Marcel Maréchal s’en est allé, La Criée pleure son mentor
Marcel Maréchal s’en est allé. Le comédien, metteur en scène, directeur de théâtre, écrivain laisse un peu plus orphelin le monde du théâtre. La presse unanime lui rend fort hommage dans cette période où les planches ne résonnent plus. Parmi sa grande carrière, il avait fondé le théâtre de la Criée à Marseille.
Marcel Maréchal, comédien, metteur en scène, directeur de théâtre et écrivain, vient de nous quitter. Le théâtre de la Criée à Marseille pleure son mentor.
« Papa vient de partir ce soir. Ma première pensée c'est les Mots de ton ami et poète Jean Vauthier " La mort est là, tu dois servir la vie " bravo capitaine Bada pour ta vaillance, ta vigueur, ta poésie démesurée. Je t'aime. Quel panache !! » (Message de Mathias Maréchal sur les réseaux sociaux)
Mort d’une icône
Comédien, metteur-en-scène, Marcel Maréchal, fondateur du théâtre de la Criée à Marseille, est décédé, à l’âge de 82 ans, le 11 juin 2020, à son domicile. La nouvelle a été annoncée par son fils, le comédien Mathias Maréchal. La presse, unanime, lui rend hommage. Il est parti alors que les théâtres sont silencieux. On les voudrait crieurs, bruyants, bavards, intarissables, tumultueux, verbeux, pour le saluer. Certaines mesures de dé-confinement en ont décidé autrement. Il nous faudra attendre pour que le public des théâtres l’honore, en l’applaudissant. La culture pleure le saltimbanque, l’amoureux fou des tréteaux, le passionné au sourire tendre et à l’intelligence éclatante.
Il était une fois, la Criée
S’il est un lieu que les Marseillais connaissent, c’est bien la Criée à Marseille. Les anciens et les presque anciens se souviennent de la Criée, avant la Criée. La Criée aux poissons est en activité sur le Vieux-Port, de 1909 à 1975, date à laquelle le marché aux poissons est transféré au nord de la ville au port industriel de Saumaty. Le bâtiment est alors entièrement repensé de l'intérieur, mais sa façade conserve son ordonnance originale. Le Théâtre National de Marseille est inauguré en 1981 par le maire de Marseille Gaston Defferre, avec la merveilleuse idée d’en conserver le nom. Le Théâtre de la Criée, dirigé pendant plus de dix ans par Marcel Maréchal, l’est depuis 2011 par Macha Makeïeff, avec une programmation excellente
Marcel Maréchal, un homme de troupe
Metteur en scène, comédien et écrivain, Marcel Maréchal est né à Lyon en 1937. Fondateur du théâtre du Cothurne dans sa ville natale en 1958, il avait fait débuter de nombreux artistes dont Catherine et Pierre Arditi, Maurice Bénichou ou encore Bernard Ballet. Chef de troupe, il constitue alors son répertoire. Il présente à Lyon, puis en tournée 46 spectacles dont 21 créations. Il est reçu dans la Cour d’Honneur du Palais des Papes en 1973, et par la Comédie-Française en 1975. Cette année- là, il quitte Lyon pour Marseille. Il y dirige le mythique Théâtre du Gymnase et c’est en 1981, qu’il fonde le Théâtre de la Criée, faisant de ce théâtre un fanal de la décentralisation qui lui tenait à cœur. En 1995, il prend la direction du Théâtre du Rond-Point à Paris et présente en cinq saisons plus de 50 spectacles. En qualité de metteur en scène, Marcel Maréchal n'a eu de cesse d'alterner création de textes classiques et contemporains. Auteur, Marcel Maréchal a notamment écrit Une anémone pour Guignol (1975), Conversation avec Marcel Maréchal (1983), Rhum-Limonade (1995) et Saltimbanque (2004). Il s'était également livré à des adaptations de grands classiques comme Les Trois Mousquetaires d'Alexandre Dumas ou Capitaine.
Marcel Maréchal est parti, laissant un peu plus orphelin le monde du théâtre. Aux jeunes de relever le flambeau. Aux pouvoirs publics de leur en donner les moyens. Que serait le monde sans la culture ?
À l’heure où Macha Makeïeff présente la saison 2020/21 du Théâtre de la Criée, « une nouvelle saison, écrit-elle, placée sous le signe des ‘joies souveraines’ », et sans vouloir paraphraser ses paroles, je me dis que Marcel Maréchal pourrait bien venir hanter les murs de notre cité, et, avec sa verve et son enthousiasme, frapper sur les scènes de tous les théâtres, aux portes des mairies, dans les QG de quartier, en fantôme gentil mais revendicateur, les trois coups de la flambée d’une culture tous azimuts pour Marseille.
Photo à la Une : Portrait de Marcel Maréchal par Fernand Michaud au Festival d'Avignon en 1973