- Auteur Joseph Lustro
- Temps de lecture 7 min
Menton : Un certain regard sur l’Histoire du cinéma, par Jérôme Reber
Rencontre avec Jérôme Reber, historien du cinéma, conférencier, organisateur d’exposition, directeur du cinéma l’Eden à Menton et vice-président de Ciné Croisette. Un homme passionné qui nous apporte un certain regard sur l’histoire du cinéma.
Jérôme Reber – conférencier sur l’Histoire du cinéma
Historien du cinéma, conférencier, organisateur d'exposition, directeur du cinéma l'Eden à Menton et vice-président de Ciné Croisette, organisateur d'exposition, Jérôme Reber cumule plusieurs casquettes. Si il est " L'homme pressé ", il est surtout un homme passionné de cinéma.
Jérôme Reber, Who's That Man ?
Who's who, qui êtes vous Jérôme Reber ?
Jérôme Reber : Je commence à l'origine, universitaire et fait des études de sciences humaines, avec comme spécialité l'histoire du cinéma.
J'ai très rapidement bifurqué dans le domaine de l'entreprise où j'ai dirigé pendant un certain nombre d'années la librairie papeterie Charlemagne à Fréjus et ensuite j'ai été nommé au poste de directeur d'actions culturelles du patrimoine et des arts à la mairie de Fréjus pendant 6 ans.
Quelles étaient vos missions pour la mairie de Fréjus ?
Jérôme Reber : L'idée c'était de pouvoir véritablement créer une transversalité des cultures et des arts auprès de tous les publics, ma pensée et mon identité étaient cette transmission à travers tous type d'événements culturels qui puissent toucher toutes les générations.
Le dernier exemple est l'exposition carambolages au centre culturel de Saint-Raphaël que vous pouvez voir jusqu'au 2 novembre.
L'Eden, un paradis du cinéma... à Menton
Suite à une rencontre avec Jean-Marie Charvet, Directeur des cinémas de St Raphaël et Fréjus, une proposition m'est faite de prendre en charge la direction du cinéma l'Eden à Menton. L'objectif étant de pouvoir développer à la fois économiquement et culturellement cet endroit afin qu'il devienne un acteur culturel principal dans la ville et la Région Sud-Provence-Alpes Côte d'Azur.
J'ai donc mis en place un certain nombre d'événements avec du cinéma pour tous, autour des thématiques Ciné Débat, Ciné Philo, Ciné Théâtre ou Ciné musique avec une alternance de films commerciaux et de films d'auteurs, l'objectif étant de pouvoir toucher effectivement le plus large public.
La Dolce Vita et le cinéma italien
Parlez-nous des thématiques de vos conférences
Jérôme Reber : J'organise des conférences depuis environ une quinzaine d'années. En 2010, j'ai créé à la demande de M Charvet un cycle du cinéma italien, qui me tient particulièrement à cœur, en partenariat avec le club italianiste de Provence.
Ces projections sont diffusées une fois par mois, au cinéma Le Vox de Fréjus. On les appelle Ciné Classics...
L'objectif est de proposer chaque mois un film italien, soit un classique du répertoire, soit un film d'auteur. Ces films sont précédés d'une présentation de 40 minutes, et concernent les grands réalisateurs italiens comme Ettore Scola, Luchino Visconti, Federico Fellini ou encore Roberto Rossellini.
Nous sommes à ce jour à plus de 170 films projetés...l'idée c'est vraiment de pouvoir retracer toute l'histoire du cinéma italien à travers leurs thématiques et également à travers leur contexte géo-politique ou culturel. L'autre l'idée, c'est vraiment de pouvoir continuer à transmettre ce patrimoine filmique afin qu'il ne soit pas oublié...
Hitchcock et le cinéma américain
Jérôme Reber : J'ai toujours eu depuis l'adolescence, une vraie sensibilité pour le cinéma américain.
