Publié le 11/06/2024

Chorégies d’Orange : Edgar Moreau le Prodige du Violoncelle – Seul au pied du mur !

Le 18 juillet 2024, le Théâtre antique d’Orange résonnera des 6 suites pour violoncelle seul de Jean-Sébastien Bach. Sur scène, Seul au pied du mur, le prodige du violoncelle, Edgar Moreau.

Edgar Moreau concert chorégies Orange

© Julien Mignot

Récital Edgar Moreau, seul au pied du mur du Théâtre Antique d'Orange, le 18 juillet à 21H30 dans le cadre des Chorégies 2024.

Au programme : Jean-Sébastien Bach (1717-1723)
Suite pour violoncelle n°1 en sol majeur, BWV 1007
Suite pour violoncelle n°2 en ré mineur, BWV 1008
Suite pour violoncelle n°3 en do majeur, BWV 1009
Suite pour violoncelle n°4 en mi bémol majeur, BWV 1010
Suite pour violoncelle n°5 en do mineur, BWV 1011
Suite pour violoncelle n°6 en ré majeur, BWV 1012

Récital Edgar Moreau - Chorégies d'Orange

Une soirée d’envolées musicales baroques

En 2022, invité aux Chorégies d’Orange, Edgar Moreau jouait un Concerto de Saint-Saëns avec l’Orchestre philharmonique de Nice dirigé par Lionel Bringuier. C’est en écoutant le bis donné par Edgar Moreau que Jean-Louis Grinda, Directeur des Chorégies, a trouvé que Bach sonnait divinement bien, de manière assez exceptionnelle dans ce lieu majestueux. Nous retrouverons donc pour la deuxième fois aux Chorégies le talentueux violoncelliste, en solo, pour une délicieuse soirée d’envolées baroques. 

Edgar Moreau

Né en 1994, Edgar Moreau se produit dans les salles les plus prestigieuses au monde, ainsi que dans les festivals et collabore avec des chefs d'orchestre de renommée internationale. La musique de chambre occupe une place privilégiée dans sa carrière avec des partenaires tels que Martha Argerich, Yo-Yo Ma, Renaud Capuçon… 

Dernière parution : les concertos pour violoncelle de Dutilleux et Weinberg avec Andris Poga et le WDR Cologne (Warner Classics, septembre 2023).

Edgar Moreau a obtenu deux Victoires de la Musique Classique en 2013 et 2015 et a remporté un ECHO Classik en 2016. Il est également lauréat des ECHO Rising Stars en 2017. 

Depuis 2023, il enseigne au Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris. 

Nous l’avons rencontré.

Vous vous êtes produit dans les salles les plus prestigieuses du monde et êtes convié le 18 juillet, pour la 2e fois, au Théâtre Antique d’Orange dans le cadre des Chorégies. Quelle différence y a-t-il entre une scène fermée et une scène comme celle du Théâtre antique ? Comment vous y êtes-vous senti musicalement ? Est-ce que l’histoire du lieu ou encore la configuration du lieu apportent une dimension supplémentaire ?

Edgar Moreau - oui il y a il y a une différence. A la base, un théâtre antique n'a pas forcément été conçu pour les violoncellistes mais il y a, à la fois, la dimension historique du lieu et l'acoustique exceptionnelle de cet endroit. J’ai eu la chance de jouer avec orchestre y a quelques années et là ce sera du violoncelle seul. Il y a une dimension acoustique extraordinaire et puis, je dirais, l'ambiance.  En tant qu’artiste on ressent aussi les différents publics. Un public qui vient pour la période estivale à Orange, c'est un public qui a envie de passer un moment agréable dans la douceur du Sud de la France. Il y a aussi l’endroit, mythique bien entendu pour toutes les opéras et les concerts qu'il a accueillis. Oui, il y a cette dimension-là. 

Peut-on dire du violoncelle qu’il est l’instrument à la plus grande tessiture, qu’il est celui capable de communiquer toute la sensibilité de l’artiste ? Et, pourquoi, justement, avoir choisi cet instrument plutôt qu’un autre ?

« Le fait qu'on enlace l'instrument, pour un petit garçon, il y a un côté très rassurant, très fusionnel. » 

Edgar Moreau – C’est toujours difficile de savoir pourquoi celui-ci plutôt qu'un autre, ça remonte à très longtemps. Mon histoire est un peu originale. Mes frères et sœurs sont plus jeunes que moi et sont devenus musiciens mais mes parents n'étaient pas du tout musiciens. En fait, je me baladais dans les rues de Paris avec mon père qui était antiquaire, plus exactement, il avait une boutique d'antiquités de tableaux et, en rentrant dans une boutique j'ai entendu un son de violoncelle. En fait, c'était une petite fille qui travaillait sur son violoncelle dans le sous-sol de cette boutique. Je suis tombé nez à nez avec cette petite fille et j'ai dit à mon père : « Il faut absolument que je commence à jouer de cet instrument. » Mes parents qui trouvaient l’instrument trop grand pour un enfant m'ont emmené écouter les cours de violon. Ça ne m’a pas du tout plu.  Dans cet instrument, le violoncelle, il y a la dimension physique, le fait qu'on enlace l'instrument, pour un petit garçon, il y a un côté très rassurant, très fusionnel.

Edgar Moreau pour l'enregistrement de son premier album, PLAY - © Julien Mignot

Et au niveau de la sensibilité ?

