en leur permettant de pouvoir remonter sur scène, avec pour seule contrepartie faire vibrer le public derrière les écrans pendant 1 mois, c’est-à-dire 30 jours et 35 spectacles avec plus de 200 artistes.
Le concept est simple, mettre en place un festival ayant une visibilité privilégiée, une scène ouverte à tous les arts, librement consultable en ligne, directement ;
Pour l’occasion, la mairie a mis à disposition la salle de spectacle Miremont qu’ils ont équipée pour la prise de son et de lumière ; Ces équipements ont permis aux participants de se produire dans un vrai cadre professionnel.
Pendant ce mois de festival sera proposée une sélection de performances artistiques la plus éclectique possible, pouvant aller de la pièce de théâtre au set DJ, en passant par la musique vivante et la peinture… A chaque rendez-vous, un spectacle différent sera proposé au public, le programme détaillé étant distribué et diffusé sur les réseaux sociaux de la Ville de Plan de Cuques."
Festival ‘Scène Ouverte’ le renouveau culturel de Plan de Cuques
Interview de Laurent Simon, Maire de Plan de Cuques
« Du rock, du rap, de la country, de la chanson française, du cabaret, un transformiste… »
Danielle Dufour-Verna / Projecteur TV – Scène ouverte à Plan de Cuques, où et à qui ?
Laurent Simon –Elle est ouverte –en réalité, elle a été ouverte puisqu’on a terminé les enregistrements. Nous sommes dans la phase diffusion de ce que nous avons enregistré-. Elle a été ouverte, évidemment en priorité à nos associations de Plan de Cuques qui sont très dynamiques dans plein de domaines artistiques. On a du théâtre, des écoles de musique, du chant et de la danse provençale, de la zumba, deux chorales, on s’est donc tourné en premier vers nos associations et nous voulions aussi élargir à nos partenaires, les personnes avec lesquelles on travaille dans l’année dans les diverses manifestations municipales comme les carnavals, ainsi qu’aux artistes plan de cuquois. Cela nous a permis de multiplier l’offre de programmation. Au total ce sont trente spectacles qui auront rassemblé 224 artistes : du théâtre, de l’opéra, du chant corse… On a voulu faire un geste à l’égard des discothèques qui sont, elles aussi, durement frappées par les restrictions sanitaires. On a eu les DJ des plus gros clubs de la région qui sont venus enregistrer les mix dans l’espace culturel Miremont et qui seront rediffusés par Radio Star, partenaire de l’opération sur cette partie-là. On a eu du rock, du rap, de la country, de la chanson française, du cabaret, un transformiste.
« Une dimension de soutien aux artistes » car « La Culture est essentielle »
DDV – J’imagine que cette idée a été bien accueillie …
Laurent Simon –Le geste a été très bien accueilli. C’est-à-dire qu’au-delà d’un divertissement, un spectacle, une évasion pour les gens qui vont se connecter tous les soirs sur la chaine You Tube, il y a vraiment une dimension de soutien aux artistes. C’est pour cela que dans les post Facebook que j’écris je mets toujours : « La culture est essentielle. » Ce mot de non-essentiel a fait beaucoup de mal. On en a besoin. Le public en a besoin. Les artistes en ont besoin. On a travaillé là-dessus en cherchant des manifestations qui soient covid compatibles. Depuis que je suis élu, je passe mon temps à annoncer des annulations de manifestations. C’est lourd. Quand on a proposé cette idée, on ne savait pas comment elle allait être accueillie car on se tourne vers des gens qui n’ont plus bossé depuis un an et on leur propose une date, mais ‘gratos’. On leur offre l’enregistrement, la captation etc. mais ils n’ont pas de cachet. Tous ont été enchantés. Ils nous ont remerciés. Ils nous ont écrit. Ça a été très bien perçu.
« Du rap et des DJ, un graffeur à Plan de Cuques ? »
DDV –est-ce que l’idée est également de redynamiser Plan de Cuques en lui insufflant un côté plus ‘moderne’ ?
Laurent Simon – Je vois la réaction des gens qui sont surpris au début par le choix de la diversité : Rap, Dj etc. à Plan de Cuques ? Mais si cela peut, au milieu de tout cela, donner effectivement une image un peu plus moderne, plus dynamique de la commune, je prends avec. Les Plan de Cuquois qui écoutent du RAP il y en a plein ; les Plan de Cuquois qui écoutent les Dj il y en a plein. On veut avoir une offre pour tous les publics, pour toutes les générations. Les gens des chorales par exemple nous ont remerciés, plutôt des séniors, heureux de pouvoir se produire sur scène dans des conditions professionnelles optimales, professionnelles, même si tout le monde a souffert de l’absence du public. La démarche a été appréciée, nous, on s’est régalé à le faire et ça nous donne des idées pour la suite.
DDV –Parlons de la suite et de l’éventualité que cette COVID nous laisse la possibilité d’envisager l’avenir. Cette scène ouverte sera pérennisée ? Sous quelle forme ?
Laurent Simon – Devant l’engouement de cette première expérience, nous avons noué de nombreux contacts que j’aimerais faire fructifier. J’aimerais pouvoir organiser ce festival une fois par an, avec le public, que cela devienne un rendez-vous récurrent. Un festival qui serait marqué par sa variété, sa diversité, ouvert à toutes les formes d’art. Un graffeur est venu également avec lequel nous avons beaucoup discuté pour d’éventuels autres graffs dans la commune, par exemple pour embellir les murs du gymnase qui doit faire l’objet de travaux. Oui, mon ambition, c’est qu’on puisse refaire ce festival.
DDV – A ce moment-là, le festival sera-t-il ouvert aux artistes venus de l’extérieur ?
