- Auteur Viviane Le Ray
- Temps de lecture 5 min
Rencontre avec Guillaume Theulière, Conservateur du patrimoine, Directeur des Musées de Menton
Guillaume Theulière a été nommé le 2 novembre 2023 à la tête des cinq musées de la Ville de Menton. Rencontre avec cet homme passionné, porteur d’une nouvelle dynamique artistique et d’une ambition culturelle renouvelée pour la ville.
Guillaume Theulière – Conservateur du patrimoine, Directeur des Musées de Menton © Ville de Menton
Diplômé de l’École du Louvre, Guillaume Theulière, armé d’une riche expérience au Centre Pompidou, à Paris, arrive un beau jour au Musée Granet à Aix-en-Provence, chargé d’une exposition phare au cœur de l’événement « Marseille, Capitale de la culture ». C’est le Centre de la Vieille charité, qui lui aura offert l’occasion d’organiser une exposition Picasso… Si le Centre Pompidou lui a mis le pied à l’étrier, c’est sans aucun doute la cité phocéenne qui aura permis au jeune directeur des Musées de Menton de devenir l’homme de l’art expérimenté qu’il est aujourd’hui, seul à la barre, nommé le 2 novembre 2023 : Conservateur du patrimoine, Directeur des musées de de Menton, en charge de l’avenir de cinq musées, n’oublions pas les jardins extraordinaires, : un vrai challenge qui donne des ailes à ce passionné…
Guillaume Theulière, Conservateur du patrimoine, Directeur des Musées de Menton
Menton, une vraie montée en grade, vous pilotez seul l’ensemble des musées de la ville, comment cela a-t-il commencé ?
Guillaume Theulière : J’avais des projets en cours, mais j’avais aussi le souhait de nouveaux horizons professionnels. Quand le poste s’est ouvert à Menton, je suis donc entré en contact avec Françoise Leonelli, à qui je succède, qui m’a transmis un prestigieux héritage : les œuvres de Cocteau (qui ont été sauvées à 95%, après la submersion du Musée Cocteau-Séverin Wunderman), un chantier des collections, des réserves immensément riches... La cité mentonnaise ce sont des collections de - 40.000 à aujourd’hui réunies dans un des plus beaux endroits du monde… En fait, si je réfléchis bien c’est même plus vaste que Marseille, c’est un vrai challenge entre les fermetures et les projets de rénovation de nos musées, l’étendue du spectre géographique et chronologique… Marseille ne touchait, j’allais dire « que » de l’antiquité grecque à nos jours ! J’aime le fait que Menton soit un terrain où il y a beaucoup à construire. J’ai déjà un peu vécu cela quand j’ai débuté à Marseille : en 2011 beaucoup de musées étaient fermés en prévision de « Marseille Capitale européenne de la culture ».
C’est le cas à Menton du superbe musée des Beaux arts le Palais Carnolès, ancienne résidence d’été des Princes de Monaco, avec son Jardin des sculptures, actuellement en rénovation, on peut même dire restructuration, puisque appelé à être un musée à la pointe de ce qui se fait aujourd’hui…
Guillaume Theulière : Avec Pascale Just, nouvelle Directrice des saisons culturelles, nous avons fait revivre également la galerie du Palais de l’Europe, qui exposera la collection du Palais Carnolès, une fois par an, jusqu’à sa réouverture. Un comité de pilotage est prévu le 1er février 2025 pour confirmer le programme imaginé, pour la réouverture du Palais Carnolès prévue pour 2026. Nous avons travaillé avec les Archives municipales à faire revivre les Biennales de Menton pour remontrer les accrochages d’époque. Les Biennales furent durant des années l’un des événements les plus importants du sud de la France. Mon souhait est de perpétuer la tradition mais aussi bien évidemment d’établir un dialogue avec l’art contemporain. Actuellement le Centre international de recherche sur le verre et les arts plastiques (Cirva), présente des œuvres mariant art et design, agrémentées de fleurs de la cité…
Nous avons continué sur la lignée des expositions sous le commissariat de Dominique Marny, avec au Musée du Bastion deux expositions Cocteau par an dont la dernière en date « le Château des illusions », consacrée au théâtre, au spectacle chez Cocteau. Prochainement nous avons pour projet d’exposer l’imaginaire de l’artiste Michèle Kleijnen, une grande voyageuse désormais ancrée à Menton, dans l’idée d’un dialogue entre son œuvre très colorée et les dessins en noir et blanc de Cocteau. A titre indicatif les deux expositions du Bastion ont rencontré 20.000 visiteurs, pour une ville de 25.000 habitants c’est un beau chiffre !
J’entends moins parler du « Musée de Préhistoire régionale » et pourtant c’est un lieu et un univers passionnant à découvrir : des projets pour animer ce riche musée situé à deux pas de la Mairie de Menton ?
Guillaume Theulière : Précisément, j’allais vous en parler… Des grottes sous-marines viennent tout juste d’être découvertes à la frontière mentonnaise à Balzi Rossi, c’est l’équipe scientifique du musée qui réalise les fouilles, elles seront prochainement mises à l’honneur dans ce « Musée de Préhistoire régionale » que nous allons essayer de moderniser très rapidement. L’été prochain, nous espérons pouvoir être en mesure de présenter une grande exposition immersive sur les résultats des fouilles de Balzi Rossi, avec à la clef des projets éducatifs : les élèves de nos écoles seront accueillis par l’équipe des archéologues attachés au Musée…
Un dernier souhait : J’aimerais travailler de nouveau avec le Centre Pompidou pour les 60 ans de la présence de l’œuvre de Cocteau au Bastion.