- Auteur Thierry de Lestang-Parade
- Temps de lecture 5 min
Max Atger le souffle du saxophone
Rencontre avec le saxophoniste Max Atger, à l’occasion de la sortie de son premier album, Refuge, un chemin musical empreint de poésie et de quiétude.
©Patrick Martineau
Ce vendredi 29 novembre 2024, sur la Scène de l'Akwaba de Châteauneuf de Gadagne, Max Atger, âgé de 30 ans, danse. Son instrument ténor ressemble à une immense et un peu étrange virgule dorée, rythmant des sons. Mais sur le premier album du saxophoniste, compositeur, improvisateur, enregistré avec son trio, Refuge, c'est un tout autre territoire qui jaillit : c'est le royaume de l'apaisement. La pochette représente un paysage enneigé dans les Pyrénées orientales. Maxime Atger, qui a choisi pour nom de scène Max Atger, a commencé à jouer du saxophone à l'âge de 6 ans. Il raconte son parcours.
Max Atger, saxophoniste
Quels sont vos premiers souvenirs des contacts avec l'instrument ?
Max Atger : Je me souviens surtout de mon père qui jouait du saxophone. A la base, il était flûtiste classique et a joué à l'Opéra d'Avignon. Il a été enseignant en école primaire et jouait en semi-professionnel. Puis il s'est mis au saxophone alto.
Vous avez notamment été formé à Avignon, à Aix-en-Provence, et vous avez travaillé à Marseille. Y-a t-il une école du jazz en Provence ?
Max Atger : Je pense que c'est le cas. Elle est pas mal influencée, notamment à Avignon par l 'AJMI, l'Association jazz et musique improvisée (1) et une approche un peu plus libre du jazz. Je pense que cela se ressent un peu dans le jeu des musiciens locaux dans une optique de musique improvisée.
Un second moi qui se réveille ...
Des concerts aux Nuits de Fourvière, au festival du jazz d' Avignon, à la Cité de la musique à Marseille, à Akwaba à Châteauneuf de Gadagne … que vous apporte la scène ?
© Thierry de Lestang-Parade
Max Atger : Je n'aime pas utiliser ce terme trop négatif. Mais la scène, pour moi, c'est une drogue. C'est très addictif. C'est une sorte de second moi qui se réveille.
Vous avez enregistré cette année en trio un premier disque Refuge sur le label Free Monkey Records. Avez-vous conscience d'avoir franchi une étape ?
Max Atger : Oui, je vais même aller plus loin. C'est une étape clé pour moi, un rêve depuis tout petit. Le disque achevé, j'ai quitté la Provence. J'habite à Paris d'une façon temporaire. Mais j'ai le sentiment d'avoir mené un projet dans sa globalité à Avignon après dix années de présence. Je suis heureux d'arriver à Paris avec ce bagage. Un bout de mon histoire existe avec ce que j'ai entrepris à Avignon. C'est l'endroit où j'ai éclos. Je suis toujours d'Avignon et j'y retourne toutes les fins de semaines pour donner des concerts.
Avez-vous d'autres projets dans la région ?
Max Atger : J'en ai plusieurs, de nombreux. J'écris le deuxième album imaginé en trois pièces après le Refuge.
Alors, Refuge 2 ?
Max Atger : Plutôt, le deuxième refuge. J'écris spécifiquement pour des musiciens que je connais . Après le trio avec un piano et une contrebasse, j'écris en sextet avec d'autres musiciens. C'est la suite de Refuge.
Le premier album présente un aspect très aérien, dans la lune, avec un côté rêveur. Le deuxième album propose une musique tribale, de la transe, avec presque un côté chamanique. Avec le troisième disque, j'ai envie de revenir vers la terre. Une orientation ver le mouvement du corps, presque du blues.
Votre style est très marqué par une ardente musicalité. Allez-vous rester dans cet état d'esprit ou vous en éloigner ?
Max Atger : Je ne m'en éloigne pas. J'espère rester dans la musicalité, sinon, cela perd son sens. Mes parents m'ont toujours dit "chante la mélodie, que la mélodie". C'est ce qui m'anime.
Est-ce que vous aimez faire des reprises ?
Max Atger : Je n'ai jamais trop aimé. Je n'ai jamais pris le temps de bien l'entreprendre. Nous commençons malgré tout à le faire. Nous commençons à jouer à trois sans être prisonniers des airs. Nous voulons que cela soit vraiment nous. J' ai été plus orienté vers l'écriture, j'ai envie d'aller vers cela. Je n'ai pas envie de jouer seulement morceau tel qu'il existe. Mais plutôt de reprendre sa base.
Quelles sont vos influences de saxophonistes. Sonny Rollins, cela n'est pas du tout vous. Vous semblez éloigné de lui.
Max Atger : J'aime beaucoup mais je l'ai très peu écouté.
Un bon slogan
Vous êtes proche de qui ?
Max Atger : A la base, j'écoutais beaucoup Stan Getz. D'habitude, je joue d'ailleurs du sax alto. Je me suis mis à travailler sur du Stan Getz en recherchant un son un peu feutré. C'est un musicien qui m'a beaucoup inspiré. Surtout à l'époque où il travaillait avec Antonio Carlos Jobim.
Pensez-vous que le jazz que vous exprimez pourrait séduire les jeunes ?
Max Atger : Je pense que tous les jazz peuvent séduire les jeunes.
Même le free jazz ?
Max Atger : Oui, je pense que c'est juste une question de lecture. On a donné aux jeunes une musique commerciale et volatile, éphémère, qui n'a pas d'âme. L'AJMI, d'ailleurs, rappelle leur slogan, le meilleur moyen d'écouter du jazz, c'est d'en voir. A chaque fois que des jeunes viennent me voir à mes concerts, ils disent, c'est une musique que je n'écoute jamais mais ils apprécient.
(1) L'AJMI a été créée en 1978. Max Atger s'y est produit le 10 octobre 2024 sous la forme d'une carte blanche à Avignon.