Publié le 18/04/2023

Une Antigone sublime et revisitée – Création mondiale au Printemps des Arts de Monte-Carlo 2023

Le Printemps des Arts de Monte-Carlo et l’Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo, avec Lio Kuokman à la baguette, ont proposé le 31 mars 2023, en concert, une création mondiale de François Meïmoun, Antigone. Sur un texte de Géraldine Aïdan et sous la forme d’un mélodrame pour récitant et orchestre, François Meïmoun revisite le mythe d’Antigone dans une création pour récitant et orchestre, à laquelle Laurent Stocker, immense comédien de la Comédie Française, a prêté sa voix.

Laurent Stocker Antigone - Printemps des arts -OPMC-Lio Kuokman-Auditorium Rainier III Monaco

Comédien, acteur, récitant, grand amateur de chant et d’opéras, Laurent Stocker a prêté sa voix pour une création mondiale d'Antigone au Festival du Printemps des Arts de Monte-Carlo, le 31 mars 2023.

Nous l’avons rencontré pour nous parler d’Antigone, création mondiale donnée au Printemps Arts de Monte-Carlo le 31 mars 2023, accompagnée par les musiciens de l'Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo, sous la direction musicale de Lio Kuokman

Laurent Stocker sera Harpagon à partir du 2 juin à la Comédie Française.

Laurent Stocker invité au Printemps des Arts, pour sublimer Antigone

Danielle Dufour-Verna/Marie-Céline Magazine Culturel – Bonjour Laurent Stocker. Pouvez-vous vous présenter succinctement à nos lecteurs ?

Laurent Stocker – Je suis comédien. J’ai commencé ma formation au Conservatoire National d’Art dramatique de Paris et j’ai ensuite intégré la Comédie Française en 2001. Cela fait 22 ans maintenant que je suis dans cette belle institution française. Je fais aussi régulièrement ce qu’on appelle des récitants pour les opéras. C’est la raison pour laquelle je suis ici à Monte-Carlo. J’ai fait une lecture le 30 mars au théâtre Princesse Grace qui s’appelle ‘Rimbaud le filsde Pierre Michon, accompagné du pianiste Camille Taver, puis le 31 à l’auditorium Rainier III pour l’opéra Antigone de François Meïmoun. J’ai toujours eu beaucoup de plaisir à mêler le théâtre et la musique. 

DDV – Vers quel genre d’opéra vont vos goûts ?

Laurent Stocker – J’aime toute sorte d’opéra. Je peux aimer Tosca comme je peux aimer Tchaïkovsky ou Prokofiev dans ‘L’amour des trois oranges’. C’est vaste.

Lio Kuokman, conductor - Les musiciens de l'Orchestre philharmonique de Monte-Carlo. ©Alice Blangero

Antigone, création mondiale du Festival du Printemps des Arts 2023

DDV – Est-ce que vous avez besoin, dans ce genre d’exercice, de moduler votre voix d’une autre façon ?

Laurent Stocker – Dans le cas d’Antigone, je la module d’une autre façon car je dois, entre guillemets, épouser les notes de musique. Je parle sur du texte. En plus, pour ‘Antigone’, je fais le rôle d’Antigone, le rôle de Créon, le rôle d’Hémon, et je fais aussi le rôle de la Gorgone. Donc les voix sont différentes et elles épousent les contours de la musique qui est donnée à ce moment-là. J’ai travaillé par exemple avec les Arts florissants, avec des choses comme cela, c’est encore différent, mais là il faut s’adapter à cet opéra de François Meïmoun. 

Laurent Stocker ©Marcel Hartmann

DDV – C’est un exercice difficile.

Laurent Stocker – Oui, il a créé cet opéra cet été suite à une rencontre qu’on avait eue ensemble et il l’a donc fait en fonction de ma tessiture, de ma voix. Il se trouve que, dans cet opéra, je suis récitant mais je me mets aussi, parfois, à chanter, ce qui est rare pour un récitant d’opéra. Cela peut arriver de faire ce qu’on appelle du  sprechgesang  sur par exemple, ‘L’histoire du soldat’ de Stravinsky, mais là, il a composé un peu pour moi François Meïmoun et je le remercie. Par moments, je me mets à chanter aussi.

DDV –Vous arrive-t-il de réciter sur l’orchestre ? 

Laurent Stocker –Oui, il y a des passages où, effectivement, je raconte l’histoire et il y a des passages où je parle ou bien je chante pendant que la musique joue à des tops très précis. C’est pour cela que je suis près du chef d’Orchestre parce qu’on répète peu les opéras, c’est lui qui me donnera les tops précis pour que je sache à quel moment je dois intervenir. 

DDV – Le texte de l’opéra est de Géraldine Aïdan. Elle s’inspire plutôt d’Anouilh ou de Sophocle ?

Laurent Stocker –C’est vraiment une inspiration de Sophocle, une inspiration du mythe fondateur 

DDV – Celui de l’inceste ?

Laurent Stocker – Absolument. C’est d’ailleurs ce que je dis au début de l’opéra. J’ai un petit dialogue avec Hémon où je restitue le malheur d’Antigone.

DDV – Antigone de Sophocle, c’est un mélodrame. Est-ce que le compositeur suit le texte et son ambiance sombre ou prend-il parfois un chemin plus enjoué, plus lumineux ?

Laurent Stocker – C’est un peu les deux à la fois. Quand on commence à raconter les textes et la noirceur de ce qui est arrivé à Œdipe etc., évidemment la musique a un certain vibrato sombre. Et comme, finalement, cette Antigone, dans le texte de Géraldine Aïdan, et c’est ce qu’elle dit à la fin, choisit plutôt la mort que la vie contrairement à sa sœur, là, la musique s’illumine. C’est un petit peu un mélange des deux. 

©Alice Blangero

DDV – Quel est votre rôle préféré au théâtre ?

Laurent Stocker- Je vais parler d’une actualité récente. Je reprends l’Avare où je joue Harpagon à la Comédie Française, salle Richelieu, à partir du 2 juin jusqu’au 25 juillet. C’est un rôle que j’aime beaucoup jouer parce que je l’ai créé l’an dernier. Je le joue cette année et pas l’an prochain pour des histoires de planning mais je le jouerai à nouveau la saison d’après. Ça va m’amener sur au moins 3 ou 4 saisons. J’aime beaucoup jouer ce personnage qui est évidemment un des travers les plus sombres de l’humain, c’est-à-dire l’avarice et en même temps j’essaie de lui donner des excuses on va dire, de l’humaniser un petit peu pour qu’on n’ait pas seulement une vision triste et sombre. 

DDV – Michel Bouquet a créé un Harpagon d’anthologie. Il l’avait beaucoup humanisé.

Laurent Stocker –  Oui, je l’avais vu, c’était formidable. Je veux montrer la détresse de quelqu’un qui est un peu malade, que l’avarice, finalement, est une maladie. On n’oublie pas dans cet Avare ce que Molière a voulu faire, avant tout une comédie. On a besoin, actuellement, surtout avec les périodes qu’on vit actuellement, on a besoin d’un grand rire salvateur, et c’est ce que j’ai fait.

DDV – Quelle est votre conception du bonheur ?

Laurent Stocker –La positivité quels que soient les évènements difficiles qui peuvent nous tomber dessus. 

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