- Auteur Danielle Dufour-Verna
- Temps de lecture 8 min
Bénabar, “Indocile heureux”
Rencontre avec Bénabar, auteur, compositeur et interprète de la chanson française. Tombé amoureux du plus beau village du monde après un concert donné aux soirées d’été des Terrasses de Gordes en 2015, Bénabar devient président du festival.
Au-delà de sa carrière d'artiste complet, Bénabar prend la présidence en 2023 du festival des Soirées d'Été aux Terrasses de Gordes, tombé amoureux du plus beau village du monde, lors d'un concert donné en 2021. Nous l'avons rencontré.
Bénabar est un acteur essentiel de la scène musicale. Ses textes où se mêlent tendresse, joie, malice et mélancolie sont autant de clins d’œil à la vie. Bruno Nicolini ne triche pas, il aime ‘l’autre’. C’est une des clefs de son succès, associé à un talent indéniable. Nouvel album, tournées, une récompense prestigieuse remise en Italie *‘Le Prix Luigi Tenco 2022’ reçu, à San Remo, dans la foulée des plus grands, Léo Ferré, Brassens, Trenet, Brel, humble, toujours, passionné, passionnant, l’infatigable Bruno Bénabar est un poète troubadour des temps modernes.
Bénabar, indocile heureux
Sur son dernier album ‘Indocile Heureux’, incluant les singles ‘Tous les divorcés’ et ‘Les belles histoires’, Bénabar, plus heureux et plus déterminé, aborde les thèmes de l’amour, de la famille et du temps qui passe, alternant entre humour et émotion.
Danielle Dufour Verna – Pourriez-vous vous présenter à nos lecteurs ?
Bénabar – Bruno, Bénabar, 53 ans, auteur, chanteur et, j’espère, homme de scène.
DDV – Quelle est votre actualité ?
Bénabar – Ce sont les concerts, les festivals. Il nous en reste encore plusieurs jusqu’à mi-septembre.
DDV – Une mère libraire, qui plus est italienne, un père régisseur. Vous avez grandi dans un milieu de culture, dont nous avons tous soif. Est-ce que ça rend ‘Politiquement correct’ ?
Bénabar – Peut-être un petit peu, oui. Dire bonjour, être contre le racisme, contre l’homophobie, ne pas être misogyne, toutes ces valeurs-là qui sont très politiquement correctes, je les défends. Après, j’ai parfois une vie pas politiquement correcte par moments mais je n’oublie pas les valeurs, même quand je les rate.
DDV –Vos chansons parlent d’amour, d’amitié, de valeurs justement, avec des mots simples. D’après vous, à part votre talent, qu’est-ce qui fait votre succès, serait-ce cette apparente simplicité qui va droit au cœur des gens ?
« Il y a quelque chose comme la sincérité. Je ne triche pas et je pense que c’est perceptible »
Bénabar –Franchement, je ne sais pas. Je suis très reconnaissant, d’une part au public, sincèrement, d’aller sur scène, de faire des tournées. Je suis toujours très ému et pas du tout blasé de me rendre compte qu’une chanson peut toucher quelqu’un. A chaque fois, ça me surprend un peu. Après, je crois qu’il y a quelque chose comme la sincérité. Je ne triche pas et je pense que c’est perceptible. Même quand je me plante, il n’y a pas de calcul. Je n’essaie pas de faire des choses par calcul, un duo avec un tel plutôt qu’avec un tel pour la carrière. Je crois qu’au bout de quelques années, le public le perçoit. Je ne me moque jamais de lui.
DDV – Si votre voix est la même sur scène ou sur disque, votre interprétation sur scène sublime les paroles. En êtes-vous conscient et est-ce que cela vient de cette part de sincérité ou de cette part d’acteur que vous êtes à plein titre ?
Bénabar – Merci d’abord pour le compliment. Je crois qu’il y a un peu des deux. Il est vrai que d’avoir fait du cinéma et du théâtre m’a appris des choses dans l’interprétation. En effet, également la sincérité, le fait d’éviter les effets mais d’être vraiment présent dans ce qu’on raconte. La scène n’a jamais été un détail pour moi. Il y a quelque chose de sacré sur scène. Je ne suis jamais monté sur scène à la légère, jamais, c’est magique.
DDV – Lors du Concert de Cali au Festival de Lacoste, il vous a invité sur scène pour chanter avec lui ‘Une robe de cuir’ de Léo Ferré. Quels sont les chanteurs qui ont compté pour vous, qui vous ont inspiré ?
