- Auteur Marie Celine SOLERIEU
- Temps de lecture 7 min
Fédérico Fourment, sculpteur “La renaissance de la renaissance renaîtra”
L’art doit-il être beau ?
“Oui je pense que l’art est le reflet de la nature depuis l’art pariétal”. #VisioInterview du sculpteur Fédérico Fourment, qui, parmi ses expositions s’inscrivant au patrimoine des monuments historiques en France, a réalisé la statue du Christ du Palais des Papes en Avignon.
#Gardonslelien avec les artistes : Visio interview avec Fédérico Fourment, sculpteur. Il vit près d'Avignon, où l'une de ses oeuvres magistrales est exposée tout près du Palais des Papes : le Christ du Palais.
Rencontre avec Fédérico Fourment, sculpteur
L'art pour apprécier ce qui est beau
Ma vision sur l'art d'aujourd'hui, comme a dit le célèbre Maître Léonard de Vinci, il faut apprécier ce qui est beau, dans le sens où nous faisons toujours référence à l'art antique et à la renaissance.
Aujourd'hui, quelques critiques d'art ou galeristes ont voulu voir de nouvelles choses et remettre en question l'académisme. Et nous faire croire que l'art antique et des grands Maîtres de la renaissance étaient une époque révolue. La renaissance de la renaissance renaîtra."L'homme à l'image de Dieu, semble fragile et impuissant aujourd'hui face à son autodestruction"
Projecteur TV : Parlez-nous de cette statue du Christ que vous avez réalisée, exposée devant la cathédrale Notre-Dame des Doms en Avignon ?
Fédérico Fourment : J'ai réalisé cette statue il y a quelques années déjà, dont je suis assez fier de part la spiritualité qu'elle dégage, devant ce monument historique du Palais des Papes.
Projecteur TV : Comment arrivez-vous à mêler l'art à la religion sans créer de polémiques?
Fédérico Fourment : Je crois que les sculpteurs ont toujours été attirés par la spiritualité. Le côté mystérieux de la religion, la réalisation de ce christ sont pour moi intéressants, car je me pose des questions comme tout le monde sur l'existence de Dieu.
Projecteur TV :Vous donnez l'impression d'être assez sensible aux sujets de religion, philosophie. L'art est-il un moyen de s'exprimer pour vous sans faire de polémiques ?
Fédérico Fourment : Oui, c'est une manière de m'exprimer. La philosophie est très importante pour moi. Je suis plutôt quelqu'un de lunaire. Mais l'antiquité m'influence beaucoup. Je suis aussi beaucoup influencé par la spiritualité. Je me demande d'ailleurs pourquoi il n'y a pas plusieurs "Dieux", comme dans l'Iliade par exemple.
Je ne veux rentrer dans aucune case, c'est pour cette raison que je m'autorise à aussi bien sculpter une image de la Vierge, qu'un nu.
Projecteur TV : Comment avez-vous vécu cette période de confinement ?
Fédérico Fourment : Je pense que c'est une leçon que l'on reçoit. Vous avez réalisé un très beau reportage sur Léonard de Vinci, qui dit que les choses ne vont pas si l'on s'éloigne de la nature. Je crois que l'on a une leçon à recevoir parque nous l'avons beaucoup négligée. J'espère que l'on est en train de s'en rendre compte. Nous avons agit de manière radicale face à notre environnement où l'on s'est pensé modernes. Je pense que nous étions plus modernes à d'autres périodes de l'humanité, il y a des milliers d'années, où les Hommes ont crée la philosophie, la démocratie.
On peut se poser des questions aussi, sur le sens du mot "démocratie".
Projecteur TV : Allez-vous être influencé dans vos prochaines réalisations de sculpture, par ce que vous venez de vivre ?
Fédérico Fourment : Oui tout à fait. Cela me radicalise encore plus. Je suis révolté de l'extinction de masse des espèces. Je trouve que l'on se met trop au centre. Je suis très inspiré par la nature comme Leonard de Vinci l'a été. Tout est dans la nature. Pour moi elle est parfaite.
Projecteur TV : Votre prénom à une résonance italienne ...
Fédérico Fourment : Ma famille a émigré en France lors de la seconde guerre mondiale. En tant que démocrates, elle a fuit Mussolini. Arrivée en France, elle a gardé l'accent italien, et c'est comme cela que l'on m'appelé lorsque j'étais enfant. Ce prénom m'est resté. J'ai choisi ce nom d'artiste, car il reflète vraiment mon identité.
Projecteur TV : J'ai cru comprendre que vous étiez très influencé par Leonard de Vinci et Michel Ange. Est-ce aussi là une transmission par vos origines ?
Fédérico Fourment : La Piétà de Michel-Ange m'a fasciné lorsque je l'ai rencontrée lors d'un voyage en Italie. Elle inspire l'antiquité, la renaissance, la sensualité. Il y a une grande sensualité dans cette sculpture. La vierge est très belle. Cette oeuvre m'a beaucoup influencé et m'a fait prendre conscience que je voulais être sculpteur.
Projecteur TV : La vierge que vous avez sculptée représente la douceur, la sensualité, la maternité aussi...
Fédérico Fourment : Oui, j'avais très envie de la faire depuis longtemps déjà. Le fait de la styliser avec cet esprit de douceur, de rondeur, c'est vraiment ce que je souhaitais exprimer, sans vraiment rentrer dans la religion, mais la relation entre la mère et l'enfant.
J'ai beaucoup travaillé pour des monuments historiques en France, où j'ai réalisé des sculptures de Vierge plus classiques. Là, c'est une façon de la "moderniser".
Projecteur TV : Comment allez-vous organiser votre activité de sculpteur après le confinement et quels sont vos projets ?
Fédérico Fourment : Les expositions vont réouvrir à compter du 11 mai. J'expose actuellement dans la Galerie Inattendue Paul Conti près de Nice qui ouvrira sur rendez-vous avec toutes les règles de sécurité ,ainsi qu'à la Tour de Guet à Tresques. Je suis aussi entrain de mettre en place d'autres projets.
Projecteur TV : Lors de cette période de confinement, avez-vous continué à travailler dans votre atelier ?
Fédérico Fourment : Oui j'en avais besoin. C'est comme un échappatoire. C'est vital. Le soir, je languis le lendemain pour venir travailler à mon atelier.
Durant ce confinement, j'ai travaillé sur un projet en collaboration avec un ami écrivain qui s'appelle Nicholas Lorenzo Louis Piccino. Il m'a demandé d'illustrer un de ses textes par une sculpture. C'est un honneur pour moi. C'est un projet futur pour une galerie parisienne.
Et pour conclure, La place des Femmes ...
Cette sculpture est très spirituelle. Elle exprime les mains de Dieu qui modèlent un corps de femme sans tête.
Je suis défenseur de la femme sans être féministe. Dans cette société, on ne demande pas à la femme d'avoir une tête, ce qui est dommage. Je pense même que l'on pourrait être gouvernés par les femmes. Je trouve que les sociétés matriarcales étaient mieux gérées que par les hommes aujourd'hui.
Je suis très influencé aussi par l'art pariétal, où était sculptée la déesse de la procréation. Je pense que l'on devrait faire plus confiance aux femmes et leur laisser plus de place dans la Société.