Publié le 15/01/2025

Leadfoot Rivet, une voix du blues en Provence

Rencontre avec Leadfoot Rivet, une grande voix du blues, l’un des premiers français dans les années 60 à chanter du blues, du rock et de la soul.

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Leadfoot Rivet, dans son studio à Oraison en Provence. ©Thierry de Lestang-Parade

Un chanteur, c'est d'abord une voix. Celle de Leadfoot Rivet est puissante et souple à la fois.

Les Américains ne s'y sont pas trompés. En blues, ils sont peu enclins à faire vibrer un harmonica pour vanter les mérites d'un musicien étranger. Et pourtant, le magazine US Blues Blast Magazine apprécie «  la super voix » de Leadfoot Rivet, l'un des premiers artistes français dans les années 60 à chanter du blues, du rock et de la soul.

La récente encyclopédie du rock en France signée Christophe Goffette consacre aussi un article éloquent à Leadfoot Rivet. Ce chanteur de blues, âgé de 78 ans, a enregistré une quinzaine d'albums. Il séjourne régulièrement dans les Alpes de Haute-Provence. C'est dans un studio d'Oraison, un village en Provence situé entre Forcalquier et Manosque, qu'il a d'ailleurs donné le jour à ses trois dernières créations.

Alain Rivet doit son surnom Leadfoot, pied de plomb, au musicien Larry Garner en raison d'une habitude ancienne de rouler un peu vite.

Leadfoot Rivet compte mener un projet original : il souhaite publier un album avec des musiques signées d'un de ses anciens complices, Alain Bashung. C'est peu dire qu'affirmer que Leadfoot Rivet est un passionné de musique. Chaque jour, il propose d'ailleurs  au public d'apprécier quelques uns de ses morceaux d'artistes favoris sur un réseau social.

Leadfoot Rivet, une voix du blues en Provence

De Nadine à Bashung

Pouvez-vous raconter les débuts de votre carrière ?

Leadfoot Rivet ©Thierry de Lestang-Parade

Leadfoot Rivet : J'ai commencé sur scène en 1962 dans la banlieue de Paris où j'habitais. J'ai chanté du Chuck Berry, Nadine. J'étais accompagné par un groupe local. L'année d'après, je me suis trouvé au Golf Drouot comme spectateur. Puis j'ai joué dans un groupe qui avait du succès, les Turnips. Ils ont pris un organiste qui était âgé de 14 ans. Il s'appelait Alain Le Govic et il est devenu Alain Chamfort. Il était très timide et cultivait un peu l'humour. Nous nous sommes croisés pas très longtemps. Avec des cuivres , nous avons repris du Wilson Pickett, Sam and Dave... Cela me plaisait bien.

Plus tard, vous avez travaillé avec Laurent Voulzy ?

C'est bien plus tard. J'ai travaillé dans la troupe Hair à Bruxelles pendant 7 mois. Puis j'ai joué pendant trois saisons au Club Méditerranée en Algérie, au Maroc et Tahiti. J'ai été engagé comme directeur artistique aux éditions de Michel Fugain. J'ai sorti un album chez RCA sur lequel plusieurs personnes composaient des musiques. Il y avait en 1974 Alain Bashung. J'admirais ses créations même avant qu'il ne devienne très célèbre. Egalement, Laurent Voulzy qui n'avait pas commencé à travailler avec Alain Souchon.

Donc, sur votre premier album, il y a des musiques d'Alain Souchon et de Laurent Voulzy ?

Et aussi de quelques autres comme Michel Pelay, le compositeur de Michel Delpech. Il y avait également deux arrangeurs, celui d'Yves Simon et de Michel Berger. Laurent Voulzy était déjà un mélodiste hors pair. Alain Bashung avait déjà enregistré dans les années soixante de la grande variété. Sa voix était très puissante comme celle de Tom Jones. Comme il était un rocker dans l'âme avec des influences country, nous nous sommes bien entendus. Nous avions les mêmes références musicales. Je lui ai présenté Jean Fauque qui est devenu son parolier, son meilleur ami, son sonorisateur, son secrétaire.

Comment devient-on chanteur de blues  en France ?

Par amour pour cette musique américaine depuis les années cinquante. Il y avait à l'époque peu de rock à la radio. Mais je me souviens d'une chanson Sleepwalk des Shadows. Je me suis intéressé en France aux Chaussettes noires, un peu Johnny Hallyday. J'aimais surtout  Les Chaussettes noires d'Eddy Mitchell. Aux Etats-Unis, j'écoutais Eddie Cochran, Buddy Holly, Elbis Presley, Gene Vincent.

Vous chantez en français et en anglais mais plutôt en anglais. Quelle est la marque du blues français ? 

Il apporte une sensibilité un peu différente musicalement. Même si au départ, c'était calqué sur le blues américain et pour certain sur le blues britannique. Les Anglais ont été les premiers à s'exprimer dans ce genre avec Les Yardbirds, les Pretty Things, les Rolling Stones. Il y en a beaucoup  d'autres.

Comme les Animals ?

Oui par exemple .

Plusieurs de vos disques ont été enregistrés en Provence et vous vous êtes produit au New Morning à Paris sous votre nom. Quels sont les grands moments de votre carrière ? La plus grande scène ?

Un des concerts où il y a eu le plus du monde, c'était à Manosque en première partie de Calvin Russell. Il devait y avoir 12.000 personnes.

Leadfoot Rivet, le crépuscule d'une étoile

En plus de votre vie d'artiste, vous avez été producteur de spectacle d'immenses vedettes en Europe comme Wilson Pickett, Peter Green, Junior Wells, Bo Diddley, Albert King. … Certaines  d'entre elles comme John Hammond  ont participé au festival de blues de Bagnols-sur-Cèze. Quels sont vos souvenirs ?

Il y a   eu notamment Peter Green qui a fondé Fetwood Mac et a composé Black Magic Woman et Albatros. Je l'ai fait tourner dans les années 90 après qu'il ait arrêté de jouer. Il avait été détruit. C'est lui qui me l'a raconté directement. A la fin des années 70 , il avait donné un concert à Munich. Une personne lui avait mis trois acides dans sa boisson. Il est devenu paranoïaque et a perdu pendant un moment ses facultés. Cela a perturbé sa carrière. Ensuite, il est devenu croque-mort dans l'entreprise de son frère.

Et quels sont vos projets ?

J'aimerais sortir un album de mes titres originaux en anglais, un album de reprise de blues et de soul en anglais, et un album en hommage à mon ami Alain Bashung. Il serait composé en majeure partie d'inédits composés par moi et pour d'autres que moi dans les années 70 et une reprise aussi de ses titres les moins connus datant du début de sa carrière.

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