Bénabar- Il y a eu Michel Delpech indiscutablement, qui était un ami et, vraiment, un grand frère de métier. Renaud qui fait partie de mon top 2, et toute cette belle chanson française qui va de Nougaro à Souchon, à Voulzy. Je suis très fan de tout cela, de la variété aussi qui s’adresse au public, des gens comme Bruel. Ce sont des gens qui ont beaucoup compté pour moi.
DDV –Vous êtes né dans le Val de Marne et avez choisi le Sud pour vous ressourcer. Etes-vous un homme du soleil et en avez-vous besoin ?
« J’aime bien le sud en hiver.»
Bénabar – Non, pas du tout. Je n’étais pas du tout fait pour vivre dans le sud. Le soleil, ce n’est pas mon truc. J’aime bien la pluie. Je me voyais plutôt aller vivre en Bretagne. C’est en venant pour jouer à Gordes que je suis tombé amoureux de la région. J’y passe maintenant beaucoup de temps, mais je ne viens pas seulement l’été, j’aime bien le sud en hiver.
DDV – La situation actuelle du monde, climat, guerre etc. est-elle un problème dérangeant pour Bruno Nicolini et est-ce que cela pourrait inspirer Bénabar ?
« Là, pour ne pas être inquiet, faut quand-même être con. »
Bénabar – Oui, c’est dérangeant pour le citoyen et surtout le père de famille que je suis. Là, pour ne pas être inquiet, faut quand-même être con. Quand on voit tout ce qui se passe, c’est difficile de ne pas flipper pour ses gosses. C’est dérangeant. En chanson, pourquoi pas, mais les chansons qui ont un message, il faut se méfier car il faut être sûr d’avoir un message que les gens ont besoin d’écouter. Si c’est juste pour dire que le réchauffement climatique, ce n’est pas bien….
DDV – Pourtant, sans être des ‘chansons engagées’, toutes vos chansons, avec finesse, sont des messages…
Bénabar - Merci, merci beaucoup, parce que c’est vraiment un truc que j’essaie de faire, parler, dire ce que je pense, mais sans forcément avoir besoin de d’exprimer quelque chose que les gens savent déjà, mais j’essaie d’en parler dans mes chansons, oui. Par exemple, dans le duo avec Renaud ‘Chez les Corses’, on parle du réchauffement climatique etc. mais au deuxième degré.
DDV – Des projets ?
Bénabar – D’abord les tournées pour les festivals et refaire des chansons.
DDV – Une dernière demande, quelle est votre propre conception du bonheur ?
Bénabar – Les enfants, être en famille, ma femme et les gosses et puis les copains. J’accorde une énorme importance aux ‘cops’, aux dîners interminables avec les potes, avec les gosses. Ce serait cela ma conception du bonheur…
Bénabar, Un chanteur bouleversant
Artiste majeur de la création française, Bénabar raconte en chansons, des histoires qui nous touchent parce qu’elles sont vraies et que chacun d’entre nous les a vécues ou les vivra sans doute. Sur scène, l’interprétation de ses textes est à couper le souffle. Avec son look de jeune premier, son côté lutin, un sourire franc, et du charme à revendre, Bruno Nicolini, Bénabar, est bouleversant de talent, de sincérité et de tendresse.
Bruno Nicolini nait à Thiais, dans le Val de Marne, le 16 juin 1969. Auteur, compositeur, acteur au cinéma et au théâtre, c’est d’abord son talent de scénariste qui est reconnu avant de se tourner vers la chanson. Il prend alors le nom de Bénabar, du clown Barnabé en verlan. Dès son deuxième album en 2001, salué par la critique et disque d’or, le succès ne le quitte plus. En 2003, ‘Les risques du métier’ est récompensé par le prix du Meilleur album de chanson et variété aux Victoires de la Musique 2004. Bénabar remporte, en 2007, la Victoire de la Musique de la chanson originale pour ‘Le Dîner’ ainsi que la Victoire de la Musique de l’artiste interprète masculin. Parallèlement, il joue au cinéma et au théâtre.
Un artiste à voir et à entendre…sans attendre !
Le prix Tenco
*Le Premio Tenco (« prix Tenco ») est un prix de musique italienne décerné chaque année depuis 1974 à la Rassegna della canzone d'autore (en français : Manifestation de la chanson des auteurs ) du Club Tenco . Le nom du prix est un hommage à l'auteur italien Luigi Tenco.