- Auteur Danielle Dufour-Verna
- Temps de lecture 11 min
Patrick Poivre d’Arvor raconte Le Petit Prince : “J’aimerais que le public ait des étoiles dans les yeux”
« S’il-te plaît… dessine-moi un mouton ». Qui ne connaît cette petite phrase ? Elle évoque à elle seule l’histoire du Petit Prince, qui s’adresse ainsi pour la première fois au narrateur. Ce texte, simple et magnifique, qu’Antoine de Saint-Exupéry a écrit en 1942, est raconté par Patrick Poivre d’Arvor ce 9 août 2021 au Festival de Lacoste. Le journaliste et auteur interprète tous les rôles, illustrés à la harpe par Anja Linder et au violoncelle par Caroline Glory par des extraits du plus beau répertoire pour harpe et violoncelle en passant par Satie, Tchaïkovsky ou encore Saint-Saëns. Rencontre avec Patrick Poivre d’Arvor.
Patrick Poivre d'Arvor revient pour la 21 édition du Festival de Lacoste. Président du festival du cinéma, et membre du jury d'un premier concours de courts métrages qui ouvre la scène à la jeune génération, le journaliste et auteur s'intègre dans un spectacle à part entière dans la seconde partie du festival, avec Le Petit Prince.
Patrick Poivre d'Arvor raconte le Petit Prince au Festival de Lacoste
Notre interview avec le président du festival de cinéma, membre du jury du concours de courts métrages, narrateur du Petit Prince, journaliste et auteur
Marie-Céline Solérieu/Projecteur TV –Je pense que le Festival de cinéma a un peu évolué par rapport à l’année dernière. Il donne plus de place à la jeune génération et au concours de court métrage dont vous êtes membre du jury…
Patrick Poivre d'Arvor – Absolument
Marie-Céline Solérieu - Quelle est votre sentiment quant à la place de ces jeunes qui vont pouvoir diffuser et surtout s’exprimer devant un public ? Quel est votre rôle en qualité de jury ?
Patrick Poivre d'Arvor – Je crois que c’est indispensable. Les comédies musicales ou films musicaux, on les connait bien, ce sont des classiques mais le souhait c’est de pouvoir montrer qu’il y a d’autres générations qui s’intéressent au sujet, pas uniquement les grands dinosaures du cinéma. On a donc découvert, à travers une sélection qu’on a faite avec Marie-Hélène Mille et Rodrigo Basilicati Cardin une quarantaine de courts métrages du monde entier. On a découvert qu’il y avait énormément de talents. Nous en avons gardé huit qu’on a proposés au jury présidé par Régis Wargnier. Ce jury s’est réuni, j’en faisais partie aussi et finalement deux courts métrages se sont détachés, sont arrivés ex-aequo : Enough et Salidas. Par ailleurs il y a eu aussi du public. Chaque soir les gens pouvaient donner leur avis et ça c’est très intéressant. C’étaient des courts métrages diffusés juste avant les longs métrages et on donnait une note à la sortie. Et là c’est Little Blue Pill qui a obtenu le prix du public. Il y a eu trois lauréats pour cette première édition qui sera suivie les autres années car c’est l’envie et l’idée de Rodrigo Cardin.
MCS - Avec le recul que vous avez sur une première édition, comment imaginez-vous la suite avec cette ouverture de jeunes talents et comment le vivez-vous ?
PPDA – D’abord c’est très rassurant sur l’état du cinéma mondial parce qu’on a eu un film français, et d’autres qui venaient des Etats-Unis, d’Amérique du Sud d’Europe et de partout et deuxièmement ce n’est pas impossible que l’année prochaine ou dans les années à venir on demande à des metteurs en scène de faire un film spécialement pour concourir dans ce Festival. Il y a très peu de festivals de courts métrages et en tous cas pas pratiquement pas de festival de courts métrages de comédies musicales.
MCS - On vous a proposé d’être jury ?
