Jean-Louis Milesi – Mme Zola, une femme blessée

L'œuvre de Jean-Louis Milesi au cinéma en tant que scénariste de Robert Guédiguian  pour une dizaine de films est souvent baignée de soleil. On entend ainsi dans Marius et Jeannette et Les neiges du Kilimandjaro, les accents chantants de la fraternité confrontée à une société dominée par les luttes sociales. 

Originaire d'Italie, Jean-Louis Milesi est un homme du Sud. Sa famille est arrivée à Bagnols-sur-Cèze quand il avait deux mois.

Avec son dernier livre Flamboyante Zola publiée aux Presses de la Cité, l'auteur établi à L'Isle sur la Sorgue dans le Vaucluse, évoque la femme d'Emile Zola, Alexandrine, une femme blessée. 

Jean-Louis Milesi, auteur de "Flamboyante Zola"

Vous êtes romancier, cinéaste et scénariste. Quel est votre parcours ?

Jean-Louis Milesi : Je suis issu d'une famille très modeste qui n'avait rien à voir avec le cinéma et la littérature. Je m'ennuyais un peu à l'école. J'ai pris du temps avant de me lancer dans la vie. C'était un temps pour ne rien faire, tâtonner. Je me suis laissé guider en suivant mon instinct. Je me suis intéressé  au cinéma  en tant que spectateur depuis que j'étais tout petit. Les rencontres, les initiatives de ma part ont fait que j'ai côtoyé des personnes diverses, plus ou moins loufoques. J'ai quitté le Gard de mon enfance pour monter à Paris. C'était peut-être l'épreuve la plus difficile de ma vie.

J'ai tâtonné et j'ai réalisé des courts-métrages. J'ai rencontré Robert Guédiguian par l'intermédiaire d'un ami et j'ai écrit dix scénarios pour lui pendant une vingtaine d'années. C'est en Californie que j'ai entrepris ensuite ce qui me faisait peur, l'écriture d'un roman. C'était un voyage avec ma femme et mes enfants pour voir autre chose que la France. Cela devait durer une année. Cela en a pris huit et m'a donné l'occasion de prendre du recul. Il y avait moins de travail pour moi qu'en France. Cela m'a permis de me lancer dans l'écriture d'un  premier roman en Californie.

 Les révélations d'une lettre anonyme 

Avec Flamboyante Zola, vous rendez hommage à une femme méconnue qui ne peut pas avoir d'enfant mais qui apprend par dénonciation que son mari Emile Zola est le père d'un garçon caché. A-t-elle raison d'accepter son infortune ?

Jean-Louis Milesi : Elle apprend par une lettre anonyme qu'il est le père d'un garçon. En réalité, il est déjà le père d'une fille née d'un double ménage. Elle ne l'accepte pas. Pendant un an ou deux, elle est  comme folle, remplie de rage, de haine. Je décris pendant 80 pages ses contradictions.Il y a des hauts et des bas. Il y a de la sagesse et de l'amour toujours qui maintient le couple. Elle va faire plus que s'accommoder de cette situation. Elle finit par aimer les enfants de son mari.

Alexandrine Zola aime plus que tout Emile. Le sacrifice est-il la matrice de l'amour? Ne craignez-vous pas de déplaire aux féministes exigeant l'égalité totale entre les femmes et les hommes?

Jean-Louis Milesi : Je ne me pose pas ce genre de question. Je me base surtout sur l'expérience de cette femme. J'essaye d'être proche de ce qu'elle ressent. C'est une forme de féminisme que d'aller jusqu'au bout de cet amour qui ne lui est pas imposé.

Emile lui impose sa double vie, sa maîtresse et ses enfants. Elle peut à tout moment demander le divorce. Cela se faisait à l'époque. Elle a choisi de demeurer jusqu'au bout Mme Zola. Elle  tenait à ne pas laisser la place. Elle y parvient. Elle dit que quand elle découvre cette infortune elle ne pourra plus jamais être heureuse. Elle a continué à vivre après cette découverte. Elle ne s'est pas morfondue. J'espère que cela n'était pas de la façade mais jusqu'au bout un amour qu'elle a vécu. Au moment de la mort brutale de son mari, on mesure sa souffrance dans ses lettres. Elle nous montre son amour très particulier. Je n'ai pas vécu ce genre d'amour. Elle, elle l'a l'a vécu et l'a assumé. Au départ, c'étaient des sacrifices qui sont devenus autre chose.

Tragique destin 

Le 3 décembre 1901, Emile Zola écrit, « chère femme, cette lettre est la dernière que je t'écris.» C'est bien le cas avec, pourtant, une mort plus tardive et mystérieuse  e 29 septembre 1902. La vérité dépasse t-elle la fiction?

Jean-Louis Milesi : Quand j'ai lu cette lettre et la réponse qu'elle fait, je me suis aperçu qu'ils étaient très souvent ensemble. Ils ne s'écrivaient que lorsqu'ils étaient séparés et ils étaient très souvent ensemble. Dans la dernière lettre, ils se parlent comme les autres jours. Ni elle ni lui ne pouvaient s'imaginer que c'était fini. Et qu'ils ne s'écriraient plus jamais.

Quels sont vos projets après cet ouvrage ?

Jean-Louis Milesi : Mes projet sont multiples. J'ai déjà écrit un scénario pour un film d'animation d'Aurel, le réalisateur de Josep. Le temps est long avec des projections en 2027 et de belles participations prévues. Je suis aussi l'auteur d'un film d'animation pour enfants. Je relève le défi de le réaliser.

Je suis aussi parti pour Rome pour un projet dont je ne sais encore rien. Je sais seulement que je vais parler de mon père et de mes  débuts dans le cinéma. Il  y aura de la fiction et de l'autobiographie.