- Auteur Danielle Dufour-Verna
- Temps de lecture 10 min
Capri l’Éternelle, un livre passion de Jean-Pascal Hesse
Capri l’éternelle, l’évasion par la lecture de ce bel ouvrage de Jean-Pascal Hesse. L’auteur, amoureux de cette île de légende, explore ici ses lieux emblématiques et ses sublimes villas cachées, non sans révéler quelques secrets bien enfouis… Ce livre richement illustré est une invitation au voyage et à la découverte d’un Capri méconnu.
Capri l'éternelle, le dernier livre de Jean-Pascal Hesse. Après "Luberon, Provence Secrète", et une anthologie sur les 70 ans de carrière du couturier Pierre Cardin ces deux dernières années, l'auteur amoureux de cette île de légende nous invite à s'évader, voyager et partir à la découverte d’un Capri méconnu.
« On dit de Capri qu’elle est l’œuvre accomplie –l’Opus Dei »
Capri l’Éternelle, un livre somptueux
Le livre de Jean-Pascal Hesse, Capri l’éternelle, paru aux éditons Gourcuff Gradenigo, n’est pas un énième livre sur Capri, c’est un ouvrage, écrit et illustré par deux orfèvres, Jean-Pascal Hesse, le littérateur, et Umberto D’Aniello, le photographe. Tous deux posent le même regard sur cette île unique, ont la même vision de ce coin de paradis. Leur palette livre une Capri ignorée, redécouvrant, sous un autre jour, une histoire oubliée : celle de la nuit des temps, celle des légendes, des dieux, des empereurs, des pirates même. Ils ressuscitent la Capri des touristes, celle des célébrités, leur ‘éden’, avec finesse, sans voyeurisme. Saviez-vous qu’il fallut vingt ans à Axel Munthe pour « réunir avec des guirlandes de vignes et de blanches loges, peuplées de statues en marbre et de bronzes » sa villa San Michele? Que le baron Friedrich Alfred Krupp, celui qui fit construire la très célèbre via krupp ainsi que la grotte di Fra’ Felice, théâtre de fêtes débridées, fut dénoncé en 1902 pour comportements scandaleux, le poussant ainsi au suicide. Qu’avec Maxime Gorki l’île devint un endroit privilégié de la diaspora russe ? Qu’avant d’accepter le rôle dans Le Mépris, Brigitte Bardot a dû se laisser séduire non seulement par Moravia et Piccoli, mais aussi par la magie du lieu ?
«Entre Roches, mer et soleil…. une atmosphère capiteuse et délicieuse » « Point de rencontre entre les hommes et les dieux, dans l’univers de Gaïa, la déesse mère. »
« Entre ombres et silences, senteurs et parfums embaumants », au milieu des vignes, des oranges, des citrons, des mimosas, des acanthes aux longues feuilles, dans la lumière orangée de la piazzetta « le petit théâtre du monde », on entre pas à pas dans les ruelles, près des boutiques de luxe accolées aux échoppes. Les murs blanchis à la chaux éclaboussent les rues de lumière, pourtant nimbées, toujours, de cette aura surnaturelle qui baigne l’île. Capri se confie aux lecteurs qui, tantôt penchés sur l’eau aux nuances infinies de camaïeu de cette ‘grotta azzura’ fantastique, tantôt, au pied de la statue d’Auguste, saluent avec lui, depuis le mont Solaro, les navigateurs arrivant au port. Avec Clio, la Muse des Muses, ils rêvent de ‘Héros’, s’impressionnent de la majesté de ces rochers qu’on nomme ‘I faraglioni’, évoquent Tibère, Tacite, Suétone, Virgile, mêlent leurs pas à l’histoire. L’auteur dévoile des villas de rêve aux statues antiques : Villa Lysis, Villa Jovis, Villa Malaparte… sublime les côtes dentelées, les falaises, esquissant le rêve. Le texte et les photos sont indissociables de l’aventure. Car c’est à une merveilleuse aventure que Jean-Pascal Hesse nous convie. Au fil des pages qui se tournent avec délicatesse, lentement, le geste en suspens, tant le narrateur nous possède, glissant de l’image au texte, du texte à l’image, on entre de plain-pied dans l’intimité de Capri et des Capriotes. Tout un mélange affleure, un enchevêtrement, un fouillis ordonné, un accouplement de la nature et des hommes, fait de bruits et de silences, de couleurs et d’ombres, d’odeurs, de parfums, d’anecdotes, de vêtements blancs, d’étendues vertes, de jardins luxuriants et de roche calcaire brûlée de soleil, de mers, de dialecte, de rires sonores et de musique douce, de champagne et de plats typiques, entre l’anguille et la torta caprese. C’est cela Capri.