J'avais 14 ou 15 ans quand j'ai découvert Vertigo d'Alfred Hitchcock et comme pour beaucoup de cinéastes de la Nouvelle Vague, ce fut une révélation, un choc de voir ce film.
Cela m'a profondément marqué à l'époque.
Et par la suite, j'ai pu découvrir toute l'œuvre d'Hitchcock, et c'est cela en fait qui m'a amené petit à petit vers tous les autres cinémas.
Depuis j'aime revenir régulièrement sur Hitchcock, cela a été pour moi une véritable éducation cinéphile, et c'est mon cinéaste de cœur.
Un certain regard
Pouvez-vous nous donner votre avis sur comment se porte le cinéma français aujourd'hui ?
Jérôme Reber : D'abord, je voudrais dire qu'on a beaucoup de chance aujourd'hui de découvrir des films de la planète entière, de l'Asie à l'Afrique en passant par l'Amérique du Sud, et cela est possible grâce à leur propre réseau de distribution international. Cela nous permet d'exploiter en salles leurs films et d'aller à la rencontre d'œuvres de tous horizons et c'est une véritable richesse.
Quant au cinéma français, il se porte bien.
Top 3 au box-office des films français en 2024
Je voudrais attirer l'attention toute particulière sur la vitalité du cinéma français notamment avec trois films qui ont atteint des scores assez vertigineux cette année. D'abord la réussite remarquable du Comte de Monte-Cristo avec Pierre Niney qui a dépassé je crois les 8 millions d'entrées.
Grâce à ce film, le cinéma Français retrouve son souffle du grand film d'aventures tel qu'il savait le faire dans les années 60-70 et ça pour moi c'est absolument remarquable.
Il y a eu également le Petit truc en plus qui a largement dépassé les 11 millions d'entrées et qui est vraiment un film très beau, très touchant et très juste, cela été à la fois un énorme succès populaire mais aussi critique, il faut le souligner.
Et enfin L'amour ouf qui vient de sortir, film de Gilles Lellouche avec François Civil qui fait un démarrage en trombe avec plus d'un million de spectateurs sur une semaine, ce qui est absolument exceptionnel.
Donc oui, le cinéma français à travers ses trois pépites, retrouve un regain d'énergie en proposant du grand spectacle, mais aussi des films plus intimistes qui redonnent envie aux spectateurs d'aller de nouveau en salles."
Ciné Croisette
Jérôme Reber : Ciné Croisette, c'est une association dédiée à l'histoire du cinéma basée à Cannes. Je la connais depuis très longtemps grâce à son ancien président malheureusement décédé. Figure incontournable de la scène cinéphile de Cannes, Serge Basilewsky, à qui je rends hommage et qui était également un passionné, quelqu'un qui a œuvré pour le cinéma pendant de nombreuses années.
Promotion du cinéma et des arts audiovisuels, associations de cinéphiles, organisation de festivals, notre mission est la transmission de tous les cinémas auprès de tous les publics, de préserver le patrimoine cinématographique et surtout de faire redécouvrir des œuvres oubliées.
La dernière séance
Quels sont vos prochaines conférences et projets "
Jérôme Reber : Dans le cadre de mes ciné-conférences, nous allons programmer un film japonais qui est absolument magnifique qui s'appelle Antarctica (il y a eu un remake américain...), c'est l'histoire vraie d'un groupe d'explorateurs japonais qui à la suite d'une tempête sont obligés d'abandonner leurs chiens en plein antarctique. Ils vont devoir alors survivre seuls pendant des mois dans cet environnement hostile. Le film original date de 1983 et avait créé un émoi particulièrement fort auprès de l'opinion publique dans ces années-là, et engendrer des remises en question politique extrêmement importantes dans la société japonaise. Il faut absolument redécouvrir cette aventure humaine qui est profondément émouvante avec une musique de Vangelis.
Pour ce qui est des projets, je rêve d'organiser une rétrospective du western italien des années 60-70, avec comme figure de proue Django de Sergio Corbucci.
Voilà et vive le cinéma !