PPDA – Dans la mesure où l’année dernière je présentais le cinéma, j’ai recommencé cette année à présenter un petit peu les grands films classiques qu’on montrait au public. Rodrigo m’a demandé de faire partie du jury et m’a demandé de constituer le jury. Ce qu’on a fait avec plusieurs artistes (…)
"S'il-te plaît... dessine-moi un mouton" Le Petit Prince - Antoine de Saint-Exupéry
MCS - On arrive maintenant au Petit Prince…
PPDA – Alors le Petit Prince fait partie donc de la deuxième semaine ; c’est le Festival de Lacoste, je dirais, traditionnel, qui existe depuis maintenant 22 ans. Il y a eu hier un concert avec Jay-Jay Johansson et ce soir un concert lecture où je lis de très larges extraits du ‘Petit Prince’. Je suis accompagnée d’une harpiste, Anja Linder et d’une violoncelliste qui s’appelle Caroline Glory, dans une ambiance très poétique et très propice aux dialogues des générations parce que Le Petit Prince, ça se lit à tout âge.
MCS - On reste dans un public très large puisque finalement on reste un enfant toute sa vie non, surtout avec le Petit Prince ?
PPDA – Mais bien sûr ! Sans oublier que Le Petit Prince est le deuxième livre le plus vendu au monde, pas uniquement en France. Ça a été extrêmement traduit. Il doit y avoir 300 traductions un peu partout dans le monde. Ce qui m’intéresse, c’est de voir comment on peut lire à tout âge ce livre, le redécouvrir le plus tard, y trouver une part de philosophie qui nous avait échappé au tout début. C’est un très beau livre intemporel. Moi, j’ai écrit deux livres sur Saint-Exupéry avec mon frère qui est "Courriers de Nuit", qui racontait l’épopée de l’aéropostale et l’autre qui s’appelle "L’aéropostale Saint Exupéry, Le Cartable aux souvenirs". Et là je raconte tous les rapports que j’avais avec la famille. D’abord Consuelo de Saint-Exupéry qui est la veuve de Saint-Ex qui lui survécut environ 25 ans et ensuite avec les héritiers de la famille d’Agay, qui sont extrêmement efficaces pour préserver cet héritage magnifique.
MCS – Oui, c’est-à-dire ?
PPDA – Par exemple, on a le grand plaisir de pouvoir annoncer qu’il va y avoir un lieu de mémoire pour Saint Exupéry non loin de Lyon, à Saint-Maurice-de-Rémens. Sa maison où il a grandi, où il a joué avec ses frères et sœurs, cette maison vient d’être rachetée par le Conseil Régional et va être rénové et, avec Stéphane Bern, on essaie de trouver des pistes qui permettent d’aller au-delà du simple musée.
MCS – Pour le rendre accessible au public ?
PPDA –à tout le monde, ouvert à tous. Ça c’est déjà une belle chose. La mémoire de Saint-Ex, je crois qu’elle n’a plus besoin d’être défendue aujourd’hui parce que c’est un auteur fétiche, un auteur phare mais c’est important de rappeler telle ou telle chose de sa vie, de romans, de telle ou telle œuvre. J’ai toujours été sensible à ça. J’aime énormément cet homme. J’aurais adoré le rencontrer
MCS – Surtout quand on vit des moments un peu compliqué comme le confinement, ce qu’on a vécu. On a été privé, en fait, de rêve…
PPDA – On a besoin de rêver. Saint-Exupéry a fait partie de ces hommes qui nous ont fait rêver de par leurs vies d’abord, vie d’aviateur mais aussi d’écrivains, de par leurs œuvres, et Le Petit Prince, ce livre intemporel, universel. C’est un livre formidable que je conseille à tout le monde.
MCS – Parlez-moi s’il vous plait de la scénographie parce que vous l’avez présentée à la conférence de presse lorsqu’on s’était rencontrés. On est vraiment dans l’émotion ce soir avec ces deux musiciennes…
PPDA – C’est quelque chose d’épuré, un décor épuré avec un peu du Petit Prince, mais centré sur la musique de la harpe et du violoncelle et bien sûr le texte que je lirai.
MCS – On est sur quel genre de musique, j’imagine que c’est du classique ?
PPDA – Il y a de tout. Aussi bien Bach, Brahms, de très nombreux auteurs différents, avec une couleur à chaque fois correspondant au chapitre que je lirai.
MCS – Comment avez-vous choisi ces chapitres ?
PPDA – Il fallait réduire sinon ça aurait pris deux heures et demi de lecture et je crois que c’aurait été difficilement supportable. Ce sont des pages qui me touchent particulièrement.