Edgar Moreau - On dit souvent que c'est l’instrument qui est le plus proche de la voix parce qu’il a un ambitus très large ; on peut jouer des sons très aigus mais des sons également très graves, une palette de vibratos, donc il y a vraiment, je pense, une sensibilité qui vient toucher chaque être humain qu'on soit une femme ou un homme ou qu'on soit plus jeune ou plus âgé.  

L’instrument doit correspondre à l'artiste, à ce qu'il a en dedans de lui, et à son humanité on va dire, profonde ?

« Je joue un violoncelle de David Tecchler qui a été fait à Rome en 1711 »

Edgar Moreau – Exactement ! Choisir le violoncelle est une chose, après il faut choisir, entre guillemets, son instrument. Les pianistes ont souvent un piano chez eux mais ils sont habitués à changer. Nous, on développe une relation très forte avec notre instrument. J’ai eu la chance de rencontrer le mien à 14 ans. Cela fait plus de 16 ans que je joue cet instrument qui est une invention de David Tecchler et qui a été fait à Rome en 1711. J’ai eu cette chance, vraiment, de rencontrer l'instrument de ma vie. On ne sait jamais, la vie est longue et il peut y avoir d'autres rencontres mais depuis j'ai développé avec l’instrument une relation intime très forte. On développe son ‘son’ en même temps qu’on apprend à connaître l'instrument. C'est une sorte de de travail sur le long terme qui est très intéressant. 

Est-ce qu’on ressent des vibrations particulières quand on touche un tel instrument ?

« Transmettre de l'émotion et transmettre de la beauté. » 

Edgar Moreau - Bien sûr il y a quelque chose de très fort, difficilement explicable avec des mots parce que c’est quelque chose qui nous dépasse quand on a des morceaux d'histoire entre les entre les mains. Le violoncelle est là, posé sur votre poitrine. C’est une caisse de résonance qui entre complètement en contact avec vous. Je parlais de la dimension physique, mais je pense qu'on peut vraiment dire la dimension émotionnelle, une dimension spirituelle forte, absolument et c'est la beauté la beauté de l'art. C’est cette jonction, cette croisée des chemins entre un interprète et un compositeur dont on est un peu le traducteur, dont on joue les œuvres. Cet objet, cet instrument, c’est cette communion qu'on essaie de créer avec le public quand tous les éléments sont réunis dans un lieu comme le théâtre antique. C'est un mélange entre toutes ces grandes choses qui nous dépassent. On est un peu ce lien entre ces choses-là. L’idée, c'est de les lier pour transmettre de l'émotion et transmettre de la beauté.

En 2022, vous avez enregistré Schelomo, Rhapsodie hébraïque d’Ernest Bloch, pourquoi avoir nommé l’album transmission ?

« C’était une manière de le graver dans le marbre. »

Edgar Moreau - Pourquoi l'avoir appelé transmission… On ne s'en doute pas quand on prononce et quand on lit mon nom mais j'ai des origines juives et c'était important pour moi. Tous les albums et les projets que j’ai faits parlent un peu de cette histoire. Je considère qu'aujourd'hui on a potentiellement plusieurs identités. J’ai une identité française parce que je suis né en France, parce que je j'aime la France parce que ça fait partie de mon pays et notamment dans le violoncelle, on parle beaucoup du violoncelle français, c'est une c'est une identité musicale et culturelle forte, mais j’ai également cette identité juive du côté de ma mère. Cet album était vraiment une manière de dire ces partitions qui m'ont accompagné tout au long de ma vie et qui m’ont fait. C'était une manière de le graver dans le marbre.

Vous avez 30 ans et déjà une carrière fantastique derrière vous ; comment envisagez-vous l'avenir et est-ce que vous parvenez à vous ménager des moments ‘rien que pour vous’ ? 

« Être, ne serait-ce qu’un peu, le passeur de l’excellence »

Edgar Moreau -Bien sûr ! J’envisage l’avenir avec toujours autant de projets, toujours de plus en plus de choses, des enregistrements, des concerts. Depuis l'année dernière j'enseigne également au Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris, ce qui fait de moi un jeune professeur avec des élèves qui ont quasiment mon âge mais c'est un nouveau défi, une nouvelle passion aussi de transmettre l'héritage culturel. Il y a plein de choses qui me font envie, pourquoi pas un jour la direction d'orchestre, la direction artistique de festival, de saison de concerts également. Il y a plein de choses dans la culture qui peuvent être enrichissantes et intéressantes et qui peuvent permettre, ne serait-ce qu’un peu, d'être le passeur de l'excellence. 

« Recharger les batteries, entouré des siens »

En ce qui concerne des moments à moi, j'ai toujours réussi à trouver une forme d'équilibre et c’est très important pour moi. Je voyage beaucoup mais je prends toujours des moments entourés par mes proches ; quelques jours de vacances un peu à Noël, un peu pendant l'été pour me retrouver avec la famille et passer des bons moments ensemble. Ce sont des moments qui permettent de recharger les batteries en étant entouré des siens. C'est un équilibre que j’ai toujours eu et que je ne crains pas de perdre car il est ancré dans la manière dont j'organise mes saisons depuis que j'ai commencé ce métier.

Renseignements, réservations, billetterie, Récital Edgar Moreau Chorégies d'Orange

Récital Edgar Moreau

JEUDI 18 JUILLET / 21H30 Théâtre antique
Report, en cas de mauvais temps, au lendemain
Durée : 2h30

www.choregies.fr

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