Capri l’Éternelle, une œuvre accomplie
‘Capri l’éternelle’ est un livre de collection aux pages glacées, un de ceux qui trône sur un sofa pour être feuilleté, lu, relu.
Il fallait un poète pour murmurer, danser, chanter Capri l’éternelle, il fallait un esthète pour dessiner ses contours, un amoureux pour caresser ses courbes, un impressionniste pour capter sa lumière, un musicien, un écrivain pour traduire en mots et images les chemins sinueux, les parfums, la brise dans les pins, le chuintement des embruns, le soleil couchant sur une mer d’argent, le frisson furtif d’un lézard sur la pierre, le tintement clair d’une cloche … Jean-Pascal Hesse est tout cela à la fois et son livre ‘Capri l’Éternelle’ est un livre-passion, un livre-bijou pour une île écrin.
Naples la gouailleuse et Marechiaro, tout près, prêtent leur chanson à Capri où rêve et amour s’entrelacent.
À Capri, c’est vrai ‘Pure li pisce nce fanno a ll'ammore.’ : ‘Même les poissons y font l’amour’.
© Umberto D'Aniello
Jean-Pascal Hesse, un esthète parmi les hommes - interview
« J’ai voulu laisser un témoignage de Capri à travers ce livre en allant à la rencontre de tous ces gens qui l’ont marqué »
C’est un homme charmant, cultivé, passionné, élégant, qui a répondu à mes questions lors d’une très agréable interview téléphonique.
Jean-Pascal Hesse dirige la communication du groupe Pierre Cardin depuis 25 ans. Originaire du sud de la France, il fait ses études supérieures à Aix en Provence et arrive à Paris il y a 25 ans. Depuis quelques années et parallèlement à ses activités professionnelles, il fait de la politique, élu d’abord à Salon-de-Provence, sa ville, puis à Paris. Il est également écrivain. ‘Capri l’éternelle’ est le huitième livre qu’il publie, après la Provence –il possède une maison à Gordes-, le Luberon, sa région, etc. Ce sont à chaque fois des coups de cœur qui le mènent à l’écriture. C’est un peu grâce à Pierre Cardin qu’il tombe amoureux de Capri. Dès lors, il veut partager sa passion et son enthousiasme pour cette île avec le plus grand nombre. Il rencontre sur place un photographe originaire d’Anacapri, Umberto Daniello à qui il passe commande pour les photos.
A ma demande sur "l’italianité" qui sourd de ses écrits, Jean-Pascal Hesse répond qu’il a du sang allemand, espagnol, corse, luxembourgeois, belge, français des Charentes et de Lorraine, mais pas italien ! Par contre, certains de ses ancêtres ont travaillé pour le roi de Naples ! Bien sûr, l’Italie l’attire : la beauté des lieux d’abord, la couleur, cet art de vivre des Italiens, la gastronomie, l’élégance, l’histoire de ce pays, son patrimoine architectural énorme et bien qu’il ne la parle pas, il adore la langue italienne.
« C’est comme une crèche qui s’anime le soir, c’est magique. »
Sa découverte de Capri a été un choc, saisi par la beauté de l’île, par sa lumière.