Laurent Simon –Oui, pourquoi pas ? Sincèrement, on ne pourra pas tenir un festival comme celui-ci en réel pendant un mois, sans-doute une semaine, dix jours… Je suis prêt à ce que la Mairie apporte un vrai soutien financier aux artistes. Cette année, nous sommes passés par un professionnel pour tout ce qui était son, lumière et captation avec l’aide de l’équipe technique de la ville car la salle dont j’ai hérité n’était pas équipée du tout : une scène et des fauteuils, c’est tout. On a lancé une réflexion sur l’équipement de la salle pour la rendre idoine à tous les types de spectacles qui pourrait s’y tenir : du théâtre, du stand up, de la musique classique, de la danse… Cela, on va essayer de le faire d’ici la fin de l’année 2021. C’est prévu au budget. Ce qui veut dire que ce même budget, l’an prochain, pourrait être alloué pour, d’une part payer les artistes en mettant une billetterie à tarif modique –l’idée est que ce soit populaire- et pérenniser ainsi un festival de proximité.
« On est en manque collectivement de ces moments de rassemblement, de fraternité. »
DDV –Le 21 juin, fête de la musique, un espoir qu’elle ait lieu?
Laurent Simon – Je l’espère, je l’espère de tout mon cœur. Je suis un grand fan de la fête de la musique, j’adore la musique tout court. Sincèrement, ça fait long, là ! Je suis en manque de manifestations. On est en manque collectivement de ces moments de rassemblement, de fraternité. Cet été, après mon élection, une des premières décisions prises a été de rétablir un peu des festivités, celles de la Sainte Marie-Madeleine, qui avaient dû être annulées pour cause COVID par Jean-Pierre Bertrand, mon prédécesseur. Heureusement que nous avons fait cela parce qu’entre juillet 2020 et ce festival ‘Scène ouverte’, il ne s’est rien passé d’autre et ‘c’est un truc de fou’. Des moments de fraternité avec les vieux, les jeunes, les nouveaux, les anciens qui se retrouvent, c’est important, je crois, dans ce qui nous constitue en tant que communauté, en tant que village. J’espère qu’on pourra faire la Fête de la Musique, je le souhaite de tout mon cœur.
DDV – Puisque Plan de Cuques est en passe de devenir une ville culturelle, pourquoi pas un ‘Printemps des Poètes’ ?
Laurent Simon –C’est une très bonne idée. Je vais en parler à mon adjoint à la culture. L’idée est de faire du Parc Miremont un lieu de culture. Evidemment des expositions, etc. mais aussi des cafés littéraires, des masters class… des idées, j’en ai de quoi repeindre tous les murs de la mairie (rires). Pourquoi pas le Printemps des Poètes qui peut se faire dans le parc. J’aime beaucoup les lectures publiques. L’idée me plait beaucoup.
« Je crois beaucoup à l’Art dans la Rue. »
DDV –Plan de Cuques, ville culturelle ?
Laurent Simon - Ma conviction profonde est que, comme n’importe quelle autre commune, nous avons le public pour cela, une variété de profils qui peut être intéressé par plein de propositions culturelles différentes. Deuxièmement on a la taille pour, c’est-à-dire que nous pouvons faire des choses à taille humaine, par exemple des concerts acoustiques… Je crois beaucoup à l’art dans la rue. Il y a des gens qui ne franchissent pas la porte d’un musée ou autre, mais si on leur met sur le chemin de l’école, du centre médical ou autre, les gens vont être interpellés et s’arrêter dans la rue. On a tout pour devenir un endroit de culture et de toutes les cultures. Je tiens à ce qu’il y ait un maillage total de culture, pas élitiste, mais pointue.
« Un tremplin pour les jeunes talents »
On se posait la question hier avec mon équipe d’utiliser la scène pendant le festival pour faire une sorte de tremplin, en partenariat avec Radio Star puisque c’est la radio de la commune, pour faire découvrir des talents dans des domaines très différents. Aujourd’hui on a la capacité avec les réseaux sociaux de toucher instantanément. Potentiellement des millions de gens peuvent être touchés. C’est bien qu’une municipalité serve de tremplin à des talents, une manière de soutenir.
DDV –Le bonheur pour vous, à titre personnel, c’est quoi ?
Laurent Simon – Je ne vais pas dire que c’est le bonheur pour le monde, sinon je paraphraserais Saint-Just, mais je pense, c’est de s’accomplir en rendant heureux les gens qu’on aime.
«Un lieu du vivre-ensemble »
DDV – Qu’espérez-vous pour demain, pour le monde et pour votre commune ?
Laurent Simon –Pour le monde, y compris pour ma commune, je vais espérer l’apaisement. Je pense que cette crise sanitaire a sonné partout des signaux d’alarme. Je sors d’une réunion avec les Directeurs d’école. Il y a, y compris à Plan de Cuques, des signaux un peu alarmants qui traversent la société. Si on pouvait au moins tous reprendre confiance, ce ne serait pas mal. Evidemment, que la situation s’apaise, retrouver une vie normale et un peu plus fraternelle qu’avant. Et pour Plan de Cuques, qu’on développe encore ce goût du vivre ensemble. J’aime bien l’esprit village, pas dans le sens cocardier, village gaulois refermé sur lui-même mais dans le côté, au contraire, fraternel et respectueux de tous. J’aime bien l’idée du village où les jeunes croisent les vieux avec un respect mutuel. J’aime bien cette image-là qui peut paraitre surannée à l’heure des réseaux sociaux mais je crois à cela. C’est cet esprit que j’ai envie d’insuffler. Je voudrais qu’à la fin de mon mandat on soit moins considéré comme une ville dortoir et plus considéré comme un havre de paix, un lieu de vivre-ensemble.