Publié le 11/07/2024

Rodrigo Basilicati Cardin, Directeur du Festival Pierre Cardin – Interview

Rencontre avec Rodrigo Basilicati-Cardin, petit-neveu de Pierre Cardin, directeur artistique du prestigieux Festival Pierre Cardin qui se tient à Lacoste, Carrières et Château du Marquis de Sade, du 11 au 24 juillet 2024.

interview Rodrigo Basilicati petit Neveu de Pierre Cardin

Rodrigo Basilicati-Cardin est également, avec la direction générale de la Maison Cardin, le Directeur artistique du prestigieux Festival Pierre Cardin qui se tient à Lacoste, Carrières et Château du Marquis de Sade, du 11 au 24 juillet 2024.

C’est un programme éclectique et d’excellence qui a été concocté avec passion et brio à cette occasion par cet artiste, ingénieur, amoureux de musique, de nature et de création. Modestie, simplicité, art, novation, sont les maitres mots de Rodrigo Basilicati Cardin qui n’a de cesse de rappeler la dimension de Pierre Cardin, son grand oncle, créateur du Festival. Rodrigo le prouve en présentant un festival nouveau dans l’esprit et l’ADN Cardin. 

Rodrigo Basilicati Cardin, Directeur du Festival Pierre Cardin - Lacoste

C’est une très belle programmation, en avance et j'imagine que c'est par rapport aux Jeux Olympiques. Vous avez décidé depuis deux saisons de nommer le festival du nom de son créateur, Pierre Cardin. C'est quelque chose qui vous tenait vraiment à cœur ?

Rodrigo Basilicati-Cardin – Absolument, cette année je le dis un peu plus fort car je tiens vraiment à ce que son nom soit en avant. En réalité que ce soit Lacoste n’a pas de particularité spéciale. C’est seulement la ville qu'il a choisie avec ce château. Il vaut mieux faire voir qui a fait naître et croître ce festival. C’est Pierre Cardin et moi je continue, on est toujours des Cardin. 

Dans la continuité naturellement mais qu’apportez-vous comme sang neuf dont tout festival a besoin ?

Rodrigo Basilicati-Cardin – La chose qu’il a toujours voulu mais à laquelle il n’est jamais vraiment parvenu, c’est une multiculture théâtrale visible au cours de ce Festival. On l’a fait maintenant en alternant du music-hall à du théâtre pur, au cinéma musical, à la danse, au one-man show, à l’humour comme celui d’Olivier de Benoist.  

Olivier de Benoist et son one-man-show, c'est réellement innovation… 

Rodrigo Basilicati-Cardin – On l’avait déjà fait l’an passé avec Verino.  Je tiens à ce qu’il y ait des moments de détente avec du talent bien sûr, comme d'ailleurs avec les Desperate Housemen. La danse sera toujours présente. Nous avons de belles relations avec Preljocaj. Je repropose Marlène Dietrich avec Cyrielle Clair, au château cette fois, plus intime. C’est une autre forme de théâtre entre chanson et théâtre. Avec l’Impératrice, on ouvre le grand théâtre en enlevant les sièges et cela devient réellement un concert.  Les sept spectacles cette année sont d’origines différentes, sans thème particulier, c’est une innovation. C’est le multiculturalisme et c’est ce que voulait mon oncle. 

Le prix du film court musical est un évènement spécifique à ce Festival avec un véritable engouement des jeunes ? 

Rodrigo Basilicati-Cardin – c’est une nouveauté, oui, c’est vrai. Cette année, j’ai ouvert à des créations faites, même avec des moyens simples, par des jeunes Je privilégie la partie créative plutôt que la technique d’exécution.  Un court métrage permet de se faire valoir, de s'exposer, de s'exprimer. Sur 5 ou 6 minutes, on voit immédiatement les capacités et même jusqu’à 13 ou 14 minutes, on peut voir le sens de la phrase comme on dit en terme musical.  On voit l’intention, le goût, l’axe. Avec, maintenant, une plateforme sur internet, on a pu voir une centaine de propositions beaucoup françaises et environ 56 à 57 venues du monde entier. On a fait une sélection et 7 finalistes ont été introduits. Il y a un véritable engouement de la jeunesse. Ce prix est une reconnaissance avec France 3 présent. 

Comment se fait votre choix des spectacles ?