«Je suis, dit-il, sensible à la lumière. Je suis du sud. J’ai passé toute ma jeunesse en Provence. Il y a à Capri une lumière particulière, et je suis amoureux de la mer. Capri se mérite. Il faut aller jusqu’à Naples, prendre le bateau. Il n’y a pas de voiture à Capri. Il faut marcher et tout cela fait partie du charme de cette île. Je me souviens très bien de la première fois, la première sensation : la beauté, le ciel clair, lumineux, ces grands pins parasols. C’est une île assez préservée. Puis j’ai été séduit par la spécificité de Capri, ses petites rues, ses maisons, cette atmosphère si particulière, l’odeur, tout cela. Ce qui m’attire le plus, ce sont les commerces, la piazzetta, cette vie qui grouille, ces gens, même si parfois, il y a un peu trop de touristes. Cela, c’est Capri, ce mélange de gens chics et d’autres qui le sont moins. C’est par la suite que je me suis davantage intéressé à son histoire, à ses villas magnifiques, à Malaparte, à la Villa San Michele, à Axel Munthe etc. On est servi à Capri. Ce que je regrette un peu, c’est aussi la raison pour laquelle j’ai fait ce livre, c’est que beaucoup de gens viennent à Capri et passent à côté de beaucoup de choses. J’ai voulu laisser un témoignage de Capri en allant à la rencontre de tous ces gens qui l’ont marqué. Bien sûr, je n’ai pas évoqué tout le monde. Il y a eu tellement d’artistes, d’écrivains, de peintres, d’hommes politiques. »
Puis Jean-Pascal Hesse me parle de la couleur, le soir en fin de journée à Capri, quand toutes ces petites lumières s’allument et qu’on a l’impression de voir une crèche. Il me confie qu’il aime les belles demeures mais qu’il adore ces petites maisons blanchies à la chaux, chaque année. « C’est comme une crèche qui s’anime le soir, dit-il, c’est magique ».
Jean-Pascal Hesse avoue aimer la Grèce également, on s’en serait douté ! Il évoque ses parents, originaire d’Afrique du Nord, sa jeunesse baignée par la belle lumière de Provence, cette mer qui le fait sentir bien dès qu’elle est proche, la musique classique qui l’accompagne, son amour pour Picasso, Matisse, le 19e et l’Orientalisme en peinture –il a fait des études d’histoire de l’art-, Camus, Zola, Maupassant en littérature, son amour de la culture, des musées parisiens qu’il a recensé pendant le confinement, mettant en ligne des ‘portails’ virtuels pour donner accès à la culture. Élu du 8e arrondissement de Paris, il ajoute :
« les gens ont apprécié. La vie reprend maintenant. Il y a vraiment un intérêt pour la culture en France même si c’est le parent pauvre, car au niveau des budgets on n’a pas toujours ce qu’on voudrait avoir, mais je vois très bien, lors des grandes expositions, la file de gens qui attend et je trouve cela formidable. »
Pendant le confinement, Jean-Pascal Hesse s’est impliqué à terminer la maquette du livre, son éditeur lui ayant laissé carte-blanche. Il a également choisi les photos. Le livre a été finalisé à ce moment-là.
Je lui demande sa définition de la Dolce-vita : « l’insouciance, l’art de vivre typique des Italiens, une façon d’appréhender la vie avec légèreté ». Quant à sa définition du bonheur : « Pouvoir se réaliser tout en restant libre. Le bonheur c’est aussi savoir être libre. Le bonheur passe par la liberté. »Magnifique définition du bonheur pour une fin d’article.
© Umberto D'Aniello
Quand la poésie et le rêve et la réalité se rejoignent
Quand la poésie et le rêve et la réalité se rejoignent, cela donne ‘Capri l’éternelle’, un livre admirable, magnifié, préfacé par l’immense icône Brigitte Bardot, un livre aux pages glacées tels des miroirs où se reflète un bleu mer, un bleu horizon, un bleu de sagesse et de sérénité.
‘Capri l’Éternelle’ : un livre à l’écriture soignée, à l’esthétique littéraire épurée, affinée, adroite, gourmande, qui nous presse de tourner les pages, encore et encore emplissant nos yeux de cette lumière particulière cueillie là, en cadeau. Un livre où les photos partagent, entre songe et divin, la vision d’un homme d’humanité, Jean-Pascal Hesse, sa délicatesse et son amour pour Capri, une île vivante, une île de légende. Capri l’Éternelle, de Jean-Pascal Hesse, un livre pour des moments d’éternité.
Le livre ‘Capri l’Éternelle’ est également en version anglaise et est disponible au prix de 49€ .