MCS – Choisies en fonction de votre sensibilité ?
PPDA – Oui, bien sûr, oui. Dans ces cas-là, c’est toujours à la fois intuitif et très personnel sur les choix. D’autres choix se justifient aussi.
MCS – Vous avez choisi quels passages par exemple ?
PPDA – Je ne vous dirai pas tout. Il faut garder un peu de suspense. Des passages qui font sens dans l’œuvre.
MCS – La mise en scène est donc sobre pour laisser place à toute l’intensité de la voix….
PPDA – Ah, oui ! C’est le texte vraiment en majesté. La musique est là pour le soutenir, parfois l’accompagner, parfois le précéder, parfois lui succéder. On essaie d’imaginer quelque chose de très poétique.
MCS – Et comment vous imaginez que le public puisse sortir après ?
PPDA –J’aimerais qu’il ait des étoiles dans les yeux. Ce serait formidable parce qu’il est beaucoup question d’étoiles dans le Petit Prince. Ça me ferait très plaisir.
(Interview de Marie-Céline Solérieu, fondatrice du Magazine Projecteur TV.)
‘Le Petit Prince’ Un livre qui interroge sur notre façon de vivre
Le Petit Prince est considéré comme un chef-d'œuvre qui peut surprendre et capter l'attention de tous, des enfants aux adultes, quel que soit leur âge. Sa beauté réside dans les enseignements profonds transmis par un langage simple. C'est un livre plein de mots qui évoquent des images merveilleuses, plein de sensibilité et de tendresse. Le livre "Le Petit Prince", écrit par Antoine de Saint-Exupéry, est l'un des livres les plus lus de tous les temps. Bien qu'il soit souvent considéré comme un livre pour enfants en raison de la simplicité de son récit, il aborde des thèmes profonds, tels que le sens de la vie, l'amour, la solitude et la perte. Les grands enseignements du Petit Prince nous transportent dans un monde plein d'essence mêlée de sagesse. Des images et des situations qui illustrent nos difficultés et le ridicule de nos comportements. Parce que la vie n'est pas aussi compliquée qu'elle en a l'air : c'est nous qui la rendons ainsi.
Un monde parallèle à notre réalité
L'histoire innocente du "Petit Prince" nous montre un monde parallèle à notre réalité, qui a trait à la véritable essence de chacun de nous, résumée dans une réflexion profonde sur la condition de la nature humaine. Ses enseignements nous amènent à nous interroger sur notre façon de vivre, afin de prendre conscience de la manière d'apprendre à devenir de meilleures personnes.
5 leçons de vie du Petit Prince :
« L’essentiel est invisible pour les yeux»
Ce qui est essentiel est invisible à l'œil nous rappelle que nous sommes bien plus que ce monde d'apparences. Parce que les choses importantes sont celles qui ne peuvent être vues, ce sont celles qui peuvent être ressenties ; comme l'amour, la bonté, la générosité et l'amitié :
"Se connaitre soi-même pour comprendre mieux les autres".
S'engager dans la connaissance de soi est toujours plus difficile que de juger les autres.
"L'amour, ce n'est pas se regarder l'un l'autre, mais regarder ensemble dans la même direction".
L'amour est quelque chose entre deux personnes, une union si spéciale qu'elle perd son sens et sa force lorsqu'elle n'est pas réciproque. L'amour se construit par la collaboration : lorsqu'une des composantes est déconnectée, l'autre personne porte tout le fardeau et la relation est détruite. Pour que les deux personnes regardent ensemble dans la même direction, avec les conseils et la force de l'amour, il est nécessaire de partager des projets de vie.
"Nourrir l'enthousiasme et l'innocence malgré les mauvaises expériences".
Plus nous accumulons d'expériences, plus notre méfiance augmente. Nous perdons la fraîcheur de l'innocence : observer, explorer et expérimenter les nouvelles choses que chaque jour nous réserve. Nous cessons de ressentir l'émerveillement en toute chose.
"Avoir le courage d'apprendre à connaître les gens".
Nous nous attardons trop sur ce que nous avons et pas assez sur ce que nous sommes. S'aventurer à connaître quelqu'un en profondeur est le meilleur moyen de découvrir sa véritable essence, sa vraie beauté.