Rodrigo Basilicati-Cardin – J’ai déjà commencé à penser à l’année prochaine. Le travail prend une année. Il faut voir des créations nouvelles sur Paris et il y a maintenant des gens qui nous proposent des spectacles que nous ne connaissons pas. Ce que j’adore et que je voudrais développer, ce sont les avant-premières. Bunker avec Julie Depardieu, par exemple, est une pièce de l’année qui a tourné à Paris mais pas énormément. L’année prochaine, j’ai demandé à Preljocaj de présenter son nouveau spectacle qu'il aura préparé peu avant à Aix. Si on peut présenter des créations, pas nécessairement nos productions, je suis ouvert à cela, comme la première avec Isabelle Adjani par exemple. 

Et en cas de mauvais temps pour le Festival Cardin ?

Rodrigo Basilicati-Cardin – On a toujours la possibilité de décaler d'un jour au cas où il y a vraiment un mauvais temps. Si on est sûr qu'il y aura un temps en temps horrible- ce n’est jamais arrivé- on a toujours la possibilité faire le spectacle à l'Intérieur des carrières. 

Le petit Rodrigo, quel enfant était-il ? 

Rodrigo Basilicati-Cardin – Enfant, j’étais déjà lié au design, au dessin, à la peinture. A 8ans, 9 ans, 10 ans, j'adorais déjà. A seulement 12 ans je fréquentais un cours de gravure à côté de Venise, un cours du soir. J’étais le seul enfant au milieu des adultes. Vers 14, 15 ans, j’ai commencé à vouloir faire des créations de design comme des lampes et j’ai aussi commencé à participer à des concours de dessin et des choses où la créativité était prépondérante. J’ai commencé avec le design entre 16 et 18 ans, j’ai adoré réaliser mes créations, dessiner, travailler avec les métaux etc. Tout ce passé, avant de connaitre mon oncle, m'a permis dire, une fois près de lui « Ah ! j'ai trouvé vraiment la personne qui m’a donné la possibilité de me réaliser. » Et c'est pour ça que j'ai accepté d'ailleurs. 

Quelque part, c'est votre ADN qui a parlé ! Vous l’avez rejoint à quel moment ? 

Rodrigo Basilicati-Cardin - J’avais 25 ans en plein étude d'ingénierie d'un côté et en plein perfectionnement de piano à Budapest d’un autre, car je me destinais à être pianiste depuis l’âge de 8ans. Quand j’ai connu mon oncle, j'étais entre la Venise et la Hongrie. Effectivement, j'avais cette ADN design et je ne voulais pas le rater ni le mettre en second plan. C’était une opportunité avec ce que mon oncle me demandait. De plus, on se ressemblait.  dans mes dessins, j’aimais déjà la géométrie que j’utilisais beaucoup, ce qui provient de la nature, en utilisant beaucoup la déformation avec les courbes. C’est cela que Pierre a adoré, la géométrie d’un côté et l’amour de la courbe. Lui avait un peu codifié tout cela quand en créant sa marque. Il m'a convaincu de certaines choses et je me sens totalement intégré à son idée. Avoir vécu 25 ans à ses côtés m’a certainement beaucoup influencé. 

Deux passionnés, deux artistes, vous étiez très proches intimement ? 

Rodrigo Basilicati-Cardin - oui ça c'est vrai, même si, dans la vie normale, on ne parlait pas énormément. Il me suggérait les choses si on peut dire et c'était à moi de les interpréter. Si on parlait de choses, c’était d’émotions. Par exemple, en marchant dans la rue à Venise, on s’arrêtait tous les deux en même temps devant une tâche d’eau par terre, après la pluie, qui prenait des formes qu’on interprétait chacun à sa manière. On était libres, ouverts, avec presque une certaine naïveté. Ce que mon oncle appréciait de moi, c’était la simplicité. 

Vous me parlez de l’exposition au château du Marquis de Sade ? 

Rodrigo Basilicati-Cardin : L’année où Pierre Cardin est devenu académicien, il a décidé de remettre, au mois de novembre, chaque année depuis 30 ans, un prix à l’Académie des Beaux-Arts de Paris, à cinq artistes : un sculpteur, un graphiste, un peintre, un architecte, un compositeur. Cette année a lieu une exposition de cinq mois au château pour les récipiendaires du prix de l’année. Le château du Marquis de Sade à Lacoste, visité par environ 6 à 7000 personnes venues chaque année du monde entier, est une véritable vitrine que nous offrons à ces artistes primés. L’inauguration aura lieu le 16 juillet 2024. L’an prochain j’ajouterai une académie étrangère, par exemple l’Académie des Beaux-Arts de Venise, ou celle de Russie, de Rome, d’Allemagne… avec deux ou trois artistes invités.

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